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3,69

sur 810 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tombé dessus par hasard (nécessairement?) dans une Ressourcerie parisienne, je me suis laissé séduire sur le champ par cette épopée rocambolesque d'un psychiatre new-yorkais (nommé «Dr Rhinehart», ce qui n'est en revanche pas du tout un hasard !).
À 32 ans, baignant dans un océan d'ennui «après s'être fait analyser «avec succès» et avoir vécu un bonheur modéré et connu une réussite modérée avec une femme et une famille moyenne pendant sept ans», à un moment où il se sent prêt à tout foutre et à se foutre lui-même en l'air, ce dernier se décide un beau jour à confier son avenir au hasard et à jouer dorénavant sa vie au coup de dés !
Comme ces millions de lecteurs avant moi qui, dès sa publication aux USA, l'avaient transformé illico en l'un des livres cultes du début des 70's, j'ai été rapidement subjugué par la puissance incroyable du procédé imaginé par l'auteur et, j'avoue, aussi très tenté à l'essayer moi-même, à petites doses, lors d'un de ces moments par exemple de flottement qu'on connaît tous, pendant lesquels on ne sait pas très bien ce dont on aurait envie ou ce qu'on devrait prioriser tout de suite...

Procédé susceptible aussi de nous soulager quelque peu, «passée la trentaine», de ce côté prévisible-pesant-quotidien envahissant progressivement nos vies. Vies normales (et mornales) d'où la notion d'indépendance et de libre-arbitre commencent à perdre de la vitesse. Quel divin amusement alors que de pouvoir créer volontairement de l'imprévisible et de la surprise, mettant un peu de sel en nos insipides existences, ou bien nous délivrant de nos hésitations obsédantes, par un tout petit lancer de dés qui n'abolirait pas pour autant le hasard (1 ou 3, je lui déclare ma flamme au moment du dessert ; 2 ou 5, je l'embrasse en la déposant en bas de chez elle ; 4 ou 6, j'attends un signe plus clair de sa part...). Ou, et encore mieux, pouvant à l'occasion contribuer à faire émerger une de ces coïncidences improbables, ces moments «magiques» dans nos vies qu'on attribue d'ailleurs le plus souvent, totalement ou en partie, au hasard, et qui font converger nos sens exaltés avec une réalité qui semble alors se déshabiller exprès pour nous !

Mais quand au bout d'un moment, le coup de dés, hors tout contrôle, prend une importance de plus en plus grande, jusqu'à devenir l'unique paramètre et à se transformer en loi et vision du monde exclusives, il risque fort de lasser et de ne plus en valoir tout à fait la chandelle. Et pour cause : encore plus versatiles (lecteurs) sommes-nous, toujours en quête de surprises renouvelées!!
Face à ce qui s'avérera une véritable avalanche de transgressions de tous ordres, tous azimuts (j'allais écrire «et très souvent sans queue, ni tête», mais il faudrait plutôt dire, «surtout de queue») générées par le «syndrome du dé» dont souffre notre auteur-narrateur, le roman s'égarera sans retour possible pour moi dans un exercice de style au fond fastidieux. Exercice certes prodigieusement déployé et cocasse, mais où le célèbre mot d'ordre de la génération 68 «il est interdit d'interdire» devenu en quelque sorte le seul motif, martelé et décliné sous toutes les coutures, par des paris de plus en plus outranciers mis en jeu par le narrateur, n'aura d'autre effet sur moi que de me faire déchanter.
La systématisation du procédé subversif et amoral m'ont peu à peu perdu en tant que lecteur, au point parfois de me faire regretter le bon vieux sens de nos bons aïeuls, et, tout en réenfilant mes charentaises littéraires, las d'autant de violations et de quête de sensations nouvelles à l'en-veux-tu-en-voilà, de m'entendre m'exclamer tel Prévert : «Du nouveau du nouveau, toujours du nouveau ! Mais quand est-ce que ça va changer!!?

«Rinehart m'a trahir» : de mes mains tremblantes, incapables de jeter correctement le moindre petit dé déjà à mi-parcours, l"inscrirais-je en lettres capitales sur le mur de ma déception de lecteur "qui aimait les Beatles et les Rollings Stones, chantait Help, Ticket to Ride, ô Lady Jane, ô Yesterday"...

Parce que naïf, j'y avais cru au départ, j'avais cru entendre le chant libérateur de Zarathoustra « à la divine Innocence, à la divine Espièglerie et au divin Hasard ». Foutaises!

