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Critique de Latulu


Tu commences le récit et déjà la surprise envahit tes traits.
Une narration à la deuxième personne du singulier, voilà qui n'est pas commun. On se tutoie ? OK.
Tu te demandes quand même si cela ne va pas gêner ta lecture. Dix pages plus loin, tu ne te rappelles déjà plus ce que tu craignais.
Tu es happé par ce récit et ses personnages hors normes.

L'univers est intéressant et les repères vites trouvés. L'action se situe dans un futur assez proche, une éruption solaire a balayé la technologie moderne telle que nous la connaissons et le monde d'après est sans pitié pour ceux qui vivent avec peu de moyens.
L'accès à l'électricité est précaire, les systèmes de communication sont réduits et les villes sont divisées entre quartiers aisés et ceux miséreux.
C'est dans l'un de ces derniers que tu rencontres Val, un combattant des arènes et membre d'un gang, et Nathanaël, un loup-garou en proie à une difficile maîtrise de sa part animale. Ils vivent dans les docks, une zone de non-droit dirigée par des milices locales qui contrôlent le trafic de drogues et les spectacles de combat.
Nath et Val ont noué dès l'enfance une amitié indéfectible, née dans le sang et la violence.
A la suite d'un combat, Val a définitivement perdu la voix. Ses difficultés de communication avec autrui sont bien mis en avant, la maîtrise de la langue des signes étant peu répandue.
Il est le seul humain à connaître la véritable nature de Nathanaël.
Lorsque plusieurs loup-garous commencent à disparaître dans des conditions inexpliquées, l'Alpha de la meute locale part en chasse et demande à Nath de s'occuper de son dernier protégé : un jeune loupiot traumatisé qui ne parle pas et reste prostré dans la pièce à dessin.
Intrigué par le comportement du gamin, Nath va peu à peu établir une communication et un lien particulier va se créer, menaçant de bouleverser l'organisation de la meute et sa propre vie.

En adoptant une forme chorale pour le récit, en plus d'une narration à la deuxième personne du singulier, l'autrice nous met dans la tête des personnages et l'immersion est totale.
J'ai été conquise par le style et par le récit.
L'autrice nous parle d'une meute. Et qu'est-ce qu'une meute sinon une famille ?
Tu te retrouves donc plongé dans la construction de cette famille, atypique et dysfonctionnelle par certains côtés, qui ne répond à aucune règle hormis celle du coeur, une famille dont les membres, un par un, se sont mutuellement choisis et qui suivent leurs propres valeurs. L'édifice prend forme lentement, pas à pas chacun va apprivoiser l'autre.
C'est un récit magnifique dans lequel priment les émotions que Calame, le jeune loupiot, nous transcrit sous forme de couleurs. Les passages où nous sommes dans sa tête sont remplis de poésie, en dépit de son traumatisme. C'est un personnage extrêmement émouvant, la touche d'innocence dans un monde où les rapports s'exercent par la force et la violence.
La communication tient également une place dominante et s'exerce sous différentes formes : langue des signes, langage corporel et expression artistique.
L'autrice joue d'ailleurs avec toi dès le début du récit en présentant des protagonistes principaux avec des prénoms féminins. Il m'a fallu quelques lignes pour comprendre qu'ils étaient des hommes. Les personnages forment également une grande diversité de couleurs, de sexualités et de handicaps.
C'est probablement l'un des meilleurs romans d'urban fantasy que j'ai pu lire et surtout, une belle ode à la tolérance et à la bienveillance.
Un récit que tu vas terminer à bout de souffle tant l'imminence d'une catastrophe te tient aux tripes.
Un texte atypique pour ce genre littéraire qu'il renouvelle complètement.
Une autrice qui m'a séduite, comme tu le seras probablement, et dont je guetterai les prochaines sorties littéraires.
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