L'expension dans l'Asie sud-orientale. - Ce qu'on a appelé l'hindouisation du Sud-Est asiatique, et qui a commencé au IIe siècle de notre ère pour durer jusqu'au XVIe environ, est un fait plutôt politique que religieux. Il ne sagissait pas de convertir (la conversion, thème usuel, rebattu, chez les bouddhistes et les jainas est inconnue dans l'Inde brahmanique); il s'agissait pour les princes de ces pays et pour la classe dirigeante d'imiter ou d'imposer les usages indiens, d'adopter la forme de royauté répondant à l'idéal hindou: le couple brâhmane-kshatria, le culte du linga, l'aspect çivaïsé de la notion souveraine. Or ceci n'allait pas sans entraîner des conceptions religieuses concordantes. C'est ainsi que, au Cambodge, les rois khmères font une religion d'Etat de l'hindouisme, attesté depuis l'empire pré-khmèr de Fou-nan (IIe s.) à côté du bouddhisme; le vishnuisme apparaît au Ve siècle, refoulé ensuite par le çivaïsme, puis il regagne du terrain au XIIe, suivant une courbe analogue à celle qui se présente dans l'Inde; il y a des survivances hindouistes jusqu'à nos jours. Toutefois le bouddhisme des Theravadin a remplacé à la fois l'hindouisme et le "Grand véhicule"; seules les inscriptions sanskrites du passé portent témoignage de l'intensité de la culture héritée de l'Inde. Au Campâ (Annam), c'est le çivaïsme qui a dominé, saturé les cultes locaux. Au Siam, en Birmanie, l'apport est négligeable. En Indonésie, malgré la vague islamique qui a submergé hindouisme et bouddhisme, la pénétration, qui remonte aussi au IIe siècle, a pris toute sa force à Java oriental à partir du XVIè siècle; il y eut même une renaissance au XVIe, qui n'est pas encore éteinte. Un culte hybride de Civa-Buddha s'est combiné avec des représentations indonésiennes. Des Purânas sont attestés à Java et ailleurs; à Bali, des textes brahmaniques, Upanishads et autres, des usages çivaïtes, tantriques, des croyances védiques même.
(....) la dynastie des Mauryas (IVe-IIe s. av. J.-C.), dont le plus grand représentant est (le troisième de la lignée), Açoka (264-226), se convertit de manière spectaculaire au bouddhisme et fait graver dans les pincipales provinces de son empire des édits qui enseignent à ses peuples les principes éthiques du Buddha, l'absence de violence, l'obéissance, la déférence, la charité, la vertu; Açoka stigmatise comme vains et futiles les rites privés, il s'en prend plus encore aux sacrifices sanglants, mais se déclare le protecteur de toutes les sectes. Il se peut que les Cungas, qui succédèrent aux Mauryas à partir de 175 av. J.-C. environ, aient établi l'hindouisme comme religion d'Etat: il est question en tout cas de deux Sacrifices du cheval exécutés par le grand-père deVasumitra pour commémorer la défaite qu'infligea le jeune prince aux Grecs (Yavanas) sur les rives du Sindhu. En tous cas la monarchie dite indo-grècque qui vers la même époque prend pied aux confins nord-ouest de l'Inde (Gandhâra, puis Panhâb et Sind) a des sympathies marquées pour le bouddhisme: le roi Ménandre (le Milinda des sources bouddhiques), qui régna vers 168-145, discute de problèmes philosophiques avec le moine Nâgasena, commande des reliquaires; l'art gréco-bouddhique, dont l'influence allait être si profonde dans l'Asie centrale et orientale, prend naissance à la cour de ces princes.
Louis Renou :
L'HindouismeOlivier BARROT, dans les
jardins de Lodi, à New Delhi, présente le livre de
Louis RENOU,
L'Hindouisme ", édité dans la collection que-sais-je ? (PUF ), et énumère les grands principes de cette
religion. [Différents plans] visages d'Indiens et scènes de rues.