Comme solution à l'aboulie des temps modernes, on aura je pense mieux échafaudé depuis.

Cantonné dans un «entre-dés» répétitif, le roman finit par se mordre la queue (sans jeux de mots cette fois-ci !) et, du même coup, par se retrouver coincé dans un « entre-deux» qui me pousse à le classer au rayon des curiosités littéraires à cinq pattes. Autant sur un plan critique globalement absent (quel est au fait l'objet de cette satire corrosive : les excès provoqués par l'esprit libertaire amoral et contestataire de l'époque, ou l'avènement d'un capitalisme amoral lui aussi, prêt à tout assimiler en façade et à tout transformer en marchandise ?) que sur celui de sa date de péremption un peu juste (le roman a pris autant de rides qu'un vieux baba-cool recyclé dans le fromage de chèvre).

Comme son héros, resté suspendu au bord du gouffre qu'il a creusé de ses propres mains, l'homme-dé, se dé-douanant de toute dé-termination, n'aboutit à rien d'autre qu'à sa propre dé-rision...

Reste malgré tout un roman bien écrit, iconoclaste et foutraque, souvent intelligent et drôle, que je critique certainement trop sévèrement en tant qu'ex-fan des sixties...

Je ne vais tout de même pas tirer aux dés le nombre d'étoiles : 3, ni plus ni moins, juste ce qu'il faut d'équilibre (ouf !) et pour convoquer éventuellement un salutaire doute chez vous!
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Subversion du quotidien et destruction de ta personnalité

Un texte subversif, voir diabolique, dangereux parce que les participants y ajoute des comportements extrémistes en matières de pratiques sexuelles entre autres exemples.
L'auteur devient esclave de sa pratique et de son jeu et au fur et à mesure il dépasse les limites. Il propose ensuite à son entourage proche de jouer avec lui.
Le docteur psychiatre Rhinehart s'ennuie, il décide de jouer sa vie au hasard. Une idée séduisante au départ qui devient vite une idée aux conséquences scabreuses et destructrices.
Je déteste ce roman, qui poursuit un but humoristique par moment, autant que je l'aime. Parce qu'il n'a cessé à la fois de m'attirer et de me répugner, parce qu'il répond à une partie inconsciente de moi-même, il répond à une partie de mes phantasmes. C'est l'effet recherché par l'auteur, je pense.
Tout vol en éclat, la bienséance, le politiquement correct, la bonne éducation, le savoir être, le savoir-vivre, ta personnalité construite et rationnelle.
Tout cela disparaît au profit d'un jeu de hasard qui emporte tout. Il n'y a plus d'amour pur entre êtres humains mais un jeu de rôle qui n'en a rien à faire des sentiments véritables.

D'après moi, ce roman peut et doit se comprendre de deux manières différentes. Soit tu l'ingère au premier degré alors c'est plutôt une lecture indigeste. Soit tu essaies de comprendre ce que le Docteur Rhinehart veut faire passer comme message et alors ce roman devient source de jubilation et de réflexion.
Parce que ta position d'humain simple mortel astreint à des règles comportementales de bienséance peut se révéler être une vie ennuyeuse. L'auteur se propose donc de changer ton quotidien à l'infini à l'aide d'un simple cube à six faces en bois.
En effet, tu occupes une position dans ta vie au niveau professionnel et au niveau personnel et familial.
Tu es, soit hétérosexuel marié ou séparé avec des enfants, cadre supérieur de la fonction publique par exemple. Soit homosexuel vivant seul dans la savane africaine au milieu des lions, ton travail consiste à les observer et faire ton rapport, autre exemple. Mais tu n'es jamais les deux à la fois. Un jour hétéro fonctionnaire d'état et le lendemain bisexuel et animateur d'un club privé pour les seniors. Cela ne t'arrive jamais.

Le fameux docteur Rhinehart t'offre une « dé-vie » et des jeux de rôles ou ta personnalité change au grès de ta volonté et de celle hasardeuse des dés. Alors les dés deviennent ton guide ou une sorte de Dieu. L'auteur propose de dissoudre ta volonté et celle de ses personnages et de la livrer à ses caprices littéraires.
A la fin du roman des scènes sado-masochistes sont proposés, elles sont aussi à prendre aux seconds degrés. Après tout, tout dépend du plaisir que l'on prend à lire ou à vivre ce genre de scènes.
Luke Rhinehart pousse sa pratique du jeu dé à son extrême, il perd toute conscience de lui-même et son « moi décisionnaire » disparaît.
L'issue de ce roman est donc fatale.

