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Plupart du temps tome 2 sur 2

Hubert Juin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070325320
408 pages
Gallimard (03/03/1989)
4.03/5   96 notes
Résumé :
Ce recueil réunit des Poèmes en prose datant de 1915, Quelques poèmes et la prose poétique de La Lucarne ovale de 1916, et des poèmes des Ardoises du toit de 1918 de Pierre Reverdy, cet immense poète qui a mis sa vie dans ses poèmes. Le poète est bien l'homme le plus englué de tous ceux qui peuvent être sur la terre, dans la pâte épaisse de la vie, disait-il. Souffrant de solitude, de crainte de vieillir, ce Narbonnais aspirant au soleil est hanté par le sentiment d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Pourquoi chaque recueil de Pierre Reverdy me bouleverse t-il autant ? Je sais en tout cas que ses images fulgurantes, si intenses, ses mots de prédilection comme le vent, les étoiles, la fenêtre me parlent. Je sais que je suis touchée par ses angoisses existentielles, son attrait pour les maisons ouvertes sur la nature, le monde, sa quête personnelle.

Ce recueil regroupe la production poétique de sa première période , le sous -titre l'indique, de 1915 à 1922. Des poèmes en prose, tout d'abord, puis différentes publications. Ma partie préférée, la plus longue d'ailleurs, s'intitule:" Les ardoises du toit":

" Sur chaque ardoise
qui glissait du toit
on
avait écrit
un poème

La gouttière est bordée de diamants
les oiseaux les boivent "....

Les textes de " La lucarne ovale" sont très beaux aussi, vibrants de lumière et d'espoir, malgré les ombres et les pleurs intérieurs. Notamment dans le magnifique poème d'amour " Pour l'instant", cher à mon coeur, que j'ai déjà cité, dont je ne peux m'empêcher d'écrire à nouveau les derniers vers, pour conclure ce ressenti:

" Je ris au bas de l'escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers vous

C'est aujourd'hui que je vous aime"....

Que dire de plus? Je suis envoûtée, frissonnante...

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Pierre Reverdy, une déclaration d'amour.

Il est l'un des inspirateurs du surréalisme et cotoie de nombreux artistes : Braque, Matisse, Appolinaire...
Ami de Picasso, admirateur de son travail mais non de son comportement, Reverdy fuit les mondanités parisiennes. Ne supportant pas l'alliance de l'argent et de l'art, il se réfugie, avec sa femme, près de l'abbaye de Solesmes où il vit dans un grand dénuement.

Il s'affranchit des codes de la poésie (rimes, alexandrins, sonnets) et ses poémes s'allègent de toutes les normes d'alors. Il veut que de sa poésie ne demeure que l'essentiel.

Et c'est vrai que sa poésie ne se donne pas au premier coup d'oeil. C'est grâce à une seconde lecture de cet ouvrage que j'ai pu savourer toute la magnificence de ses écrits. J'adore Prévert et sa simplicité, mais j'aime aussi qu'un auteur se laisse apprivoiser. Petit à petit, j'ai eu l'impression de toucher du doigt un bourgeon et lorsque ce contact avait lieu, un bouquet d'étincelles jaillissait.

Mélancolie, tristesse, noirceur parfois, ces écrits n'ont pas de thème réjouissant ou tapageur. Ils sont le reflet de la réalité. Réalité ? Apparence de la réalité ? Mais leur résonance vous happe, vous bouleverse parfois aux larmes, vous explore l'âme. Vous font vibrer tout simplement.

Et c'est pourquoi, je peux dire maintenant : Monsieur Reverdy, je vous aime...
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j'ai toujours adoré ce poète: sa simplicité et son sens des images me parlent.

J'aime ses vers aérés, pleins de blancs ouverts à mes rêves.

Son univers est souvent triste, comme abandonné des hommes mais d'une tristesse distinguée, délicate, un camaîeu de teintes claires et fondues, des gris, des beiges, des blancs. Pas de noirs.

Il se découvre comme un tableau de Tanguy, une étude de Cézanne, un pastel de Spilliaert. Structuré dans ses lignes et aérien dans ses mots, esquissé dans ses suggestions et ferme dans son propos.

Il a des antennes pour les choses les plus humbles, et le regard qu'il leur jette sait toujours surprendre leur mystère.
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Pierre Reverdy confiait que le poète pressent au fond de lui une réalité singulière. Ses sentiments sont à peu près ceux de tout le monde mais il voudrait tant donner de lui quelque chose qu'il sent ne pas être de tout le monde.
C'est tout ce que révèle Plupart du temps, recueil qui contient les premières oeuvres publiées par le poète à partir de 1915. L'auteur est dans une période d'écriture très prolifique, en plein épanouissement. Poèmes en prose ou en vers, choix de l'auteur, tous les textes sont défaits de l'usage du vers régulier et de la strophe.

Il n'y a pas d'emphase, pas d'effusion dans la poésie de Pierre Reverdy, seulement des choses vues, entendues comme rapportées dans l'instant par un regard attentif et sensible au présent.
Des images faites de passants traversés de sentiments, des lieux, des paysages composés de couleurs (souvent sombres), de jeux de lumières, de sons, de silences, qui apparaissent tous en mouvement ou immobiles, fugaces ou permanents,… Toute une réalité dispersée que l'auteur veut rassembler dans l'écriture, une réalité à qui il faut (re)donner vie.

