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Gaston Renondeau (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070714759
192 pages
Gallimard (01/05/2010)
3.97/5   18 notes
Résumé :

Anonymes
Contes d'Ise
[Ise monogatari]

Trad. du japonais, préfacé et annoté par Gaston Renondeau
Collection Connaissance de l'Orient (n° 30), Série japonaise, Gallimard
Parution : 17-10-1969
Aucune anthologie de la littérature japonaise ne peut négliger ce livre à la fois si primitif, si raffiné, si malaisé à classer selon notre notion de genre. Contes, si l'on veut, et c'est bien l'un des sens du mot japona... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ces contes sont plutôt des anecdotes introduisant des poèmes de 5 vers et 31 syllabes. Ils comptent parmi les plus anciens et les plus célèbres du Japon mettant en scène des personnages liés à la cour qui s'était établie à Kyôto. Les poèmes qui ornent ces contes ne sont parfois que l'occasion d'un bon mot. Difficiles à traduire et devenus dans certains cas énigmatiques, ils sont accompagnés de nombreuses notes. Bien qu'ils expriment toutes sortes de sentiments, Ils renvoient surtout à un monde dominé par la galanterie avec ses intrigues, sa volupté et son dépit. Il émane de ces poèmes une saveur particulière, toute l'atmosphère d'une époque et de sa culture.
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Ces contes d'auteur inconnu sont en fait des miniatures de quelques lignes, parfois deux pages, qui commencent toujours par « Jadis il était un homme » (parfois une femme). Après cette amorce situant le contexte, s'ensuit immanquablement un poème ou deux poèmes de type tanka (5 vers de 31 syllabes, 5-7-5-7-7). La plupart du temps, l'homme en question le destine à une femme, qui elle-même répond.

Nous sommes ici en présence de nobles gens du puissant clan des Fujiwara et de la maison impériale du Japon. La plupart de ces textes mettent en scène Ariwara no Narihira, petit-fils de l'empereur.

Dans ces quelques 209 « Ise monogatari » aux allures d'anecdotes, les situations sont souvent assez répétitives. Leur sujet ultra-majoritaire est universel, l'amour bien sûr ! le personnage aime et n'est pas aimé en retour, ou il doit s'absenter et se trouve remplacé…bref, ce n'est pas le grand bonheur. Les tankas ne sont pourtant pas d'un romantisme échevelé, mais assez distanciés, philosophes, au risque d'une certaine sécheresse. La nature est aussi un sujet d'émerveillement solitaire. Et certains poèmes sont superbement imagés, comme celui-ci :

Les fils de nos vies
En un noeud serré,
Ayant été noués,
Même après nous être séparés
Je crois que nous nous reverrons encore.

Autre point remarquable, malgré le machisme bien ancré de la société japonaise, il apparaît qu'en ces temps reculés des VIII-IXème siècles, en cette nouvelle ère de Heian, les femmes ont tendance à mener la danse…Au moins dans la haute société, car elles ont le dernier mot en répondant à leur soupirant. Souvent dans ces contes d'Ise, les hommes pleurent et les femmes sont cruelles !

Jadis un homme envoya [ces vers] à une femme cruelle :

Que je soupire après vous
Je ne le répéterai pas spécialement,
Mais sachez
Que si les cordons de vos sous-vêtements se dénouent (1)
C'est pour cette raison

Elle répondit

Quoique l'on voie un signe
Dans le desserrement des cordons de dessous,
Ce n'est pas le cas [chez moi].
Il n'y a donc pas lieu de recourir
A une telle supposition. (2)

(1) D'après un vieux dicton, les cordons qui attachent les vêtements de dessous d'une personne se dénouent tout seuls quand elle est aimée.
(2) Pour me faire croire que vous m'aimez.

On sent bien que la traduction du vieux japonais n'a pas dû être facile pour le traducteur Gaston Renondeau, pourtant une des figures reconnues du métier, contraint d'adapter, d'interpréter, et qui fait au mieux pour assurer une cohérence et une intelligibilité à ces textes, tout en avouant son doute sur quelques passages vraiment obscurs. C'est honnête. Il nous apporte aussi des éclairages précieux dans des notes de bas de pages systématiques, qui nous permettent de mieux cerner les us et coutumes à la cour impériale et dans la société japonaise.

