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Critique de Nemorino


La mère et le fils. Un couple d'artistes, deux styles si différents. La gourmandise des couleurs de Suzanne Valadon et les rues vides aux fenêtres noires sous un ciel plombé chez Maurice Utrillo. Ce livre est court, on n'aurait pas pu faire plus court. C'est un raccourci des misères d'artiste.
Très belle femme, Suzanne Valadon avant de devenir une artiste épanouie est d'abord modèle. Après trois cents lettres d'amour d'Éric Satie, elle épouse un employé de la Banque de France et s'installe bourgeoisement rue Cortot à Paris. Petit, Maurice (né quand elle avait encore 18 ans), vit avec sa grand-mère. Il grandit mal, prostré pendant des heures dans un coin ou piquant des colères terribles. Très tôt Maurice prend l'alcool pour compagnon. « Grâce à son beau-père, il entre au Crédit Lyonnais… où un soir il frappe sans raison l'un de ses collègues à coup de parapluie. On redonne aussitôt la liberté au beau-fils de Monsieur Mousis ».
À l'âge de 21 ans Paul Mousis envoie Utrillo à l'asile. À son retour, alors qu'il erre dans la campagne, il fait connaissance d'André Utter, ancien élève des Beaux-arts. Grâce à lui Maurice se met à peindre dans un style proche des impressionnistes. Mais Suzanne tombe amoureuse d'Utter qui a 21 ans de moins qu'elle. « Elle l'invite à venir poser nu pour un Adam. Elle sera Ève. Divorce d'avec Paul Mousis. » Maurice, jaloux, se sent trahi. Il s'installe en plein Montmartre et coupe son lien avec les impressionnistes. Commence alors la période blanche qui est l'apogée d'Utrillo. le bonheur n'existe pas ! disent ses oeuvres. Il utilise du plâtre pour rendre ses façades les plus blafardes possibles. Les internements s'enchaînent. le personnel hospitalier et les bistrotiers lui prennent ses toiles contre une bouteille. le reste récupère Suzanne, « pour faire bouillir la marmite » car le couple Valadon-Utter doit vivre grand train… Suzanne pose des couleurs avec une brusquerie des fauves, enferme les corps dans un cerne noir. Sa production est d'une qualité hors du commun. Pourtant les toiles de Valadon se vendent mal alors qu'Utrillo commence à intéresser des marchands. En 1918 Utrillo s'échappe d'un asile en pyjama. Il casse verres et bouteilles avec Modigliani.
Après la guerre ses tableaux s'écoulent à prix d'or. Célèbre, Maurice reçoit même la Légion d'honneur. Une veuve fortunée l'apprivoise et ils se marient. Il entre en religion. Mais il finit par s'échapper de la cage dorée...
Et la vie passionnée de Suzanne ? Elle finit seule avec ses chiens, ramène des clochards dans son lit…
L'auteur de ce livre jongle avec ses vastes connaissances en matière de l'art. On est au cirque. Sans larmes, sans grande analyse, il nous divertit. Il y a plusieurs photos intéressantes, en éventail.
Je sais qu'il existe un magnifique portrait d’Éric Satie réalisé par Valadon en 1892-1893 mais il n’est pas dans le livre. Alors que le portrait qu’elle a fait de Maurice en 1921, dans le même esprit, y est, il a même l’honneur d’être sur la couverture !
Avant tout ce livre éveille notre curiosité pour l'étrange tandem Valadon- Utrillo. Et, si on compte Utter, tandem ou trio ?
Je projette de lire le livre d'Alexandra Charvier « Utrillo, Valadon, Utter : 12 rue Cortot : un atelier trois artistes », ainsi que « La trinité maudite – Valadon, Utter, Utrillo » de Robert Beachboard. Je vous dirai des nouvelles !

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