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EAN : 9782919750443
236 pages
Éditions Tensing (10/03/2014)
4/5   5 notes
Résumé :
La force de la race, unique roman d’André Réveillaud a été écrit en 1918, juste après l’armistice. Nous sommes en pleine période coloniale, une époque où la France trop sûre d’elle est convaincue que la civilisation européenne est supérieure à celles que l’on rencontre en Afrique. Pourtant certains esprits plus curieux, plus éclairés et surtout plus ouverts ne partagent pas cette vision dominatrice. André Réveillaud, administrateur civil de Méknès, puis Avocat à Fès... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un premier plaisir, recevoir ce beau livre "Le peintre de Fés" dans le cadre de la Masse Critique, puis découvrir la couverture glacée joliment illustrée et apprécier la belle présentation générale qui promet une lecture aisée. Voilà un préambule très agréable, aussi je remercie vivement les éditions Tensing pour cette belle découverte.

Beau récit et unique livre écrit par  André Réveillaud en 1918, contrôleur civil de Méknès puis avocat à Fès durant l'époque coloniale. Par sa connaissance profonde du Maroc, par son humanisme et son esprit de justice , a contrario de l'esprit colonialiste sûr de sa supériorité à cette époque, il était tout désigné pour écrire ce roman et nous faire partager sa vision sensible et approfondie de ce pays.

Facture classique pour ce roman et parut initialement sous le titre "La force de la race", ce titre fut changé et la raison en est évidente pour cette deuxième édition de 2014. Mais en dehors de la nécessité de ce changement de titre, je préfère l' actuel, à mon sens plus ajusté au contenu du livre.

Autour de la description minutieuse de la vie à Fés, s' articule la relation amoureuse entre Mina, jeune marocaine et Pierre un peintre français qui après avoir reçu une bourse, termine ses études au Maroc. Un univers très justement dépeint. Emerveillement de la découverte de Fés et de la vie dans un riad de la médina ; tout séduit ce jeune français, l' envoûte et l'enivre, les odeurs du souk , la profusions des couleurs, le travail minutieux des artisans, l'érudition des intellectuels marocains jusqu'à l'univers clos du riad. Son amour pour Fès et pour Mina, femme fatale ou victime? , vont alors s' entremêler et lui faire perdre tout jugement et sens critique sur valorisant la culture marocaine et son mode de vie; tout est parfait à ses yeux.

Un bref séjour à Paris va le renforcer dans son désir de retourner définitivement au Maroc. A Paris tout est gris, il juge les peintures de ses anciens confrères ainsi que les siennes laissées chez lui, inintéressantes; cédant à la mode, cédant au diktat des salons de peinture. Revenu à Paris pour voir son père malade, il ne ressentira qu'indifférence pour cet entourage qui lui plaisait tant auparavant.

A son retour au Maroc, qu'il souhaite définitif, sa relation avec Mina si idyllique auparavant va se dégrader, l'entrainant vers une attitude absurde. Pierre changera, voudra adopter à l'excès le mode vie marocain, pensant ainsi se rapprocher de cette femme pleine de reproches maintenant. Pour tenter d'apaiser leur relation, il voudra se marier avec elle mais pour cela il devra se convertir à l'Islam, ce qu'il fera aussi avec conviction. Cela ne suffira pas, alors s' enfonçant dans une attitude vaine jusqu'à se ridiculiser auprès des français et des marocains, désavoué par tous il fuira toute relation avec ses amis.
Complètement enfermé dans cette métamorphose et le déclin de sa relation, il ne peindra pratiquement plus .
Malgré son échec sentimental et sa désillusion, il ne reviendra pas vers sa civilisation d'origine; son changement est une impasse, sans possibilité de revenir en arrière.

D'une lecture aisée ce livre, avec un beau style, très ressenti quand il nous plonge dans l'univers fascinant de Fès, sait capter notre attention. Il recrée très fidèlement l'ambiance de cette ville et la personnalité de ses habitants mais reste plus naïf et convenu dans le récit de la relation amoureuse.

Jusqu'à la fin, Pierre essayera d'adopter le mode de vie, la pensée et la religion musulmane sans jamais revenir sur ses choix, jusqu'à sa déchéance, sans la volonté de retourner vers sa culture européenne.

Pour cela je ne partage pas complètement l'analyse indiquée en 4 ème de couverture car cette histoire ne se termine pas vers un retour à son origine, il s' en est échappé définitivement et avec l'échec de sa conversion, il n'y a pas d'autre issue qu'une fin tragique.

Extrait de la quatrième de couverture.
"Tout le thème du livre (La force de la race) est derrière ce titre. Malgré son intelligence, sa culture, son enthousiasme pour la religion musulmane, et la découverte d'un Maroc qui le fascine et l'envoûte, le héros du roman ne pourra s'échapper de son origine et de sa culture chrétienne et française.".

