Le Roi Salomon possédait un tapis magique sur lequel son peuple entier pouvait prendre place pour voyager partout dans le monde. C'est ainsi que Jarvis voit le métro de Londres, ce fabuleux moyen de transport qui le fascine et auquel il consacre sa vie.
Jarvis vit dans une ancienne école dont il loue les salles de classe en guise de chambres. C'est dans ce microcosme que vont se retrouver des personnages qui se sont déjà croisés dans le métro: Tina et ses deux enfants, dont Jasper, le garçon, s'amuse à « faire du traîneau » sur le toit des wagons, Tom, dont le rêve est de devenir un célèbre musicien souterrain, contrairement à Alice, son amie qui aimerait trouver une place dans une école de musique cotée. Jay est toujours accompagné d'Abélard, son faucon qui pousse des cris lugubres, mais le plus mystérieux de tous est Axel Jonas, l'homme à la barbe noire et aux yeux étincelants qui va perturber la vie de la petite communauté.
Les trames des histoires se croisent, se coupent et se séparent, tout comme les multiples lignes du métro, à propos duquel le lecteur apprend une foule d'anecdotes et dans les entrailles duquel se jouent parfois des drames épouvantables. Un agréable divertissement.
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Il y avait beaucoup de choses que les autres faisaient tout le temps et qu’elle n’avait jamais faites. C’étaient les choses de tous les jours dont elle avait été protégée par sa fortune et sa mauvaise santé. Elle n’avait jamais utilisé un fer à repasser ou enfilé une aiguille, ni pris l’autobus ou fait la cuisine pour autrui ; elle ne s’était jamais levée de bonne heure par nécessité, elle n’avait jamais gagné de l’argent, ni attendu pour voir le docteur ou fait la queue.
Son arrière-grand-mère ne s’était jamais habillée sans l’aide d’une femme de chambre, mais les temps avaient changé.
Être appelé « monsieur », ce qui lui arrivait rarement, adoucissait toujours le mécontentement de Jarvis. Il ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était la manifestation d’une infinie bonté de la part d’un autre être humain de lui accorder pareille déférence, que celui qui lui parlait ainsi devait avoir une nature particulièrement douce et généreuse, devait l’aimer et le respecter.
Les principes moraux avaient commencé à perdre tout leur sens et les gens disaient tout ce qui leur passait par la tête, en particulier le genre de choses qui autrefois étaient remplacées dans les livres par des points de suspension ou qu’au tribunal on écrivait sur des feuilles de papier qu’on tendait ensuite au juge.
Les principes moraux avaient commencé à perdre tout leur sens et les gens disaient tout ce qui leur passait par la tête, en particulier le genre de choses qui autrefois étaient remplacées dans les livres par des points de suspension ou qu’au tribunal on écrivait sur des feuilles de papier qu’on tendait ensuite au juge.
Elle savait déjà que sa mère disait « agréable à regarder » quand elle voulait dire « belle », tout comme elle disait « affection » pour « amour ». Et elle savait aussi qu’elle était belle et s’en réjouissait. Elle savait de surcroît que sa mère, qui était belle aussi, était consciente que sa beauté se fanait.
Pedro Almodovar - "En chair et en os"