« Après un premier roman, Samuel Beauclair s'installe à Melvile dans une maison ayant appartenu à son père, lui-même romancier. En proie à une dépression créative et amoureuse, il ne parvient plus à écrire. Il espère trouver dans les lieux de son enfance une nouvelle sérénité, loin des noirceurs du passé. À la suite d'une double rencontre, celle des frère et soeur, Rachel et David, Samuel ouvrira des portes trop longtemps restées closes. Mais c'était sans compter qu'ici, à Melvile, certains démons, certaines légendes prennent chair et corps bien plus facilement qu'ailleurs… » (présentation officielle).
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Cristie m'avait mis la puce à l'oreille en publiant une alléchante chronique sur cet album. Ceci c'est ajouté au fait que je voulais découvrir
Romain Renard depuis la sortie d'
Un hiver de glace que vous aviez été nombreux à encenser.
On plonge très vite et facilement dans cette ambiance automnale et mystérieuse. Les teintes sepia de l'album font immédiatement ressentir une mélancolie ; on mettra du temps à en comprendre la réelle origine. On navigue à vue avec cet homme atteint d'aboulie, un écrivain paniqué par le manque d'inspiration et qui panse ses plaies dans l'alcool. le poids des non-dits pèse sur lui en permanence et on n'aura de cesse d'en percer les secrets pendant toute la lecture. Quelle est la raison qui le maintient ainsi au bord de la réalité, à l'instar du visuel de couverture ou nous le voyons enfermé dans ses pensées et figé sur le bas-côté de la route ?
Très vite,
Romain Renard est parvenu à instaurer une ambiance suffisamment angoissante pour nous tenir en haleine. On profite notamment d'une apparition de l'homme-cerf que d'autres auteurs avaient déjà repris récemment (
Les enfants pâles de
Loo-hui Phang & Philippe Dupuy ou
Les jardins du Congo de
Nicolas Pitz). le mutisme du personnage principal qui jette mécaniquement ces mots « Je suis un monstre » sur sa vieille machine à écrire nous pèse et nous laisse envisager le pire. Mais ce n'est pas la seule ombre au tableau. La présence de sa femme devient de plus en plus oppressante. Et que penser de ce couple – un duo formé par un frère et une soeur – qui emploie Samuel pour faire des travaux de rénovations de leur ferme ? D'où vient le danger ?
Le décor est parfait pour ne tenir en alerte. Il s'agit d'une petite bourgade fictive de Melvile entourée de forêts à perte de vue, légèrement isolée, légèrement dépeuplée mais où un minimum de vie subsiste grâce à une petite supérette au coeur du hameau. L'atmosphère est poussiéreuse lorsque le soleil est à son zénith, le brouillard est tenace et enveloppant aux premières heures de la journée… Enfin, l'auteur nous impose régulièrement de longs passages muets, nous laissant seuls face à de superbes dessins léchés et seul… face à nos suppositions et à nos peurs.
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