Le principe du jeu est le suivant :
Chaque face du dé correspond à une option de comportement à adopter par le joueur. l'homme-dé est l'auteur de ce roman et instigateur de ce jeu excitant.
L'auteur propose d'explorer toutes les facettes et les potentiels de ta personnalité en les faisant se déployer. Et même celle que tu réprimes le plus. Ainsi lors d'un jeu de rôle tu peux te comporter comme un bisexuel par exemple ou être un être soumis ou jouer le rôle du dominant ou être un juge de paix etc …
Prend un dé. Ecris six choix suivant tes envies du moment sur une feuille de papier. Décides de laisser le dé décider au hasard ton sort. Essaies de tenir à ce jeu. Tes choix peuvent être comme suit :
Si le dé tombe sur un ou trois :
Plus jamais tu ne joueras à ce jeu absurde. C'est la première et la dernière fois.
Si le dé tombe sur un deux ou un quatre :
Tu quittes ta famille, tes enfants, ta femme, ton travail, tes hobbies, ta routine et tu décides de changer radicalement de vie, tu fuies.
Si le dé tombe sur un cinq :
Tu décides d'aller commettre un acte répréhensible, n'importe lequel, tant pis pour les conséquences.
Si le dé tombe sur un six :
Tu décides de te lancer un défi, la préparation d'un marathon.
Pourvu que ton dé lâche un six.

Mon avis :
J'ai apprécié le côté analyse psychiatrique de quelques dialogues bien pensés et toujours en phase avec notre société de consommation et du vivre matériel.
Parce qu'en fin de compte, Luke Rhinehart interroge sur le manque de repères spirituels. Certaines personnes perdent pieds dans nos sociétés par manque de soutien, d'amour, d'enjeux spirituels, ils peuplent ensuite ces centres, ou ils se droguent, ou se ils réfugient dans cette pratique de la « dé-vie ».
Je reproche le côté misogyne du texte, souvent la femme n'est traitée qu'en pur objet de désir de l'homme. Et il en fait ce qu'il veut. A priori la femme y prend aussi du plaisir et cela reste à prouver un peu plus.
Le roman date des années soixante-dix du coup les femmes y sont traités comme le voulait l'époque ?
Je retire une étoile pour montrer ma désapprobation. Après cela reste de la littérature.
C'est aussi un peu trop long.

Certains passages sont exquis pour les détails et la recherche d'un vocable que je ne soupçonnais même pas. Cela enrichit le récit et lui donne de l' épaisseur.
Il faut peut-être une large ouverture d'esprit pour intégrer ce genre de littérature ?
Ce n'est pas une lecture indispensable parce qu'un peu perturbante ? Dérangeante ? Trop répétitive ? C'est peut-être le premier et le dernier opus subversif que je lis ?

Essayez-le et si vous ne supportez pas, c'est normal, laissez alors tomber. Pour ma part je passe à autre chose avec joie.
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Jubilatoire! Mais pas seulement... Aussi : intelligent, déroutant, effarant, corrosif, rageant et désopilant! C'est pas rien, tant d'émotions en un roman! Faut dire que c'est un pavé ;-)

Fourre tout joyeux, excessif et rayonnant, on trouve vraiment de tout dans cette aventure, de la satyre, de la comédie, de l'étude de moeurs en passant par la théorie psychanalytique, et une chose est sure, elle ne peut pas laisser de marbre!

En deux mots, notre anti-héro Luke Rhinehart a tout pour être heureux, mais comme beaucoup d'entre nous dans son cas; il ne l'est pas. Cherchant en vain une solution à sa depressivité grandissante, il découvre par hasard... le hasard! Sur un coup de tête, ou peut-être un coup de génie, il décide en effet de remettre sa vie au hasard et de laisser chacune des décisions de sa vie, de la plus petite à la plus importante, aux caprices des dés, auxquels il choisit de vouer une complète adoration et soumission. Ça semble fou et ça l'est bien sûr, mais toute la magie de "L'homme dé" réside dans le fait que finalement, peut-être, sur un malentendu, ça a quand même un certain sens!

