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Critique de Fleitour


Palimpsestes de Luc-André Rey est presque un requiem, un chant comme un adieu, adieu aux mots ou aux êtres qui se sont attachés à sa voix. Un recueil de poèmes où le coeur semble seul parler, à fleur de peau, celle qui frémit à l'approche d'une âme soeur, "parle moi de toi, parle moi, mais ne me parle pas de là où tu n'es pas" p 26.


" Laisse toi mon coeur un regard laisse-moi tes mains entre les miennes", Luc-André Rey n'est pas un solitaire, il est celui qui parle, écoute et vit et se nourrit d'autrui, la main qui l'a éduqué, son grand père est sans cesse dans ses pensées, présence charnelle de mots vivants, de "ces mots murmurés qu'on n'ose à peine les lèvres" p 38.


Le poète est aussi celui qui marche au bord du monde, "le temps d'y disperser quelques peines dont on sait que si elles me suivent je me noie". C'est aujourd'hui le grand voyage dit il encore, quand les mouvements de son corps bientôt ne le porteront plus. Luc-André Rey se pense en sursis, d'un après, qui sera plus grand, plus beau, plus fraternel surtout, plus humain à "l'autre bout du monde mon visage prêt du tien, l'extrême bord.."p 67


La mort est là sans doute palpable, il marchera vers son ultime voyage , (le 24 juillet2015) que quelques semaines après avoir mis les derniers mots à son recueil, "le corps de ce corps on n'en sait pas le nom le notre n'était lui qu'un habit et on le sait, un proche matin ne sera que le corps de dans le corps de" mail du 18 mai 2015,


Dans le dernier texte il revient sur la marche, comme "marcher au flanc de ce vertige qui nous invente chair" p 85. A la juste vitesse on ne connait plus rien des choses du quotidien, marcher, pour s'abrutir, s'assourdir, s'aveugler, à chaque pas risquer le gouffre, il nous invite clairement à le suivre dans la quête de liberté.


"Perdre coeur se taire et là nous vient le monde entier,"  ses derniers vers "que chante sous nos pieds ce corps", ouvrent le requiem de Luc-André Rey son chant d'adieu.


Ces textes intimistes et au rebord d'une sensualité en souffrance, réinventent un monde onirique et charnel, un monde ou les mots sont l'alpha et l'oméga de sa vie, ils le relient au monde des vivants, vers des souvenirs heureux, ses blessures, laissées au bord du chemin "c'est de marcher que le bonheur revient".
Un monde fragile comme le verre, sensible jusqu'à la pointe des jours.
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