Les grands Livres sacrés avaient jeté un tel éclat sur l'esprit féminin que cela avait fait naître un sentiment de jalousie terrible contre les grandes Déesses qui en étaient les auteurs.; Une caste sacerdotale va s'en emparer, les altérer, les masculiniser ou les détruire. C'est l'origine du mensonge religieux que nous allons voir se dérouler. Partout la femme va être cachée ou plagiée. Lui prendre ses idées, porter sa robe (d'où dé-rober), va être la principale occupation de ses envieux.
C'est pendant la période qui sépare le prélude de l'amour de sa satisfaction charnelle que l'amant a divinisé la Femme et, dans la vie actuelle, son atavisme lui rend le souvenir vague des impressions premières ressenties par ses ancêtres ; un regard, une parole douce ou tendre, une main qui touche la sienne, le silence de la nuit, sont empreints de mystérieuses saintetés qui pénètrent son âme sans qu'il en comprenne le secret. C'est que la Nature fut le cadre des premières amours, des premiers dévouements, des enthousiasmes de la jeunesse phylogénique, et tout cela se réveille chez le jeune homme quand le lieu, l'heure, le milieu, lui rendent les conditions physiques qui accompagnèrent ses impressions premières. C'est ce qui crée le mystère, et rien ne captive comme les choses mystérieuses.
Dans la première forme de la religion, celle des Pélasges avant les Grecs, dans celle du Haut Orient et de l'Asie Mineure, dans celle des Étrusques avant les Romains, l'homme n'est pas divinisé ; la Divinité n'appartient qu'à la Femme et, lorsque l'on veut parler de l'humanité en général, on dit : les Déesses et les Hommes, les Immortelles et les Mortels, la race divine et la race humaine.
Ces religions n'avaient pas de prêtres formant une hiérarchie sacerdotale. Le Prêtre, celui qui rend un culte à la Déesse, c'est l'homme, en général tous les hommes. Mais il y avait des Prêtresses, des femmes qui exerçaient des fonctions dans les temples, qui en avaient la direction et qui enseignaient.
L'histoire de la Religion naturelle, c'est-à-dire du culte rendu par l'homme à la Femme, c'est l'histoire de la vie morale de l'humanité. C'est pour cela que la Religion est universelle, elle règne partout où les deux sexes se trouvent en présence. Aussi elle sera, éternelle et réapparaîtra toujours dans tous les lieux où l'humanité jeune recommencera l'évolution humaine, dans une vie ontogénique. Est-ce pour cette raison qu'on a dit que la Religion n'a pas d'histoire ?
« Ayez une âme d'enfant et la nature vous dira ses secrets ». En effet, la foi absolue n'existe que dans l'enfance. « L'enfant a des yeux de voyant ». Quand il devient homme, sa mentalité change, le doute l'envahit, s'impose, et il est, dès lors, partagé entre le désir et l'impuissance de croire.