AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330098322
208 pages
Actes Sud (03/01/2018)
3.16/5   19 notes
Résumé :
Elle est avocate, le droit du travail est son domaine. Elle défend ceux qui ne comprennent plus ce qu'on attend d'eux. Affolés, incrédules, ils sont licenciés ou malmenés, ils résistent, ils se battent, se contorsionnent pour ne pas chuter. Comme une figure de proue, l'avocate écoute et défend mais, après ses journées de guerrière, elle se faufile dans la grande ville, tente de s'y perdre, de prendre le large, de reconstruire sa légèreté, de convoiter l'oubli des au... >Voir plus
Que lire après ClientèleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La narratrice est avocate spécialisée dans le droit du travail. Elle décrit ici quelques unes de ses expériences professionnelles avec des clients. Elle gère les dossiers de chefs d'entreprise très importants comme ceux de personnes beaucoup plus modestes. Certains prennent rendez-vous et ne se présentent jamais, d'autres, alors qu'ils ont gagné leur affaire, ne viennent pas récupérer leur argent, d'autres essaient de négocier un licenciement contre des avantages en nature… on voit tout type de personnes. A côté de ça, la narratrice nous raconte sa vie après le travail au cabinet, ses sorties, son inquiétude pour son fils…

J'ai emprunté ce roman à la médiathèque de ma commune car la question du droit du travail m'intéresse à titre personnel. J'ai malheureusement été déçue, j'ai failli abandonner plusieurs fois ma lecture.
Tout d'abord, sur le plan stylistique, l'utilisation de la première personne du pluriel est étonnant et ne m'a pas convaincue du tout. J'ai trouvé ce procédé vraiment lourd et peu impliquant pour le lecteur contrairement à une première personne du singulier ou même à une troisième personne.
Quant au texte en lui-même, ici il s'agit du récit de dossiers mais sans aucune personnalisation, aucun nom ni prénom, aucun détail un peu plus précis. Cette impersonnalité voulue par l'auteur m'a dérangée et je n'ai pas réussi à m'impliquer vraiment dans le récit.
A la fin de chaque chapitre, l'auteur évoque sa vie personnelle, pour moi ces digressions sans aucun lien avec l'histoire n'apportent aucun intérêt et sont même ennuyeuses. La demande de rendez-vous pour son fils chez le psychiatre est terriblement répétitive et lassante.
Dommage, je trouvais l'idée de départ de ce livre originale, au final je me suis beaucoup ennuyée.
Commenter  J’apprécie          230
Avocate spécialisée en droit du travail, Cécile Reyboz nous propose un panel de clients. Leurs problèmes au travail les amènent à rencontrer la narratrice, avocate comme elle.
Celle-ci utilise le « nous » à la place du « je » pour raconter ses rencontres avec eux (ce qui est un peu agaçant)
Sa journée finie, elle devient à son tour cliente, de boutiques, de galeries, de restos, de boites de nuit…..
Régulièrement, elle écrit des brouillons de lettres à un psy pour lui demander de prendre en charge son fils attiré par la violence.
C'est bien sûr inspiré de la vie de l'auteur, mais écrit comme un roman.
C'est d'ailleurs bien écrit.
L'alternance des rendez-vous de clientèle et de la vie privée allège le côté professionnel qui pourrait être un peu pesant.
En tout cas, cette avocate est plutôt sympathique et soucieuse de ses clients au-delà du problème qui les fait se rencontrer.
Un roman qui est une bonne manière d'entrer dans le monde des avocats.
Commenter  J’apprécie          180
Je ne connaissais pas cet auteur, mais avec Actes Sud pas de mauvaises surprises .
Effectivement j'ai été agréablement surprise par cette lecture.
Une avocate raconte ses débuts de contacts avec ses futurs clients.Elle est spécialisée dans le droit du travail, et les licenciements souvent jugés abusifs par les plaignants sont son quotidien.Elle essaie toujours de leur faire raconter l'essentiel , les détails sont pour plus tard ,et le chagrin ressenti par ces hommes et femmes en détresse est souvent profond. L'avocate emploie toujours le « nous » pour décrire ces entretiens.
Mais , en miroir , elle raconte aussi sa propre vie après le travail , pas folichonne non plus, elle est surtout moins sure d'elle que ne pourraient le penser ses clients.
D'ailleurs parfois elle nous propose un brouillon de lettre qu'elle a l'intention d'envoyer à un thérapeute, lettre assez longue au départ, où elle explique son problème, et qui se terminera quasiment en lettre administrative afin d'avoir un rendez-vous.
L'auteur est avocate , ce qui explique certainement la justesse de ton de son livre.
Commenter  J’apprécie          80
Nous suivons la narratrice au gré d'épisodes évoquant tantôt son quotidien d'avocate en droit du travail, tantôt ceux qui la mettent en scène dans certaines de ses activités exercées à titre personnel. le récit met ainsi en parallèle sa position de professionnelle faisant face à des clients, et les moments où elle devient cliente à son tour.