J'attendais un réflexion sur le thème de la force de l'origine. Mais ici le héros ne remet pas en cause sa conversion et son choix de vie, il ne revient pas à son origine. C'est davantage un bel hommage à la ville de Fès avec une fine observation du mode de vie de ses marocains. Mais cette lecture ouvre des voies et me donne l'envie de lire d'autres ouvrages traitant de ce thème, n'est-ce pas aussi la réussite d'un livre d'ouvrir d'autres portes?

En avance sur idées de son époque, ce roman est toujours d'actualité et l'auteur, admirable guide, pourra vous accompagner dans un voyage à Fès, rien n'a changé!
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Joliment écrit et illustré ce roman au-delà de l'histoire a surtout pour intérêt de montrer que même avec la meilleure volonté, les meilleurs sentiments, les humains de par leurs origines, leurs cultures, celles de leurs religions en particulier, sont scellés chacun sur leurs propres socles.
Vouloir échapper à cet état est d'une manière plus populaire tenter de marier la carpe et le lapin.
On comprend ainsi que quelques soient leurs souhaits, ils en reviennent toujours à cette évidence de l'impossible.
Ainsi, le héros du roman, Pierre Alfagui, baigné dans une atmosphère pourtant enchanteresse en fera l'amère expérience.
Malgré ses efforts pour réaliser son rêve de s'immerger dans ce peuple Marocain, allant jusqu'à en épouser les coutumes et la religion, il n'en recueillera qu'amertume, désillusion et incompréhension
Depuis la nuit des temps, combien d'humains ont tenté comme lui l'impossible conciliation des races, la culture des individus à fortiori quand les religions s'en mêlent.
Il en sera probablement ainsi jusqu'à la fin des temps.
Ce livre écrit il y a près d'un siècle en témoigne encore aujourd'hui, s'il en est besoin.
Je remercie les Editions Tensing pour cette réédition et Babelio de m'avoir permis de la découvrir dans le cadre de Masse Critique.

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On découvre le Maroc du début du XXe siècle. L'auteur a une grande connaissance du Maroc, de ses coutumes et de son artisanat, il en parle bien et c'est vraiment bien écrit , à tel point qu'on y est . Les discussions entre le jeune peintre français et les intellectuels musulmans sont très intéressantes. J'ai une tendresse particulière pour le Maroc qui est mon pays de coeur et je me suis donc régalée à retrouver des endroits, des odeurs, des coutumes.

Il y a de nombreuses illustrations peintes par la femme de l'auteur Suzanne Drouet-Reveillaud, elles apportent une touche esthétique à l'ensemble et elles sont très belles et pertinentes. J'ai aussi aimé les rappels en bas de pages pour les définitions et autres explications de textes, ils sont utiles et permettent aux lecteurs de comprendre certaines subtilités.

Une très belle histoire, une plume légère et poétique, des illustrations magnifiques forment un tout qu'il ne faut pas manquer.

VERDICT

A lire , à offrir, à conseiller aux amoureux de la peinture et du Maroc. Un beau livre.
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Ce livre retrace la vie au Maroc de Pierre Alfagui, artiste peintre français,envoyé là par son maître afin de parfaire sa technique et de nourrir sa création. Là où d'autres se seraient complus dans un orientalisme à la mode depuis la seconde moitié du XIXème siècle, odalisques, hammam et scènes de marché, il veut pénétrer au plus près des traditions et valeurs marocaines. Une longue première partie est un chant d'amour et de reconnaissance à la culture arabe, un peu excessive peut-être dans un enthousiasme qui lui fait du coup rejeter avec dédain le mode de vie occidental.

En fait ce livre est le constat d'un perpétuel malentendu. Nous sommes en 1923 et la France administre le Maroc. Très vite, Pierre prend en horreur les colons arrogants et exploiteurs. Et il tente ce que d'aucuns ont essayé : vivre à la mode arabe, aux côtés d'une Marocaine, selon la tradition locale. Et très vite aussi, il s'aperçoit que sa « chère petite Mina » n'est pas l'ange qu'il croyait. Petites trahisons, vols, infidélité, la belle ne méritait guère un tel amour.
Pour elle, il prend un emploi d'architecte, se convertit à l'Islam pour lequel il a un respect sans limites, il étudie le Coran, se vêt à la mode locale et...se fait renvoyer et perd ses amis. Ahuri, il comprend qu'on ne saurait admettre qu'un Français se calque sur les « indigènes », cela laisserait supposer que l'occupant vaut moins que l'occupé. Fierté coloniale oblige...
Après l'avoir averti de son erreur, ses amis le laissent tomber, lui qui devient de plus en plus emprunteur et aigri. Ses amis arabes vont-ils l'épauler ? Un temps, oui, jusqu'à ce qu'ils craignent de perdre leurs affaires avec le colonisateur s'ils fréquentent un renégat. de surcroît, aucun musulman ne saurait admettre qu'une des leurs épouse un chrétien, les enfants étant alors des infidèles.