En effet, Luke Rhinehart, psychiatre renommé de son état, ne sombre pas dans la folie ni dans l'enfer du jeu comme le ferait n'importe quel homme, non, il élabore une théorie! Et sous ses aspects délirants, celle-ci cache une sagesse non négligeable : Et si le modèle d'être de nos sociétés actuelles n'était pas le meilleur? Et si, pour une meilleure réalisation de soi et un sentiment de bonheur plus complet, il fallait voir les choses différemment? Voir l'identité différemment? Et si au lieu de chercher à être soi-même, à se trouver soi-même et à réaliser son soi à tout prix, il fallait au contraire, remettre en question cette idée de soi préétablie et chercher de nouvelles pistes? Chercher à s'ouvrir, à être multiple, imprévu et imprévisible. Ouvert à la vie. Ouvert au hasard...Et oui, rien de plus simple et de plus terrifiant à la fois, et si le hasard était la clé du bonheur?

Ça semble aberrant mais ça l'est nettement moins à la lecture de certains passages de "l'homme dé" qui laissent songeurs, et puis ça l'est nettement plus à la lectures d'autres passages qui nous laissent effarés!
Mais Luke, notre homme dé, poursuit sa route et son expérience, et chacun en tirera les conclusion qu'il s'en impose...

Un peu trop teinté seventies à mon gout, je regrette que ce roman plonge beaucoup dans la libération sexuelle, bien entendu elle est un pan majeur de la libération tout court et je ne songe pas à la renier, mais je trouve néanmoins regrettable qu'un roman d'une telle créativité avec un tel potentiel tourne autant autour des possibles expériences sexuelles imaginables alors que l'ouverture d'esprit dont il fait preuve laissait présager beaucoup plus grand, beaucoup plus fort encore. C'est vrai, le sexe c'est important, très important, mais quand il s'agit de redéfinir la personnalité, de redéfinir l'humain, ses buts, ses raisons d'êtres et ses attitudes à venir, j'aurais trouvé intéressant de réfléchir au delà du choix sexuel... Mais enfin, c'est le livre d'une époque, je n'ai rien à critiquer ici, c'est juste un regret personnel dont je peux faire part, car il me semble qu'il flotte dans ce roman quelque chose de génial qui s'est peut-être trouvé collé à terre par la néanmoins jolie trivialité de l'auteur...

Enfin, à retenir: il y a du génie quelque part dans ces lignes! A ne pas laisser passer!



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Les rencontres avec un roman, un univers, a de fortes ressemblances avec les rencontres amoureuses – ouais, celles que je ne fais plus depuis plus de vingt ans, #femmemarieeetfidele -. Avec l'homme-dé, ça a été fulgurant et je trouvais Luke bien attirant, un psychiatre en dépression et un tantinet égocentrique que le quotidien ennuie. Il est vrai que sa manière de nous parler de sa souffrance a du piquant :

"Cela m'avait semblé être le but le plus évident et le plus désirable d'une thérapie, mais ayant moi-même terminé une analyse « réussie », ayant vécu plus de sept ans avec ma femme et mes enfants dans un bonheur modéré, je me suis découvert, à l'approche de mon trente-deuxième anniversaire, une envie subite de suicide. Et aussi d'assassiner plusieurs autres personnes." (page 15)

le pauvre homme semble trouver une réponse dans le zen, hélas, sa joie ne dure pas tellement… Et Luke me fait rire, je reste sous le charme :

"Malheureusement, la vie m'a alors semblé encore plus chiante. Bon, d'accord, je m'ennuyais joyeusement, gaiement même, alors qu'avant mon ennui était seulement déprimant, mais il n'en restait pas moins que rien n'avait d'intérêt pour moi." (page 18)

Les débuts d'une histoire d'amour peuvent être étourdissants. Surtout quand l'objet de notre fascination envoie une magnifique balle perdue à Freud, que tu as bien du mal à supporter :

"Freud était un très grand homme, mais j'ai comme l'impression qu'il ne s'est jamais très bien fait astiquer la queue." (page 20)

Et une autre en plein coeur du patriarcat :

"Deux fois, les dés ont décidé qu'il fallait que j'accorde plus d'attention à mes enfants, que je passe un minimum de cinq heures avec eux pendant trois jours (quel dévouement ! quel esprit de sacrifice ! Mères du monde entier, que ne donnerez-vous point pour n'avoir à passer que cinq heures par jour avec vos enfants ?)." (page 117)