Se désignant, dans la première, par le truchement d'un "nous" qui la dépersonnalise au profit de sa fonction, elle démontre au travers de ses dossiers la variété des situations et des profils qu'elle est amenée à défendre. Clients de mauvaise foi ou paranoïaques, vrais victimes d'un monde du travail où sévissent ségrégation, sexisme et harcèlement, cadres supérieurs et ouvriers, employés de bureaux et conseillers clientèle, consultants ou administrateurs, ils sont discrets ou arrogants, hommes ou femmes, jeunes ou quinquagénaires, sourds ou attentifs. Ils pleurent ou crient, s'exaspèrent ou se désolent... Mais pour tous, s'impose ou s'est imposé un impératif : il faut convaincre, vendre, si ce n'est un produit ou un concept, sa propre valeur.

Hors du bureau, récupérant son "je", elle sort avec son petit ami dans des restaurants chics où ils aiment croiser des célébrités et se procurent le vague frisson de n'être pas vraiment à leur place, flâne dans des galeries d'art avec la gène et l'appréhension que suscitent sa conscience de ne pas y être perçue comme une cliente potentielle. Comme si elle était à la recherche du gabarit qui détermine notre place dans ce monde où la valeur des uns se mesure selon besoin des autres, et comme pour expérimenter la mise à l'écart d'une société où on est jugé selon son pouvoir d'achat, catégorisé selon capacité à consommer.

En cantonnant la majorité de son récit aux aspects commerciaux de nos vies, elle met en évidence l'importance, dans les rapports entre individus mais aussi dans l'image qu'on a de soi-même, de la fonction, du métier, qui place socialement et suggère un mode de vie, des contraintes et des avantages, et qui surtout permet de mesurer l'ampleur des ressources. Nous sommes ainsi jugés, comme nous nous jugeons nous-mêmes, à l'aune de normes relevant davantage du plan comptable que de valeurs humaines.

Et elle évoque comme en passant, à l'occasion d'une pensée qui lui traverse fugacement l'esprit, les limites de ce monde capitaliste de multinationales cotées en bourse mais déficitaires, de grands groupes industriels qui polluent, trichent et licencient, "ruines de nos chefs d'oeuvres écroulés qui menacent plus qu ils ne protègent", mais autour desquels les salariés, peut-être les derniers de ce monde, "continuent d'espérer et de chercher pitance"... l'argent et la performance sont devenus les cartes maîtresses d'un jeu dont les perdants, nombreux, inspirent une méprisante indifférence que révèlent entre autres les lieux souvent incongrus et difficilement accessibles dans lesquelles se tiennent les instances prud'homales...

"Clientèle" est un récit original, drôle et percutant, constitué d'une succession de paragraphes à la dimension a priori anecdotique et pourtant significative, qui poussent à une réflexion plus profonde que ne pourraient le laisser croire son ton empreint d'humour et l'apparente superficialité de sa narratrice.

