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EAN : 9782720216473
Fayard/Pauvert (18/10/2017)
4.33/5   12 notes
Résumé :
Peintre colombienne renommée, Emma Reyes était également une conteuse hors pair. Encouragée à écrire par Gabriel García Márquez, elle fit de son enfance accidentée dans la Colombie des années vingt le plus étonnant des récits.Dans ces vingt-trois lettres inédites adressées à son ami Germán Arciniegas entre 1969 et 1997, Emma Reyes raconte à travers la lorgnette d'une petite fille à l'imagination fantasque les aventures terribles, cocasses, émouvantes qui ont jalonné... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une découverte hier soir, en fouinant dans une des librairies de ma ville.
La couverture (un détail très coloré, flamboyant d'un tableau de l'auteure-peintre) a attiré mon regard, ainsi que le contenu du 4e de couverture, qui m'a révélé une artiste colombienne dont j'ignorais jusqu'au patronyme...

Inutile de vous préciser mon enthousiasme, puisque j'ai lu ces
Lettres dans la nuit !!

Emma Reyes, née en 1919, à Bogota, enfant abandonné de ses deux parents, se retrouve seule au monde avec Hélène, sa soeur, aînée de 2 ans et demi...une enfance des plus chaotiques et malmenées... remplie de mauvais traitements... pour finir 15 années dans un couvent, à travailler, prier,subir vexations, punitions, et sermons où le Diable et le Péché... sont les obsessions quotidiennes des religieuses; et tout ce temps d'enfermement, de coupure avec le monde extérieur ,sans recevoir ni instruction, ni culture... Ce qui sauvera notre vaillante "narratrice",
c'est à la fois la présence protectrice de sa soeur et son travail à l'atelier de broderie, au couvent, où ses dons en dessin se révélèrent... Cette passion deviendra toute sa vie...

Ces lettres sont accompagnées de dessins de Emma Reyes; dessins où il y a une présence récurrente de petits enfants et de mères...aimantes !

Cela pourrait être un einième récit d'enfance malheureuse, mais ce qui change tout à ce récit par lettres ( adressées à son ami et critique,Germain Arciniegas, entre 1969 et 1997), c'est la tonalité extraordinaire, rendue par le style plein d'images et de couleurs, d'anecdotes naïves, qui rendent avec beaucoup de finesse, la sensibilité extrême des enfants...

"Elle s'est approchée de la grande porte, a d'abord posé le panier, puis le Petit, bien calé contre la porte, et quand elle a commencé à lui couvrir la tête sous la couverture, j'ai compris qu'on était en train de l'abandonner. (...) Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai su d'un coup ce qu'était l'injustice et qu'à quatre ans, un enfant pouvait désirer ne plus vivre et être
englouti dans les entrailles de la terre. Ce jour-là restera sans doute à jamais comme le plus cruel de mon existence.
Je ne pleurais pas, mes larmes n'auraient pas suffi, je ne criais pas non plus car mon sentiment de révolte était plus fort que ma voix. "(p. 70-71)

Ces Lettres sont éditées en France, parallèlement à une exposition de cette artiste ayant lieu au Musée de Dordogne à Périgueux jusqu'en mars 2018...
Car curieuse de cette artiste inconnue, j'ai été découvrir ses toiles... D'une variété infinie...tant au niveau des sujets, des styles et des couleurs !
Une oeuvre originale, riche et insolite , du figuratif à l'abstrait.

"Préface - Piedad Bonnett, 2012
Dans les vingt-trois lettres qui constituent ce recueil, chacune abordant un chapitre de son enfance, on goûte le ton alerte des récits oraux grâce au formidable talent de la conteuse d'Emma Reyes (...)

Mario Volpi soutenait que tout dans les tableaux d'Emma Reyes était " à la fois élémentaire et raffiné, authentique et instinctif", remarque qui s'applique aussi à cet ouvrage d'une facture trompeusement naïve. Car au-delà de la chronique de sa vie, l'auteure a eu à coeur d'y croquer la Colombie discriminatoire, classiste et raciste de son enfance, celle des années trente "(...) (p. 8)

Une très belle découverte que je m'empresse de partager avec vous !...


