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Critique de Bazart


Il y a des livres qu'on lit très vite, qu'on range et qu'on oublie aussitôt et puis il y a ceux, rares, qu'on trimballe avec soi pendant longtemps, auxquels on pense et on repense, dont on a envie de parler avec un ami, une collègue au détour d'un couloir, une maman ou celui qui partage sa vie…

En août 2008, Anne-Marie Revol, journaliste à France 2, perd ses deux petites filles dans un incendie alors qu'elles étaient en vacances dans le Sud à St Restitut dans la maison de leurs grand-parents.

Chaque jour ou presque pendant plus d'un an, à partir de la veille du drame, l'auteur adresse une lettre à celles qu'elle appelle mes divines idylles, mes tourments, mes fripouilles, mes oasis, mes centres du monde, mes mignardises, mes fantômes et mille autres surnoms.

Elle leur écrit le choc, la colère, la tristesse immense, le déni mais jamais l'abattement. Elle leur raconte combien le quotidien est devenu un parcours semé d'épreuves car tout évoque leur image, leur existence (chansons, objets retrouvés par hasard, commerçants du quartier à qui il faut annoncer la nouvelle, crèche en bas de l'immeuble devant laquelle il faut passer tous les matins, dates et anniversaires, fêtes, répondeur).

Elle crie leur absence dans cet appartement qu'elle aimerait miraculeusement trouvé rempli de cris en rentrant le soir, dans ses dimanches matin qui ont perdu leur saveur, dans ces familles non amputées qu'elle croise, dans ces enfants qu'elle voit grandir alors que ses filles resteront jamais figées dans leur petite enfance.

Elle leur raconte aussi ses voyages à deux, avec le père des petites..fuite ou bouée de sauvetage, les plus beaux paysages perdent leur saveur quand on sait qu'ils ne seront jamais vus par les êtres qu'on a porté.

Anne-Marie Revol est très bien entourée par la famille, les amies, suivie par un psy mais malgré tout, quelle force, quelle volonté de vie !…continuer à sortir, rire, manger, faire l'amour, voyager malgré tout, c'est peut-être cette façon de mener sa barque qui l'a sauvé.

Quel témoignage d'amour envers ses filles mais aussi envers cet homme, le papa et l'amoureux. Bien des couples se déchirent, s'effondrent, s'éloignent, se renvoient la faute : ici ils tombent à terre mais ensemble et sans jamais se lâcher la main.

Bien-sûr, j'ai refoulé avec grand-peine mes larmes dans le métro et dans tout endroit public où j'ai lu quelques pages de ce livre. Parfois je les ai laissé couler en pensant « mince fais gaffe un livre de bibliothèque ». le soir, difficile de s'endormir comme si de rien n'était après avoir vécu dans la tête de cette mère.

J'ai même menacé l'homme de ne plus jamais me séparer de mes enfants, ne serait-ce que l'espace d'un week-end, de ne plus les confier à personne….sauf qu'on élève pas des enfants pour les garder toute sa vie contre soi mais pour qu'un jour ils puissent s'envoler de leur propres ailes.

Malgré le drame, ce livre est aussi une formidable leçon d'espoir, comme une petite lumière qui perce et grandit dans les dernières pages de Nos étoiles ont filé….

http://www.baz-art.org/archives/2013/01/21/28263589.html
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