De déception en désenchantement, toutes illusions perdues, notre romantique fait l'amère expérience de la difficulté à vouloir être « autre ». Son esprit d'ouverture, sa tolérance, pour positifs qu'ils soient, ne lui ont pas apporté le bonheur. Il aurait même failli devenir une sorte d' extrémiste musulman, prosélyte défenseur de la doctrine de Mahomet alors que lui-même constate au fil de ses études qu'il y a une grande proximité entre Islam et religion chrétienne. Il cite dans ce sens des versets du Coran et des extraits de l'Évangile, très voisins de sens.

Un livre original qui situe son auteur dans un courant de pensée et d'analyse vraiment progressiste par rapport à l'époque. Il ne convient cependant pas de tirer de conclusion sur l'impossibilité pour deux cultures de se mélanger et de s'unir, les mouvements fraternels oecuméniques et la réussite de couples mixtes étant là pour préserver l'espoir.

Le livre est très joliment illustré par une descendante de l'auteur.



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Roman publié en 1918, sous le titre « la force de la race ».
Un jeune parisien, peintre, part en stage pendant six mois au Maroc. Il quitte la grisaille parisienne pour découvrir les couleurs, la lumière chaude et les odeurs des mets marocains.
Il découvre un pays lumineux, chatoyant. Il change alors les couleurs de sa palette pour peindre ce Maroc qu'il découvre ;
En stage d'architecture, il découvre la ville de Fès, les riads, zouks, les palais des négociants. Ébloui, il décide de rester et trouve un poste de dessinateur pour les services de l'administration coloniale française. Il va alors fréquenter les artisans indigènes et leur savoir faire ancestral.
Il va s'installer dans la vieille ville, vivre à la marocaine, se mettre en ménage avec une belle marocaine.
Contraint de rentrer en France, auprès de son père souffrant, ce séjour dans un Paris gris, le retour auprès de ces camarades apprentis peintres avides de reconnaissance vont l'inciter à s'installer à Fès. Il va même décider de se convertir à l'islam pour épouser son amour marocain.
Il va alors être rejeté par la communauté française sans pour autant être accepté par les locaux. Il va alors vivre isolé et les couleurs, le soleil n e suffiront pas pour qu'il réussisse à trouver sa place.
De belles pages de description des paysages de la ville de Fès, des petits métiers, de la nature marocaine.
L'auteur parle aussi très bien des traditions marocaines, de la religion musulmane.
J'ai récemment vu une exposition sur les peintres dits orientalistes et ce livre pourrait être la face romanesque de ce mouvement pictural. D'ailleurs, des tableaux de la femme de l'auteur jalonnent de cette réédition.
Une superbe couverte pour ce voyage vers Fès des années 20,
Mais un constat pessimiste face à une possible ou impossible assimilation ou intégration à une autre culture.
En lisant certaines pages, des souvenirs d'un voyage dans cette région du Maroc me sont revenus en mémoire.
Merci de m'avoir fait découvrir ce livre et vive les livres voyageurs.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Pierre Alfagui, tout en examinant les toiles qui tapissaient les murs de sa chambre d'hôtel, songeait à la décision qu'il avait prise ce jour même. Jusqu'alors, il n'avait vu le Maroc qu'en touriste, grâce à une bourse de voyage obtenue, pour une exposition particulièrement réussie, au Salon officiel des Artistes français. Passer trois mois "en Orient" : il avait pu enfin réaliser ce rêve, si commun aux jeunes peintres des ateliers de l'École des Beaux-Arts.

De ces quelques semaines, il gardait le souvenir d'intenses émotions d'art, mêlées à de curieuses et neuves impressions. Dérouté d'abord par la lumière trop vive, il en fut ensuite si épris qu'il pensait maintenant n'avoir jamais connu en France la jouissance de peindre.

Lorsqu'il se rappelait ses travaux d'école, les académies de modèles se détachant sur un fond sale, et même ses tentatives de plein air, ces paysannes normandes jugées hardies par le patron, le vieux peintre Maseng, Alfa-gui avait peine à s'imaginer qu'il en fut l'auteur ; pourtant elles ne dataient guère que d'un an et il les jugeait comme les oeuvres d'un confrère, sans indulgence.

Les premières pochades, faites à Rabat, rappelaient encore sa manière d'autrefois. Étant en pays arabe, il concevait naturellement la scène orientale par excellence, des bayadères sur des divans. Il voyait maintenant tout le convenu de cette interprétation, le sujet faux, les accessoires inutiles, et surtout cette peinture "au chiqué", exécutée pour obtenir l'effet facile et la réussite au Salon.

Il retourna contre le mur ces premiers cartons. Les plus récents, ceux de Meknès et surtout ceux de Fès, étaient meilleurs. Renonçant aux tableaux de genre, il peignait tout ce qui lui tombait sous les yeux, et dont il commençait à comprendre la beauté.

Un pays est comme une femme, pensa-t-il, on ne l'apprécie qu'à la longue.

Sa bourse de voyage étant épuisée il se félicita d'avoir pu trouver l'occasion de rester encore longtemps, toute une année, dans cette admirable ville de Fès
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