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C'est avant tout la couverture qui m'a poussée à lire ce livre. J'ignorais absolument tout de l'auteure. Je n'avais jamais entendu parler ni vu aucune de ses peintures.
J'ai donc entrepris cette lecture sans attente particulière, ouverte à toutes les découvertes.
Dans 23 lettres adressées à son ami Germán Arciniegas, ministre de l'éducation en Colombie, Emma Reyes raconte son enfance malmenée.
Nées de père inconnu, abandonnées par leur mère, Emma et sa grande soeur Helena sont ballotées d'un lieu à un autre, d'une famille à une autre.
Leur premier foyer sera celui de mademoiselle Maria, une mystérieuse jeune femme qui les accueille dès leurs plus jeunes âges, mais les violences qu'elle impose aux fillettes les obligent à trouver refuge dans un four désaffecté, ne devant leur nourriture qu'à la pitié d'un voisin.

Lasse de ce fardeau, Mademoiselle Maria laisse les enfants sur un quai de gare avant de prendre le train.
Les deux fillettes sont recueillies dans un couvent de religieuses et pour Emma, c'est la découverte du dessin par le biais de l'atelier de broderie tenu par les nonnes. On découvre alors avec la petite Emma les stupéfiantes superstitions d'un catholicisme mal compris fait d'intolérance et de brimades. Les bonnes soeurs punissent le pipi au lit de raclées mémorables persuadées d'agir pour le bien des enfants.
J'ai suivi la petite Emma dans sa lente évolution vers la maturité avec attendrissement.

L'écriture brutale, précise et sans fioriture donne l'idée du traumatisme subi et de la force nécessaire qu'il a fallu à l'auteure pour se construire et trouver l'apaisement dans la peinture et le dessin.

Merci à NetGalley et aux Editions Fayard-Pauvert qui m'ont permis de lire un texte bouleversant et de découvrir par une recherche plus approfondie, quelques peintures de l'auteure.
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23 lettres ni plus ni moins écrites à son ami Germán Arciniegas. 23 lettres publiées en 2012 sous le nom de Memoria por correspondencia après sa mort comme elle l'avait souhaité. 23 lettres où sans acrimonie, sans haine, sans esprit de revanche , elle se raconte, elle nous raconte sa petite enfance dans un quartier pauvre de Bogota, puis leurs pérégrinations avec Mademoiselle Maria et Héléna sa soeur qui les mèneront à Guateque puis à Fusagasuga , la pauvreté, la maltraitance, leur abandon, puis le couvent où elles sont recueillies moyennant un travail acharné . Elle y entre vers l'âge de 5 ans et s'en échappera 13 ans après!
Une vie différente l'attend au gré de ses pas , de ses voyages, de la découverte de la peinture , univers où elle se fera un nom mais cela est une toute autre histoire... mais ces années ,enfermée derrière trois portes verrouillées, auront à coup sur développé un imaginaire déjà fécond. le monde qu'elle nous dépeint avec ses hiérarchies sociales, la main mise de l'Eglise sur les âmes des plus pauvres et des plus fragiles, la maltraitance des enfants, leur exploitation au nom de Dieu , tout cela a bel et bien existé et malheureusement continue à être une réalité actuelle quel que soit le motif invoqué !
Merci aux éditions Fayard pour cette belle découverte .
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Merci aux éditions Fayard et à net galley de m'avoir permis de lire Lettres de mon enfance de Emma Reyes.
Avec cet ouvrage où sont regroupées 23 lettres écrites par Emma Reyes, on découvre l'enfance de cette peintre colombienne renommée et que pourtant je ne connaissais pas du tout ! Mais il est vrai que je ne suis pas amatrice de peinture, donc cela n'est pas surprenant.
Lettres de mon enfance est un ouvrage très intéressant, c'est vraiment bien écrit et j'ai lu ce livre d'une traite.
J'ai découvert une gamine touchante, qui a eu une enfance vraiment très difficile. Je trouve que ça interpelle, il est impossible de rester insensible à une telle lecture.
Ce sont de jolies lettres, remplies de sensibilité et je suis ravie de ma lecture.
Je mets quatre étoiles à ce livre qui m'a permis de découvrir une artiste qui m'était inconnue.
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La préface est très éclairante sur la manière d'écrire de l'artiste. J'ai été très touchée par cette femme qui a une boulimie d'écriture alors qu'elle a été privée d'éducation jusqu'à son adolescence. Celle-ci passée en Colombie dans les années 1930 où la société est discriminante et raciste. Les parents d'Emma Reyes l'ont abandonnée, sa mère adoptive le fera également quelques années plus tard, elle a du survivre et se construire seule avec sa soeur.

