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Critique de Seraphita


« Palimpseste » : d'après le centre national de ressources textuelles et lexicales, ce peut être un manuscrit sur parchemin d'auteurs anciens que les copistes du Moyen Âge ont effacé pour le recouvrir d'un second texte. Par analogie, ce peut être un support sur lequel on écrit, susceptible d'être effacé après usage. Au figuré, on peut y voir une oeuvre dont l'état présent peut laisser supposer et apparaître des traces de versions antérieures. Mais « Palimpsestes », c'est aussi un recueil de poésies de Luc-André Rey, son oeuvre ultime qu'il avait finalisée quelques semaines tout juste avant sa mort, le 24 juillet 2015.

C'est un ouvrage bouleversant – qui demande à être lu et relu, tant les mots qu'il porte en lui a pu trouver en moi l'écho d'un appel. J'ai pu le découvrir grâce à une opération de Masse Critique orchestrée par Babelio.

Une très belle préface de Dana Shishmanian, poète, situe la place de « Palimpsestes » dans l'oeuvre de Luc-André Rey. Trois parties rythment le recueil : « Epars », « Mes petites légèretés quotidiennes » puis un « Epilogue ».
Chaque poème est un petit fragment d'abstraction, les mots se tenant côte à côte, hors scansion d'une ponctuation, les vers collés ou bien séparés par l'espace d'un blanc. Et pourtant, réunis par un titre ou non, un sens émerge, une mélodie et, avec eux, un cortège d'émotions. Dans ces mots épars, sans début ni fin a priori, on ne sait ni où ni quand interrompre la lecture, tant et si bien que le recueil peut se lire en une longue goulée – en apnée – dans un monde kaléidoscopique.

Quelques thématiques se font jour, mots-clés lancés comme points d'ancrage des déambulations de ce poète de rue : entre le dedans et le dehors, au bord de la vie ou sur ses bords, le corps et la pensée se nouent, s'attirent et se repoussent, tandis que plane l'ombre d'un amour. L'ultime poème, « Marcher », condense tout le talent de l'auteur dont on comprend qu'il aimait ciseler au plus près la forme des mots qu'il gravait dans le marbre de la page, effaçant et réécrivant ses vers pour les ajuster au plus proche de ses désirs, en une exigence infinie.

Je tiens à remercier vivement Babelio et les éditions L'échappée belle pour ce voyage poignant en un puissant univers poétique où l'on peut tout à la fois se perdre et se trouver.
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