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Critique de aaahhh


Un peu déçue je dois l'avouer, par ce dernier opus de Ruth Rendell, qu'on m'avait présentée comme l'une des grandes reines du suspense, car si je n'ai rien à redire sur sa plume ni sur sa capacité à créer des ambiances, pour ce qui est du suspense, je cherche encore... A vrai dire, le problème tient tout simplement au fait que "Bon voisinage" n'est pas un roman policier ni un thriller mais bien plus une étude de moeurs et une satire sociale... Il n'y a pas de mal à ça me direz vous! Et je suis bien d'accord! Sauf que moi, en lisant le nom de l'auteur et le quatrième de couverture alléchant, je m'attendais à du mystère, à une bonne intrigue à vous triturer les méninges, à du crime sordide avec des suspects à gogo… et du coup je l'ai mal lu ce roman… Je l'ai lu en cherchant des indices, des alibis et des mobiles, et j'ai bien entendu été déstabilisée et frustrée en réalisant au bout de 300 pages qu'il n'y en avait pas ! Enfin si un peu, j'exagère, un crime se place bien au centre de l'histoire, avec son coupable, sa victime et ses témoins, mais le récit n'en fait pas un mystère ni une énigme, mais plutôt un prétexte pour se plonger dans les affres de ce petit groupe de personnes de la bonne société anglaise qui, quand on creuse un peu, est loin d'être aussi bonne qu'elle s'en donne l'air.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici, d'une immersion très réussie au sein de la petite communauté d'Hexam place, rue huppée de Londres, où deux mondes cohabitent sans vraiment se mêler puisque lords et princesses côtoient sans toujours les rencontrer leurs chauffeurs, femmes de ménage et jeunes filles au pair. Mais qu'on soit domestique ou patron, des passions, des querelles et des rêves, on en a tous, et à Hexam place, la vie est moins tranquille que les belles façades géorgiennes ne le laisseraient penser… Entre Henri qui couche à la fois avec la femme et la fille de son employeur, Rabia la gentille nounou, que son sens moral pousse à dévoiler la relation adultère de sa patronne et Dex, l'étrange jardinier qui entend la voix de Dieu dans son téléphone portable, il y a fort à faire et beaucoup à épier pour les commères qui zieutent derrières les rideaux de dentelle… Et plus encore quand un célèbre acteur de séries B qui traînait toujours dans le coin, disparait sans laisser de trace… Qui venait-il voir en fait ? Et où peut-il bien avoir disparu ?

Si je l'avais lu pour ce qu'il est, ce roman, et sans y chercher une intrigue qu'il ne promettait pas, sans doute l'aurais-je apprécié un peu plus. Quoi que… Trop de longues descriptions, un plantage de décors qui n'en fini pas, un manque d'action et des personnages peu attachants m'auraient sans doute aussi parus rédhibitoires. Sans compter un défaut qui parait anodin mais qui rend la lecture peu crédible et un peu ennuyeuse : Ruth Rendell ne semble pas avoir clairement choisi à quelle époque se jouait son histoire, en effet, si un téléphone portable n'était pas au coeur de l'intrigue, comme pour nous rappeler qu'on est bien au XXIème siècle, on pourrait souvent se croire un ou deux siècles en arrière ! Les exemples foisonnent et je suis entre autre à peu près sure que si une jeune femme de 22 ans comme Montserrat souhaitait se tenir informée des avancées d'une enquête sur un meurtre, elle n'attendrait pas avec impatience l'ouverture du kiosque à journaux du quartier, mais chercherait plutôt des informations sur Internet, mais de manière générale, le thème même du livre qui tourne autour du club des domestiques de la société Sainte Zita et qui définit les gens uniquement selon leur classe sociale comme des maîtres ou des domestiques, me parait quelque peu dépassé et incongru...

Bon je suis un peu sévère et malgré ces défauts, « Bon voisinage » est un livre qu'il m'a été plutôt agréable de lire. Les qualités d'écriture certaines de l'auteur y sont pour beaucoup ainsi que son talent à créer une vraie psychologie pour la plupart de ses personnages. Je garde donc quelques réels bons souvenirs de cette lecture, même si malheureusement, je ne parviens pas à me défaire d'une impression de platitude et d'ennui…
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