En 500 et quelques pages, Reynaert balaie l'Histoire de France avec pour volonté affichée de pourfendre les clichés. Un ouvrage pas parfait, sans révélation fracassante puisque les historiens cités dans ses notes ont déjà fait le taf, mais salutaire.
N'étant pas historien, l'auteur s'autorise pas mal de choses dont certaines feront hurler pas mal d'universitaires. Une grande liberté de ton qui rend le bouquin agréable à lire et souvent drôle… un travail correct sur les faits rapportés (mis à part quelques approximations et erreurs pas rédhibitoires pour un ouvrage de vulgarisation)… un traitement inégal des périodes (les chapitres sur le XXe s. sont à oublier)… et surtout l'objectivité scientifique qui en prend un coup. Niveau méthodologie, le bât blesse, Reynaert tombe à l'occasion dans le travers qu'il dénonce.
Les clichés qu'il décortique sont issus d'une certaine façon d'écrire l'Histoire, variable suivant les époques, le contexte, les sensibilités des historiens (monarchistes, républicains, marxistes, nationalistes, catholiques, anticléricaux…). Il pointe du doigt avec justesse les prismes déformants… mais on sent aussi la subjectivité, le parti pris, la condamnation, bref son prisme à lui. Ce qui revient à se tirer une balle dans le pied.
Dommage, parce que le bouquin aurait pu être une excellente synthèse sur la construction de la France (territoire, Etat, nation) et ses mythes (ou ses vérités). J'en suis ressorti avec l'impression d'une lecture sympathique, salutaire dans son objectif mais pas impérissable. Intéressant à lire pour la culture générale et les questions historiographiques soulevées, mais à prendre avec du recul.
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