Les gens n'ont pas de vision de l'existence. Ils n'ont que des opinions.
Récemment, je l'ai entendu reprendre à son compte « Les astres inclinent mais ne prédestinent pas. » Mon père raffolait de la formule, je l'avais oublié, il y rajoutait de façon quasi menaçante le nom de Ptolémée.
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Quand j'ai entendu ça, j'ai repensé à la phrase de mon ami Serge, au moment où il débutait son Alzheimer. Il voulait se rendre , pour je ne sais quelle raison, rue de l'Homme marié. Personne ne savait où était cette rue de l'Homme-marié.
On a fini par comprendre qu'il parlait de la rue des Martyrs.
Odile m'a dit, tu ne t'habilles pas maman, tu te couvres de textile.
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Deux êtres vivent côte à côte et leur imagination les éloigne chaque jour de façon de plus définitive. Les femmes se construisent, à l’intérieur d’elles-mêmes, des palais enchantés. Vous y êtes momifié quelque part mais vous n’e savez rien.
Se faire comprendre est une chose impossible. Particulièrement dans le cadre matrimonial où tout vire au tribunal criminel.
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Il faudrait un jour étudier ce silence, spécifique à la voiture, à la nuit, quand vous rentrez après avoir affiché, votre bien-être pour la galerie, mélange d'embrigadement et de mensonge à soi-même.
Je voudrais que la vie avance et que tout soit effacé au fur et à mesure.
Sodade, chanson découverte récemment, à laquelle je ne comprends rien, si ce n'est la solitude de la voix, et le mot solitude répété à l'infini, même si on me dit que le mot ne veut pas dire solitude mais nostalgie, mais manque, mais regret, mais spleen, autant de choses intimes et impartageables qui s'appellent solitude.
On se saluait comme si de rien n'était, j'ai été attaquée par une sorte de chagrin, je ne peux pas dire un chagrin d'amour, non, mais plutôt un chagrin d'abandon.
Il y a un poème de Borges qui commence par :
" Et le monde n'est plus magique. On t'a laissé."