Les 23 lettres choisies illustrent un chapitre de l'enfance de l'auteure.
J'ai adoré la fraîcheur de l'écriture qui jouxte une naïveté touchante. Les illustrations et les reproductions des lettres originales sont bouleversantes et nous plongent dans ce récit conté.

Les lettres sont un recueil de souvenirs de l'auteure, les événements du présent lui permettent en tant qu'adulte de replonger dans son passé, le discours est teinté d'humour même s'il retrace des heures pas forcément très heureuses.
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critiques presse (1)
LeMonde
03 novembre 2017
L’artiste peintre colombienne (1919-2003), qui a longtemps vécu et qui est morte en France, a laissé une merveilleuse chronique de sa jeunesse écorchée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle s'est approchée de la grande porte, a d'abord posé le panier, puis Le Petit, bien calé contre la porte, et quand elle a commencé à lui couvrir la tête sous la couverture, j'ai compris qu'on était en train de l'abandonner. (...) Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai su d'un coup ce qu'était l'injustice et qu'à quatre ans, un enfant pouvait désirer ne plus vivre et être englouti dans les entrailles de la terre. Ce jour-là restera sans doute à jamais comme le plus cruel de mon existence.
Je ne pleurais pas, mes larmes n'auraient pas suffi, je ne criais pas non plus car mon sentiment de révolte était plus fort que ma voix. (p. 70-71)
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Préface - Piedad Bonnett, 2012

Dans les vingt-trois lettres qui constituent ce recueil, chacune abordant un chapitre de son enfance, on goûte le ton alerte des récits oraux grâce au formidable talent de la conteuse d'Emma Reyes (...)
Mario Volpi soutenait que tout dans les tableaux d'Emma Reyes était " à la fois élémentaire et raffiné, authentique et instinctif", remarque qui s'applique aussi à cet ouvrage d'une facture trompeusement naïve. Car au-delà de la chronique de sa vie, l'auteure a eu à coeur d'y croquer la Colombie discriminatoire, classiste et raciste de son enfance, celle des années trente (...) (p. 8)
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Si tu me demandes quel fut le premier amour de ma vie, je t'avouerai que ce fut soeur Maria. Mon amour pour elle était des plus étranges, je la considérais à la fois comme ma mère, mon père, mes frères et soeurs, et mon fiancé. Elle réunissait pour moi tous les types d'amour et toutes les nuances de tendresse. (p. 195)
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Tout était dans le monde, sauf nous...On n'avait le droit de demander aucune explication sur rien, ce qui venait du monde était péché, point. (...)
Nos vies étaient dépourvues d'avenir et nous n'aspirions qu'à filer tout droit du couvent au Ciel sans effleurer le monde. (p. 132)
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Le souvenir que je garde de cet incendie est celui du plus beau, du plus extraordinaire spectacle de mon enfance. J’ai cru pendant très longtemps que l’incendie faisait partie des fêtes données en l’honneur de M. le Gouverneur.
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Vidéo de Emma Reyes
Exposition de l'artiste à Périgueux, jusqu'en mars 2018
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