« Ce qui me charme, au printemps, c’est l’aurore. Sur les monts, tandis que tout s’éclaire peu à peu, de fins nuages violacés flottent en bandes allongées.
En été, c’est la nuit. Naturellement, le clair de lune ! Mais aussi la nuit obscure, où les lucioles s’entrecroisent çà et là. Et même quand la pluie tombe, cette nuit me semble belle.
En automne, c’est le soir. Le soleil couchant, lançant ses brillants rayons, s’approche de la crête des montagnes. Les corbeaux, qui se hâtent vers leurs nids, volent par trois, par quatre, par deux : c’est d’une tristesse ravissante. »
— Début de Notes de l'oreiller dans la traduction de Michel Revon (dans « Anthologie de la littérature japonaise : des origines au XXe siècle », éd. C. Delagrave, coll. Pallas, Paris)
L’océan du ciel
Sur l’océan du ciel
Les nuages en vain se dressent
Et la lune, frêle esquif,
À travers la forêt d’étoiles
Fait rame, sombre, et disparaît.
//Kakinomoto No Hitomaro / 柿本 人麻呂 (662 – 710)
//Traduit du japonais par Michel Revon
Le "Manyôshu", c'était la grande poésie, celle que des coeurs neufs saven trouver en présence de la nature ou dans l'observation sincère de l'humanité. Le "Kokinshu", c'est la poésie sentimentale que fait naître la vie de cour, c'est à dire un art plus raffiné quant au fond et plus factice dans la forme.