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Critique de umezzu


La lecture rapide de la quatrième de couverture de ce livre proposé lors d'une masse critique m'avait laissé espérer un roman historique au dix-huitième siècle autour d'un personnage méconnu, la princesse des Ursins.
En fait, Yves Revert propose plutôt l'histoire d'un amour, d'une passion ; mots sans doute excessifs, les relations semblant trop à sens unique entre Mme des Ursins et M. d'Aubigny, son cadet de dix-huit ans. D'Aubigny a suivi, adoré, servi, cette femme de haute noblesse, qui l'a flatté, en le remarquant parmi d'autres alors qu'il avait dix-huit ans. Elle a tenu divers rôles, beaucoup voyagé, toujours avec d'Aubigny à son côté. Un genre de couple, mal assorti, entre une très haute aristocrate et un petit noble, qui avec le temps s'est habitué à s'entendre dans son dos traiter de gigolo.

Les années ont passé et un jeune chevalier, banni de la cour, est envoyé en exil chez M. d'Aubigny. Pourquoi est-il là ? Qu'a t-il fait ? A qui écrit-il ces lettres dans lesquels il décrit une sombre bâtisse au bord de la Loire, où le maître des lieux semble rêvasser et perdre le fil de ses pensées, entouré par un dernier serviteur taiseux ?
Le jeune homme connaît le passé de d'Aubigny et cherche malgré le mutisme de son interlocuteur à l'amener à parler de cette princesse des Ursins, qui continue à fasciner la jeune génération.

Petit à petit, d'Aubigny va lâcher quelques éléments de son passé et des grands moments qu'il a vécus à Madrid aux côtés de sa maîtresse à la cour de Philippe V. Envoyée en Espagne par madame De Maintenon pour contrôler et espionner le jeune petit-fils de Louis XIV, à qui la couronne d'Espagne revenait par le testament du roi Charles II, disparu sans descendance, la princesse des Ursins va si bien réussir sa mission qu'elle va devenir incontournable auprès du couple royal.

D'Aubigny pourrait tant raconter… Mais ses souvenirs semblent diffus, peut-être que sa mémoire le fuit, l'amenant à psalmodier le nom des grands d'Espagne qu'il a côtoyé et qui ont disparu. Les raisons de son attachement à la belle princesse, qui, dans sa jeunesse, avait aimé ses longues jambes et son impétuosité demeurent inexplicables.

Yves Revert alterne dans ses chapitres la vision de l'ancien chevalier et celle de son invité, qui quelque part doit lui rappeler ce qu'il était il y a bien longtemps. Cette construction perd un peu le lecteur durant les premiers chapitres, d'où seul ressortent les conséquences de l'âge, la dureté de l'hiver, et des regards tournés vers le passé, même quand d'Aubigny regarde passer les gabares sur la Loire.

Par la suite, ce qui était tu se fait jour, et le récit devient plus intéressant, mais l'histoire de la guerre de succession d'Espagne, le rôle de ministre occulte, voire de décideuse ultime, de Mme des Ursins, n'est que peu développé. Reste un personnage difficile à cerner, ayant réussi à s'imposer à une époque où les femmes ne connaissaient pas ce genre de premier rôle. Reste aussi cet homme vieillissant regardant, droit comme une statue, son passé défiler.

Bien écrit, complexe dans sa construction, ce roman intéressera plus par la psychologie de ses personnages que par l'arrière décor historique.
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