Quelque chose émane d'elle qui prévaut sur son corps. On l'a suit dans ses pensées, dans ses sentiments, et on oublie de la regarder de près. Sa forme à elle est intérieure, non décelable à l'oeil.
L'homme se révèle dans la défaite... Tu verras, à chaque fois que tu feras ton devoir d'homme, la défaite sera là. Autant l'aimer et la chérir. Bois-là comme le thé qui a l'amertume du poison la première fois, mais après, si tu l'acceptes, il te révélera à toi-même.
Le choc avait été brutal. Il ne saurait dire précisément qui l'avait frappé, à quel moment. Il voyait les autres tomber, et il gardait un sentiment d'invulnérabilité. La jeunesse se croit immortelle, c'est sa force.
Sardar, qui avait quitté Ghamsar pour fuir la malédiction, se dit : où que l'on aille, le ciel a la même couleur et celui qui a le plus grand toit a plus de neige à balayer.
Il a toujours regardé la vie du haut des montagnes de Ghamsar ou des collines de Shemiran. En regardant si haut, il a mesuré la petitesse de hommes. Il sait que ce n'est pas la pauvreté qui est la source de la misère mais l'avidité.
Sardar avait toujours préféré se tenir à l'écart, vivre dans le silence, contempler le monde par le haut comme un aigle solitaire. Il avait besoin que son horizon soit dégagé pour ne voir que l'essence de la vie, comme à l'origine, lorsque les mots n'existaient pas encore, et la présence des gens, leur bavardage, leur agitation, lui troublaient la vue.