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Critique de Bazart


Bazart
16 septembre 2016
Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette dramaturge, qui semble intégrée depuis longtemps dans le paysage littéraire français n'avait jusqu'à cette rentrée littéraire de 2016 uniquement publié des pièces de théâtre ou des nouvelles si on met de coté le discutable« L'Aube le soir ou la nuit », un récit de 2007 dans lequel Yasmina Reza raconte à sa manière la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, ...

Très peu de politique en revanche dans "Babylone" ou alors juste au détour de quelques saillies « A un moment donné on a entendu Lambert dire, toutes les idées de gauche me désertent peu à peu. A quoi Jeanne a répliqué, avec une audace qui aurait été suicidaire il y a quelques années dans le même cénacle, moi elles ne m'ont jamais habitée !"- , ce roman qui fait forcément partie des événements de cette rentrée littéraire qu'on aime ou pas l'auteur.

A la place, on a affaire à un huis clos bien dans la tradition de ses oeuvres précédentes, notamment de ses pièces de théatre avec une peinture de la grande bourgeoisie lors d'une soirée où tout va déraper, un peu comme dans "Art", sa pièce la plus illustre- mais cette fois ci pour des raisons totalement différentes..


Comme dans la plupart de ses oeuvres précédentes, on s'incline devant le sens de la formule de Reza et cette façon à la fois ironique et amère de mettre le doigt sur les absurdité de nos existences finalement si ordinaire. Les relations de couple, de voisinage, les apparences que l'on montre aux autres, tout cela est passé au grill de la causticité de l'auteur qui s'en donne à coeur de joie de teindre un miroir un peu cynique et désenchanté des relations humaines.

"Dans un couple, a t-elle dit, chacun doit s'efforcer de faire honneur à l'autre. Ce que l'on donne à voir rejaillait sur ce que les autres vont penser de l'autre. A quoi bon la chemise jaune et les Roger Tin, si c'est pour avoir des bras de nains et caqueter?"

Cela dit, Reza tente et pour la première fois dans son oeuvre, une petite incursion plutôt audacieuse vers le roman policier avec cette soirée entre voisins a priori bien intentionnée va virer au tragique un meurtre commis dans un appartement de banlieue, après une fête printanière, un crime d'origine passionnel commis par le voisin de la narratrice, un homme pourtant irréprochable de prime abord..

On cerne facilement le parrallèle entre la narratrice et l'auteur d'après les pensées et les réflexions que cette dernière lui prête tant Elizabeth épingle, à la manière que Reza pourrait le faire facilement- si on connait un peu la personne d'après ses interventions médiatiques, les petites hypocrisies et autres faux semblants de la vie en société

Babylone se lit avec plaisir, grâce à la plume aiguisée et tranchante de l'auteur, mais il se lit hélas sans passion démesurée non plus. On a en effet au fur et à mesure de la lecture comme l''impression que le roman n'arrive jamais vraiment à dépasser le simple exercice de style et que Reza ne va jamais vraiment au delà de ce qu'elle sait-brillamment faire- et on clôture le livre en se disant que tout cela semble finalement un peu vain, malgré le tournant tragique pris par l'histoire.

Un beau roman, mais pas forcément une oeuvre incontournable de la rentrée, et pas sur que les prix littéraires de l'automne décident de le récompenser..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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