Tu imagines bien, ami-lecteur, que j'étais tout à fait séduite. Hélas, comme les passions qui traversent parfois nos vies pour ne nous laisser que des cendres et un goût amer dans la bouche, mon histoire avec l'homme-dé a très vite, trop vite, mal tourné. Les provocations grossières s'enchaînent, mais mes sourires se firent de plus en plus rares. Et finalement, je me retrouvais dans la peau de Luke au début de ce récit : terrassée par l'ennui avec des envies de meurtre… Pourtant, avec un romantisme dont je fais rarement preuve dans ma vie de lectrice, j'ai tout essayé pour raviver les flammes de mon amour. J'ai, par exemple, replacé le récit dans son contexte, on ne lit pas un roman de 1971, surtout un roman aussi punk, de la même façon qu'on le ferait pour une oeuvre contemporaine. Sauf qu'on ne ravive pas un sentiment aussi malmené… Jusqu'à la fin de l'homme-dé, j'ai espéré qu'une péripétie, qu'un chapitre, ou la fin, éclairerait le reste du récit et que, bientôt, je me rendrais compte que je n'avais jamais cessé de l'aimer. Malgré une fin tout à fait cohérente, rien à faire, la magie avait disparu, les rires aussi…

Sincèrement, je comprends pourquoi l'homme-dé est un roman culte : c'est audacieux – pour l'époque -, parfois drôle, et le point de départ, cet homme qui tente d'échapper à lui-même en laissant les dés décider de tout, reste génial. Toutefois, tu l'as compris, j'ai eu du mal à arriver au bout du roman. Souvent, j'ai levé les yeux au ciel au lieu de rire et même si l'auteur, George Cockcroft, le présente comme une comédie, j'ai trouvé cela plus agaçant qu'amusant.
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A voir les excellentes notes et critiques reçues par ce roman, je me sens un peu ... décalée. Sans doute ne correspondais-je pas au public visé pour ce type de littérature, mais de mon côté, bien qu'ayant lu ces 521 pages sans ennui ni lassitude, je n'ai pas accroché à ces personnages tous plus déjantés les uns que les autres. L'idée de départ est intéressante, originale, c'est un fait, le traitement qui en est fait est cohérent, mais je n'ai pas été capable de prendre part à cette folie, d'où toute valeur morale, tout sentiment est exclu. En tout cas, voilà un roman, fausse "auto-biographie" d'un psychiatre, qui ne laisse pas indifférent et prête à la réflexion sur le sens de la vie pour l'Homme, sa façon d'être au monde, de la définition de la vie en société.
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Pour moi, ce livre est une révélation et une déception.
J'ai ressenti une grande frustration arrivé à la seconde partie, car Luke Rhinehart exploite insuffisamment son concept de vie menée au Hasard.
Hasard avec un grand H ; car, l'histoire tourne autour d'un traitement psychiatrique et d'un nouveau mode de vie : inventés par un médecin de New-York. Celui-ci découvre une nouvelle volonté, celle des dés. Grâce aux dés, il parvient à se donner des buts, en se dégageant sa responsabilité propre. Il estime que son libre arbitre n'est pas fiable et que la plupart des ses choix de vie sont de toutes façons déterminés de façon aléatoire ; alors il pousse sa révélation au paroxysme : il mène sa vie entièrement à partir des choix du Dé.

Scénario jouissif, d'autant plus que l'auteur semble avoir sérieusement réfléchi à la question. Dans la première partie, il développe très précisément son concept de “dé-vie”, à partir de réflexions crédibles. Bref, l'histoire est loufoque et tient debout : c'est la recette du bonheur.
En revanche, dans la suite du livre, le soufflé retombe et le roman se transforme en livre gratuitement provocateur et pornographique.
L'histoire est alimentée par des dialogues qui tournent en rond, et les dilemmes moraux du début laissent place à des scénettes sans intérêt. le concept de “dé-vie” se propage sans problèmes : le reste du roman n'est que masturbation.
Donc, ce livre est excessivement long ; je pense que Rhinehart aurait dû s'arrêter à la moitié, pour éviter de lisser son concept.

Je souligne tout de même que, Luke Rhinehart ne manque pas d'humour, son style d'écriture suinte le John Irving ; en plus sexuel.
En conclusion : j'ai été très emballé par l'univers délirant de ce livre, mais on aurait pu nous épargner beaucoup de superflu...
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Le psychanalyste Luke Rhinehart doute de l'intérêt de la psychanalyse alors qu'il est médecin dans un hôpital

Psychiatrique. L'idée lui vient alors que chaque individu est prisonnier d'un moi unique alors que si on peut changer ce moi, la libération peut être vitale. Pour cela, il met au point une méthode originale : tout jouer au dé. Pour chaque acte de la vie, proposer diverses solutions et laisser le hasard choisir en lançant le dé. Les résultats sont totalement imprévisibles et totalement libres vis à vis de la loi comme vis à vis de la morale. Un aliéné est interné car il violait les petites filles, le voilà maintenant complétement désintéressé par les fillettes mais intéressé par les petits garçons ! le docteur applique aussi sur sa propre vie sa méthode et se retrouve ainsi à aider une trentaine d'aliénés à s'évader de l'hôpital.