Une découverte intrigante, et une lecture fort agréable...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          10
C'est à une magnifique découverte que nous invite la narratrice, avocate spécialisée dans le droit du travail, celle d'une humanité variée, riche dans ses manifestations, ses réactions, souvent surprenantes .
à travers des entretiens téléphoniques ou des faces à faces, nous découvrons ces hommes et ces femmes, issus de milieux très différents, confrontés souvent à des licenciements abusifs, incapables d'exprimer rationnellement ce qui les amène devant l'avocate, submergés qu'ils sont par des émotions qui n'ont pas vraiment leur place dans ce monde juridique.
En alternance, s'intercale la vie privée de la narratrice et en particulier la rédaction en plusieurs étapes d'un courriel concernant son fils où l'on voit progressivement comment elle- même "dégraisse" son texte des émotions avant de devenir uniquement factuelle. Bref, faire ce qu'elle demande à ses clients ! Il s'y révèle aussi ses failles et une belle analyse des apparences. Un texte à mille lieues du roman que j'avais lu auparavant (les Bestioles) mais effectivement très réussi.
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
LeMonde
26 janvier 2018
Avocate, l’héroïne de « Clientèle » se bat pour des salariés abusivement licenciés. Heureusement, elle a la tendresse des siens.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Beaucoup de nos clients déclarent se moquer de l’argent, et affirment que ce qu’ils veulent surtout, c’est que leur employeur soit condamné, qu’il ait officiellement tort. C’est le plus souvent sincère mais parfois aussi c’est une pudeur, l’inquiétude de paraître vénal. Nous expliquons alors que le législateur n’a trouvé que l’argent pour mesurer et réparer ce mal dont ils se plaignent.
Commenter  J’apprécie          10
C’est une femme, ou plutôt une jeune fille vieillie ; sourire fragile et juvénile, poignets graciles, cheveux en carré sage, vêtements simples aux lignes nettes, loin du corps. Une montre chic au sigle de son employeur : une grande marque de joaillerie. Elle a trente-quatre ans, et onze années d’expérience chez ce joaillier réputé dans le monde entier. L’immense majorité de nos clients déguise son métier de formules absconses et tapageuses, apprises en séminaire de communication. Souvent d’ailleurs, ledit métier est réellement inexplicable, incompréhensible, probablement inutile. Cette femme, elle, peut exactement décrire sa fonction. Elle a appris son métier année après année, de promotion en promotion.
Commenter  J’apprécie          00
Découvrir autrui est toujours moins violent que s’exposer, soi. Dévoiler en une seconde les codes auxquels nous consentons à nous soumettre, pensant les maîtriser (couleur de veste, bijoux, propreté des ongles), ceux auxquels nous croyons nous soustraire (pas de bloc-notes relié de cuir mais le verso de vieux papiers), et tout ce qui nous échappe (le reste de notre personne, tout le reste, âge, sexe, gestuelle, timbre de voix, texture de peau, débit de parole, sueur, regards, spontanéité, inattentions, accent, rires. Échappements de chairs, glissements de cheveux, aura, absence d’aura. Rigueur innée, aisance acquise, ou l’inverse. Sexe, âge). Sourire, tendre la main.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis décemment vêtue même si pomponnée, parfumée et relevée de rouge, c’est une rue passante, dénuée d’ambiguïté, oui mais tout de même. Atténuer le claquement des talons, immobiliser le sac qui balance. J’inspecte le restaurant à travers ses vitres sans oser m’y coller carrément ; j’observe les créatures jeunes et nerveuses, indécises, qui entrent et sortent, s’isolent puis se regroupent, quittent leur dîner pour fumer ou téléphoner, terminent une phrase grave sur un rire.
Commenter  J’apprécie          00
Monsieur J. veut seulement soupeser son préjudice, le chiffrer, le nommer; ça l'aide à la supporter. Il ne veut rien d'autre. Il n'ose pas, ou bien savoir qu'il a raison suffit à panser son dommage.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : AvocatsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

L'inconnu du donjon d'Evelyne Brisou-Pellen

Comment se prénomme notre jeune héros?

Guilhem
Garin
Trousse quelquechose
Torticolis

20 questions
420 lecteurs ont répondu
Thème : Garin Trousseboeuf, tome 1 : L'inconnu du donjon de Evelyne Brisou-PellenCréer un quiz sur ce livre

{* *}