Le sujet que Mary Renault a choisi de traiter, à savoir les années suivant la mort d'Alexandre, est très ingrat. Comme les Diadoques (les héritiers) du héros ne cessent de se faire la guerre pour le pouvoir suprême, qu'ils s'allient, se trahissent, s'entretuent de la Macédoine aux rives du Nil ou de l'Euphrate, le cadre de l'action se disperse, il n'y a évidemment plus de héros unique, ni de narrateur dont le point de vue rendrait le récit cohérent. Malgré quelques bonnes pages, trop de personnages forts et marquants se succèdent à une cadence trop rapide pour qu'on s'intéresse à tous. Comme tous sont dévorés d'ambition et de haine, il est difficile de s'attacher à eux, et les personnages positifs (Bagoas, Ptolémée) se retirent de l'action."Les jeux funéraires", excellent titre évoquant les compétitions sportives grecques en l'honneur d'un mort, auraient pu fournir à l'auteur un cadre mythique et légendaire, mais ici, la formule n'est qu'une simple métaphore qui n'influe guère sur le récit. C'est donc un livre très inférieur à "L"enfant perse", qui avait un point de vue unique et cohérent, et le lecteur curieux des années qui suivirent la mort d'Alexandre fera mieux de se reporter à un vrai livre d'histoire.
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A part cette unique visite sous la tente d'Arrybas, Bagoas s'était fait invisible. Le jour, il chevauchait au sien du flot toujours renouvelé des spectateurs. La nuit, il dormait avec les soldats perses qui formaient l'arrière-garde. Ils savaient tous qui il était, et nul ne venait le déranger. Il gardait sa foi envers son seigneur, comme doit le faire un vrai adepte de Mithra. Ils respectaient son pieux pèlerinage sans se poser plus de questions.
(Suivant le trajet du char funéraire d'Alexandre, p.246)