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Pourquoi chaque recueil de Pierre Reverdy me bouleverse t-il autant ? Je sais en tout cas que ses images fulgurantes, si intenses, ses mots de prédilection comme le vent, les étoiles, la fenêtre me parlent. Je sais que je suis touchée par ses angoisses existentielles, son attrait pour les maisons ouvertes sur la nature, le monde, sa quête personnelle.

Ce recueil regroupe la production poétique de sa première période , le sous -titre l'indique, de 1915 à 1922. Des poèmes en prose, tout d'abord, puis différentes publications. Ma partie préférée, la plus longue d'ailleurs, s'intitule:" Les ardoises du toit":

" Sur chaque ardoise
qui glissait du toit
on
avait écrit
un poème

La gouttière est bordée de diamants
les oiseaux les boivent "....

Les textes de " La lucarne ovale" sont très beaux aussi, vibrants de lumière et d'espoir, malgré les ombres et les pleurs intérieurs. Notamment dans le magnifique poème d'amour " Pour l'instant", cher à mon coeur, que j'ai déjà cité, dont je ne peux m'empêcher d'écrire à nouveau les derniers vers, pour conclure ce ressenti:

" Je ris au bas de l'escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers vous

C'est aujourd'hui que je vous aime"....

Que dire de plus? Je suis envoûtée, frissonnante...

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j'ai toujours adoré ce poète: sa simplicité et son sens des images me parlent.

J'aime ses vers aérés, pleins de blancs ouverts à mes rêves.

Son univers est souvent triste, comme abandonné des hommes mais d'une tristesse distinguée, délicate, un camaîeu de teintes claires et fondues, des gris, des beiges, des blancs. Pas de noirs.

Il se découvre comme un tableau de Tanguy, une étude de Cézanne, un pastel de Spilliaert. Structuré dans ses lignes et aérien dans ses mots, esquissé dans ses suggestions et ferme dans son propos.

Il a des antennes pour les choses les plus humbles, et le regard qu'il leur jette sait toujours surprendre leur mystère.
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Pierre Reverdy, une déclaration d'amour.

Il est l'un des inspirateurs du surréalisme et cotoie de nombreux artistes : Braque, Matisse, Appolinaire...
Ami de Picasso, admirateur de son travail mais non de son comportement, Reverdy fuit les mondanités parisiennes. Ne supportant pas l'alliance de l'argent et de l'art, il se réfugie, avec sa femme, près de l'abbaye de Solesmes où il vit dans un grand dénuement.

Il s'affranchit des codes de la poésie (rimes, alexandrins, sonnets) et ses poémes s'allègent de toutes les normes d'alors. Il veut que de sa poésie ne demeure que l'essentiel.

Et c'est vrai que sa poésie ne se donne pas au premier coup d'oeil. C'est grâce à une seconde lecture de cet ouvrage que j'ai pu savourer toute la magnificence de ses écrits. J'adore Prévert et sa simplicité, mais j'aime aussi qu'un auteur se laisse apprivoiser. Petit à petit, j'ai eu l'impression de toucher du doigt un bourgeon et lorsque ce contact avait lieu, un bouquet d'étincelles jaillissait.

Mélancolie, tristesse, noirceur parfois, ces écrits n'ont pas de thème réjouissant ou tapageur. Ils sont le reflet de la réalité. Réalité ? Apparence de la réalité ? Mais leur résonance vous happe, vous bouleverse parfois aux larmes, vous explore l'âme. Vous font vibrer tout simplement.

Et c'est pourquoi, je peux dire maintenant : Monsieur Reverdy, je vous aime...
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On trouve dans les livres de Pierre Reverdy cette limpidité où chaque vers est imprègné des beautés du monde. Un poète dont l'oeuvre montre que la poésie lui est quelque chose de l'ordre du pain quotidien ou de l'air qu'on respire. L'univers de Reverdy a pour modèle la limpidité hivernale, les merveilles du givre, l'éblouissement des cascades, les voiles de la pluie, les lueurs des vitres.
Pierre Reverdy cherche à aller au coeur des choses plutôt qu'à leur surface ; le poème sera plus une évocation de la réalité par le biais de ce que les images suggèrent qu'une description ou une narration. Il s'agit de rapprocher des mots aux sens éloignés les uns des autres pour créer une sorte de choc visuel.
Un lien charnel avec la nature, une simplicité enchantée .
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« L'art pour l'art ; la vie pour la vie, deux points morts. Il faut à chacun l'illusion des buts et des raisons. L'art par et pour la vie, la vie pour et par l'art. »

