An 2300. Verity Auger est une archéologue qui recherche des artefacts sur ce qui était autrefois la Terre, qui demeure maintenant dépeuplée et anéantie par une catastrophe nommée Nanocauste. Son destin changera à partir du moment où elle acceptera une mission qui consiste à traverser un trou de ver qui la mènera sur une Terre bis en 1959. Verity fera la rencontre de Floyd, détective bien ancré dans son époque et avec qui elle mènera l'enquête pour retrouver l'assassin de Susan White, jeune Américaine soupçonnée d'être une espionne. Tous les deux suivront les pistes et braveront les dangers envoyés par les Slasher, civilisation des temps futurs et prête à tout pour récupérer cette version de la Terre.
Franchement Alastair, on peut dire que tu me vends du rêve ! Mais j'avoue n'avoir aucune idée dans quoi je m'embarque. Auteur inconnu au bataillon pour ma part, j'ai une fois de plus flashé sur la couverture et l'épaisseur du bouquin. Advienne que pourra, me dis-je, un livre est un livre et au pire j'aurais perdu un peu de mon temps, chose dont il est justement question dans le quatrième de couverture. Trou de ver, vaisseaux spatiaux, technologie et conflits politiques, voilà ce que j'attends en vérité. Seulement quelle ne fut pas ma surprise de constater que le premier chapitre se déroule dans le Paris de la fin des années 50 ! Bon, pourquoi pas. Nous nous retrouvons catapultés dans la plus belle ville du monde à bord d'une Mathis accompagné par deux détectives privés aux chapeaux mous et aux gabardines grises de rigueur à l'époque. Rien de dérangeant pour dire vrai, le style de l'auteur est fluide et direct, nous rentrons immédiatement dans l'histoire.
Changement d'ambiance en revanche pour le chapitre suivant, qui nous amène bien là où nous voulions aller, à savoir le futur. En plus d'arriver à mettre en parallèle la même ville séparée par de (très) nombreuses décennies, c'est dans un futur rudement bien ficelé que Reynolds nous plonge. Au fil de la lecture, l'auteur nous présente une société qui a évolué et c'est divisé en deux branches depuis son départ de la Terre. L'une a plus ou moins décidé de ne pas adopter totalement la technologie (technologie qui a détruit la Terre rappelons-le) et l'autre qui au contraire, l'a domptée au point de l'intégrer physiquement. Tout ce joyeux bordel a bien évidemment donné naissance à un système politique, qui bien sûr est prêt à se foutre sur la gueule à n'importe quel moment. Bref, Reynolds a vraiment travaillé cet aspect ainsi que tous les gadgets hi-tech qui l'accompagne même si tout ça ne constitue que la partie émergée de l'iceberg.
En effet, au fur et à mesure que l'on avance dans l'intrigue, le plus intéressant se trouve être l'enquête dans la capitale. L'auteur nous promène dans un Paris gris, maussade et pluvieux, mais pourtant charmeur.
Des rues aux trottoirs trempés jusqu'aux clubs de jazz souterrains et enfumés par la cigarette, Verity et Floyd vont suivre la piste laissée par Susan donnant lieu à une course effrénée et pleine de rebondissements sur une Terre bis qui n'a pas connu la Seconde Guerre mondiale, la privant donc de la révolution technologique, chose pourtant très importante dans notre histoire et qui causera quelques soucis à notre paire d'enquêteurs pour arriver à rassembler les morceaux du puzzle afin de résoudre l'enquête.
Le plus drôle reste le contraste entre les deux personnages. Là où nous nous attendions à une enquête policière à l'ancienne avec moustaches et déductions élémentaires (il y en a, ne vous en faites pas), nous nous retrouvons au final avec une sorte d'Hercule Poirot côtoyant un Rick Deckard au féminin pour un duo explosif. Les deux caractères sont aussi bien différents, Verity qui au début a tout de l'héroïne antipathique, brute de décoffrage et bornée, mais incroyablement talentueuse (le genre de personne qu'on a envie de claquer en gros) fait totalement contraste avec un Floyd nonchalant, limite blasé de la vie et passant son temps à écouter du jazz.
Mais la question qui se pose maintenant est : « Est-ce que tout cela suffit pour faire un bon roman ? ».
Honnêtement, après avoir lu pas mal de choses sur l'auteur, qui apparemment divise beaucoup la communauté SF, je m'attendais vraiment à avoir un avis tranché sur la question. Eh bien finalement non, et puis bon, à part quelques défauts apparents rien ne remet en doute le talent de l'auteur, qui, je crois, n'a plus rien à prouver à personne, surtout après une bonne quinzaine de romans. Alors c'est vrai parfois Reynolds s'étend sur certaines descriptions interminables et la dernière partie de l'histoire parait s'étirer sur des années lumières, mais au-delà de ça pas de quoi crier au scandale. Certaines idées comme la tolérance, la confiance, et certaines valeurs morales sont amenées avec une naïveté qui peut faire sourire, mais le bonhomme n'est pas écrivain de roman Harlequin. Reynold est un scientifique qui arrive toujours à nous tenir au livre même quand il rentre dans les détails techniques et qu'il titille la « hard SF ». La partie polar se suffit limite à elle-même et vaut le coup rien que pour les scènes apocalyptiques dans Paris dévasté par le Nanocauste. Des passages à vous donner des frissons.
Hormis les deux cents dernières pages où Reynlods essaye de perdre le lecteur dans le jeu du : « tu peux faire confiance à lui, mais en fait non juste à moi, mais pas trop parce que c'est lui le vrai traitre »,
La Pluie du Siècle reste un roman honnête et qui apparemment est idéal pour découvrir l'auteur (ce n'est pas moi qui le dit c'est Noosphere), propos que je me permets de confirmer. L'univers que distille l'auteur est travaillé et bien que l'intrigue soit un peu rude par moment, le lecteur fan de polar et de SF y trouvera aisément son compte. Pour ma part, je pense que ce roman sera le premier d'une longue lignée signée Reynolds et quelque chose me dit que plusieurs chroniques traineront dans les pages d'Acheron d'ici peu de temps.
Zoskia
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