La beauté des poèmes de Reverdy n'apparaît pas d'un bout à l'autre du texte, elle n'est pas démonstrative. C'est bien plus une beauté discrète, sous-jacente mais qui reste toujours sensible, sincère. Ce très beau vers tiré de « Sang de ménage » écrit en 1916 suffit à lui seul à dire l'attachement que l'on peut ressentir : « et les cyprès tiennent la lune dans leurs doigts ». Ces quelques mots évoquent tout un monde… Un monde à part, subtile, celui de la poésie de Pierre Reverdy.
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On trouve dans les livres de Pierre Reverdy cette limpidité où chaque vers est imprègné des beautés du monde. Un poète dont l'oeuvre montre que la poésie lui est quelque chose de l'ordre du pain quotidien ou de l'air qu'on respire. L'univers de Reverdy a pour modèle la limpidité hivernale, les merveilles du givre, l'éblouissement des cascades, les voiles de la pluie, les lueurs des vitres.
Pierre Reverdy cherche à aller au coeur des choses plutôt qu'à leur surface ; le poème sera plus une évocation de la réalité par le biais de ce que les images suggèrent qu'une description ou une narration. Il s'agit de rapprocher des mots aux sens éloignés les uns des autres pour créer une sorte de choc visuel.
Un lien charnel avec la nature, une simplicité enchantée .
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
ALLEGRESSE

L'air sent la mer
L'hiver à une pareille altitude m'effraie
On ne sait où naissent les vents
Ni quelle direction ils prennent
La maison tangue comme un bateau
Quelle main nous balance

Au cri poussé au dehors je sortis
Pour voir
Une femme se noyait
Une femme inconnue
Je lui tendis la main
Je la sauvai

Après lui avoir dit mon nom
Qu'elle ne connaissait pas
Je la mis à sécher à l'endroit le plus chaud
Je la vis revenir à la vie et embellir
Puis comme la chaleur augmentait
Elle disparut
Evaporée
Je me mis à pousser des cris et à pleurer
Puis j'éclatai de rire

J'avais un moment recueilli la renommée
Dans mon intimité
J'ouvris la porte et me mis à courir
A travers champs à chanter à tue-tête
Quand je rentrai le calme s'était fait chez moi
Et le feu qui s'était éteint fut rallumé

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REALITE DES OMBRES

Dans cet étrange faubourg en pleine ville où le plus obscure travail s'exécute, personne n'est jamais venu voir. Seul dans la nuit, dans la boue où tremblent des lumières rouges ou vertes, un certain peuple vit. J'ai compris la fatigue de ces pieds attelés au gain, à l'existence.
Dans l'ombre un homme informe ou une femme sans âge cherche, et, sans qu'on puisse savoir de quoi, emplît sa hotte.
Mais une autre, en toilette et sur les talons hauts, préfère le halo des réverbères et se met en valeur.
En passant quelquefois ces deux êtres se frôlent, sans mépris, car c'est leur vie qu'ils cherchent tous les deux sur ce même trottoir.
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VISITE

Les bateaux s'étageaient dans le tableau du fond

Où les hommes jouaient aux cartes

Les mots les plus légers montent jusqu'au plafond

Devant eux la fumée s'écarte

Les autres battent des ailes dans les plis des rideaux

L'ennui de la soirée pèse sur les cerveaux

Un livre a refermé ses portes

La prison des pensées où la mienne était morte

Toutes les bouches qui riront

Gagneront la fenêtre et l'air sur le balcon

Les vitres d'en face pâlissent

Dehors tout l'univers résonne

L'heure est venue

La cloche sonne
Et tous deux nous nous regardions
Perdus entre les murs de la même maison
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Pour le moment

La vie est simple et gaie
Le soleil clair tinte avec un bruit doux
Le son des cloches s'est calmé
Ce matin la lumière traverse tout
Ma tête est une rampe allumée
Et la chambre où j'habite est enfin éclairée

Un seul rayon suffit
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par les notes de sa chanson

Je chante faux
Ah que c'est drôle
Ma bouche est ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d'autres oreilles
Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l'escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la ligne verte
Et mes bras sont tendus vers vous

C'est aujourd'hui que je vous aime

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SORTIE

Le
Vestiaire

Le
Portemanteau

La lumière
Au mur des têtes inclinées

Un rayon d'électricité
La voix qui chante

Un cœur qui s'est ouvert
Dans la salle éclatante

Un soir d'hiver
La foule que le feu déverse
Sur le trottoir et sous l'averse
Les diamants renvoyant les éclats
Dans la nuit le silence plane

Et c'est une voiture qui l'emporte
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Videos de Pierre Reverdy (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Reverdy
Robert Bober Il y a quand même dans la rue des gens qui passent - éditions P.O.L où Robert Bober tente de dire comment et de quoi est composé son nouveau livre "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent", et où il est notamment question de son précédent livre "Par instants la vie n'est pas sûre" et la poursuite de sa conversation avec Pierre Dumayet, d'identité indéterminée et d'identités, d'innocence et de bonté, d' enfance et de rencontres, du yiddish et de Georges Perec, de Seth et de Julien Malland, de Martin Buber et de Gaston Bachelard, de Cholem Aleikhem et du film "Tevye le laitier" de Maurice Schwartz, de Zozo et de la rafle du Vel d'hiv, d'images et livres, de Robert Doisneau et de la photographie, de Pierre Reverdy et de la librairie du Désordre à la Butte aux Cailles, à l'occasion de la parution de "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" en octobre 2023 aux éditions P.O.L, à Paris, le 10 janvier 2024

"– Alors, toujours aussi gros ? – Et toi, toujours aussi con ? C'est comme ça que j'ai compris qu'ils étaient copains. le gros, derrière son comptoir, c'était le patron du bistrot-guinguette « Chez Victor » situé derrière la place des Fêtes au fond de l'impasse Compans. le con était accoudé au zinc en attendant d'être servi. Plus tard, bien plus tard, je suis retourné voir le bistrot « Chez Victor », je ne l'ai pas retrouvé. Tout le quartier avait été détruit."
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