Je vous présente un poète, étymologiquement du latin poeta, du grec ancien ποιητής, poiêtes (« fabricant, artisan») .
N'était-il pas issu d'une lignée d'artisans languedociens, manouvriers de la pierre et du bois dans cette Montagne Noire où nature et solitude se joignent en un accord à la fois pathétique et serein ?
les mots à malaxer, à sculpter et produire un univers de formes accordées aux mystères du cosmos et à ceux, encore plus profonds, de la conscience ; et à coté, « en même temps » (mais pas comme cet olibrius qui pervertit la pensée et l'action), la nature à contempler avec sa singulière solitude, à réinventer en contemplant et rendre le rêve authentique pour consolider et élever l'imaginaire ; son obsession de l'accord entre l'art et la vie, comme tout bon ouvrier. Rien de spectaculaire ni de divertissant juste une riche oisiveté créatrice. L'Otium (le loisir) versus le Divertissement.
Il écrit une poésie de la pureté associée à la matière virtuelle que sont les mots, il y a chez lui un refus de toute ambiguïté, il cherche une pureté qui vise un absolu inaccessible, et pourtant propre au langage poétique lui même. On a l'impression qu'il y a chez lui un incessant combat avec l'Ange, mais sans être Prométhée, pourtant il est vrai que « la poésie est à la vie ce que le feu est au bois ».
En lisant sa poésie j'ai pensé à un sujet de philo que j'avais eu au bac C dans les années 1980 : « Nous soupçonnons qu'il faille être ange pour faire des mathématiques ». Pour lui je remplacerais facilement mathématique par poésie.
Lien : https://tsuvadra.blog/2021/0..
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Toujours, quelque chose échappe. Il y a une fenêtre, un mur, des gens qui passent, un air de guitare, un toit, peut-être un rayon de soleil. Que se passe-t-il? Rien, et tout. le poète découpe les mots, les désassemble. Il les dispose, en vrac ou en supplément de sens, sur la page, pleine de prose ou presque vide. On lit ceci sans comprendre, effleuré par des bribes de réalité, quelques mots qui s'envolent, des formule magiques, toujours un entre-deux, le seuil d'une porte fermée, un chemin à côté d'une maison sans habitant, un rêve qui tente de se lever. A la fin, c'est comme si on n'avait pas lu. La vraie poésie ne dit rien, elle murmure.
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Pierre Reverdy confiait que le poète pressent au fond de lui une réalité singulière. Ses sentiments sont à peu près ceux de tout le monde mais il voudrait tant donner de lui quelque chose qu'il sent ne pas être de tout le monde.
C'est tout ce que révèle Plupart du temps, recueil qui contient les premières oeuvres publiées par le poète à partir de 1915. L'auteur est dans une période d'écriture très prolifique, en plein épanouissement. Poèmes en prose ou en vers, choix de l'auteur, tous les textes sont défaits de l'usage du vers régulier et de la strophe.

Il n'y a pas d'emphase, pas d'effusion dans la poésie de Pierre Reverdy, seulement des choses vues, entendues comme rapportées dans l'instant par un regard attentif et sensible au présent.
Des images faites de passants traversés de sentiments, des lieux, des paysages composés de couleurs (souvent sombres), de jeux de lumières, de sons, de silences, qui apparaissent tous en mouvement ou immobiles, fugaces ou permanents,… Toute une réalité dispersée que l'auteur veut rassembler dans l'écriture, une réalité à qui il faut (re)donner vie.

La beauté des poèmes de Reverdy n'apparaît pas d'un bout à l'autre du texte, elle n'est pas démonstrative. C'est bien plus une beauté discrète, sous-jacente mais qui reste toujours sensible, sincère. Ce très beau vers tiré de « Sang de ménage » écrit en 1916 suffit à lui seul à dire l'attachement que l'on peut ressentir : « et les cyprès tiennent la lune dans leurs doigts ». Ces quelques mots évoquent tout un monde… Un monde à part, subtile, celui de la poésie de Pierre Reverdy.
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Tout son recueil est comme constitué de « cristaux déposés après l'effervescent contact de l'esprit avec la réalité ».
En termes précis, le poète cherche à situer sa relation entre lui-même (ou l'homme, de façon plus générale) et le monde, le rêve et la réalité.
C'est dans cette quête essentielle que se situe, pour Reverdy, la poésie. Elle est absence, elle est « dans ce qui n'est pas », dans ce qui manque.
Le poète recherche, hors de toute rhétorique, un dépouillement extrême de sa poésie.
Sa poésie demande à l'image de préciser la justesse d'un rapport intellectuel.

Reverdy peut être appréhendé comme un poète statique. Mais son immobilité est sillonnée par de grands frémissements d'une sensibilité discrète et réservée.
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Un peu de rêve, des mots qui dansent et le sourire de celui qui m'a fait découvrir ces très beaux poèmes. Voilà ce que représente ce livre dans lequel je vais encore régulièrement me replonger...
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Précurseur du surréalisme, les amateurs du genre aimeront beaucoup.
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