Un ouvrage utile dans sa dimension fondatrice de la littérature japonaise, qui vient compléter les grands textes, notamment des célèbres poétesses de l'époque de Heian. Intéressant, à coupler avec le superbe "Songe d'une nuit de printemps", où les femmes de la cour de Heian pleurent également souvent dans leurs longues manches de kimono à l'évocation des amours contrariées.
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Monuments de la culture japonaise, les Contes d'Ise sont une succession de petits poèmes, les tanka, un peu plus longs que les célèbres haïku. Composés à la fin du IXè siècle, ils sont inspirés des écrits et de la vie d'Ariwara no Narihira, un aristocrate de l'époque Heian, issu de la lignée impériale. Mais il n'en est pas le seul auteur, l'époque étant à la poésie. On compose des vers pour exprimer son amour, sa déception, ses condoléances, ses excuses ou encore pour briller en société. La particularité des contes d'Ise est de mélanger la prose et la poésie, créant ainsi un genre nouveau. Il s'agit de contextualiser les poèmes. Un petit récit en prose vient donc présenter brièvement les protagonistes et les lieux afin d'introduire les vers.
Précieux témoignage de la tradition littéraire japonaise, ce recueil est une véritable curiosité. Il parlera peut-être moins à un lecteur occidental peu accoutumé à cette forme de littérature mais la lecture en est plaisante, quoi qu'un peu répétitive. Pas forcément à lire d'une traite, plutôt à picorer deci delà pour un bref moment hors du temps.
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Recueil de126 histoires courtes d'amour et d'amitié qu'égrènent les tanka. Ces poèmes, plus longs que les haïkus mais tout aussi imagés et mystérieux, laissent entrevoir un monde d'amour courtois (et même discourtois), d'aventures galantes, de soupirs et de larmes précieuses, qui aujourd'hui encore restent intemporels.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
LXIV

Jadis, comme une femme refusait de s'entretenir en secret avec lui, un homme se demandait où elle pouvait bien habiter. Il composa ces vers :

Si je pouvais me changer
Dans le vent qui souffle,
En cherchant une fente
Dans votre magnifique store
J'entrerais [chez vous]...

Elle répondit :

Même si vous étiez
Le vent qu'on ne peut arrêter,
Dans mon magnifique store
Personne ne vous permettrait
De chercher une fente.
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CXV

Jadis un homme et une femme vivaient dans la province de Michi. L'homme dit qu'il allait partir pour la capitale. La femme se désola. Elle dit : "Faisons au moins un dîner d'adieu." Elle lui fit boire du saké à l'endroit appelé : Okinoi Miyakojima et composa ce poème :

Plus douloureux
Que si l'on brûlait mon corps
Sur un brasier ardent
Est notre séparation
Aux environs de Miyakojima
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LXXXVIII

Jadis, des amis qui n'étaient plus très jeunes étaient réunis et contemplaient la lune. L'un d'eux composa ce poème :

De façon générale,
Nous ne la louerons pas, la lune ;
Quand les lunes
S'accumulent les hommes
Deviennent vieux
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XXX

Jadis un homme adressa ceci à une dame qu'il ne rencontrait que rarement :

Le temps de nos rencontres
Ne dure qu'un éclair
Me dis-je,
Mais votre cruauté
Me paraît longue.
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"Jadis un homme envoya le poème suivant à un ami qui avait perdu sa femme:

- Plus vite qu'une fleur de cerisier,
Votre femme dans le néant
S'en est allée.
Laquelle, de la fleur ou de la femme, auriez-vous cru
Voir partir d'abord ? "
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La philosophe Claire Marin est la marraine de la 8e édition des Nuits de la lecture sur le thème du corps. Pour cette occasion, elle nous lit un extrait de son choix sur le pouvoir de l'écriture. Pauline Delabroy-Allard "Qui sait" aux Editions Gallimard (2022).
Claire Marin développe une pensée du sensible et interroge la notion d'identité à travers les épreuves existentielles que nous traversons au cours d'une vie : naissance et deuil, maladie et accident, rencontre et séparation amoureuse, rupture et découverte… qu'elle analyse comme les moments-clés de transformation de soi. Elle est notamment l'auteure de « Hors de moi » (Allia, 2018), « Rupture(s) » (L'Observatoire, 2019), « Mon corps est-il bien à moi ? » (Gallimard Jeunesse, 2020) ou encore « Être à sa place » (L'Observatoire, 2022).
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