La question initiale est tout à fait intéressante : le moi que nous affichons au quotidien est une construction qui bride notre créativité comme notre liberté.

Le traitement de la question est en revanche tantôt humoristique, tantôt provocatrice jusqu'à devenir agaçante, laissant libre cours aux fantasmes divers du personnage. Alors certes, ce livre n'est pas à mettre dans toutes les mains.

Le narrateur porte les même noms et prénoms que l'auteur qui se plait de la sorte à créer le trouble. Les citations en exergue donnent au libre un caractère sérieux, scientifique :

"Nous ne sommes pas nous-mêmes ; en vérité, il n'y a plus rien qu'on puisse encore appeler un « moi », nous sommes multiples, nous avons autant de « moi » qu'il y a de groupes auxquels nous appartenons… le névrosé est la victime patente d'une maladie dont tout le monde souffre… J. H. VAN DEN BERG

Mon but est d'aboutir à un état psychique dans lequel mon patient se mette à expérimenter sur sa propre nature – un état de fluidité, de changement et de croissance, dans lequel plus rien ne serait éternellement figé, désespérément pétrifie. CARL GUSTAV JUNG

La torche du chaos et du doute : telle est la lanterne du sage. TCHOUANG-TSEU

Je suis Zarathoustra le sans-Dieu : je fricote encore toutes les chances dans ma marmite. NIETZSCHE N'importe qui peut être n'importe qui. L'HOMME-DÉ

C'est ainsi qu'à la sortie de ce roman beaucoup ont cru à une autobiographie et le récit a connu un succès retentissant attisé par le parfum du scandale.

En réalité, c'est une supercherie, l'auteur se nomme en réalité George Powers Cockcroft, c'est un romancier américain, professeur de littérature, Luke Rhinehart est le nom de son personnage et son nom de plume.
Lien : http://www.lirelire.net/2020..
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Et si vous tiriez au dé toutes les décisions de votre vie, les plus insignifiantes ou les plus importantes ?

C'est ce qu'a fait de sa vie Luke Rhinehart, auteur et narrateur de l'Homme Dé, qui a théorisé la méthode et créée ainsi une nouvelle religion entraînant des milliers d'adeptes dans son sillage.
Je ne deviendra pas adepte, quant à moi.

Le livre, s'il est plutôt intelligent et bien écrit, se perd trop souvent en longueurs inutiles et se vautre assez complaisamment dans le roman porno. Il nous fait tout de même réfléchir sur notre propre personnalité qui selon l'auteur finit rapidement par conditionner l'ensemble de nos habitudes et notre façon d'appréhender le monde. Nous gérons ainsi notre vie en la pilotant avec un moi unique, alors que tout être humain est multiple. La théorie de Rhinehart est que le moi dominant étouffe toutes les autres facettes de nos personnalités.
Il parait si facile d'emprunter d'autres chemins en s'en remettant aux dés.

20 janvier 2010
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Roman de l'absurde, l'homme-dé est inclassable. Après un début qui m'a fait marrer, à peu près jusqu'à la page 180, ça s'est mis à traîner en longueur et j'ai commencé à regarder le nombre de pages qui restaient à lire, signe très net que l'ennui s'installait. J'ai persisté jusqu'à la page 255 et décidé d'abandonner là. Déçue forcément !!

Il y a de bonnes choses cependant et je ne résiste pas au plaisir de citer ce passage : "Nous concûmes un besoin profond, irrationnel, indubitablement névrotique d'être l'un à l'autre : c'était l'amour, une des nombreuses formes socialement admises de la folie. Nous nous mariâmes : solution sociale à la solitude, à la concupiscence et au problème du blanchissage. (...) Comme le lecteur averti l'aura déduit depuis longtemps, nous étions des gens mariés typiques. Nous avions des moments de bonheur sans partage ; nous avions nos plaisanteries bien à nous; nous avions notre amour chaleureux, sensuel et sexuel, ainsi que notre souci commun (enfin, celui de Lil en tout cas) des enfants, notre intérêt pour eux, notre fierté ; et nous avions nos deux moi intimes de plus en plus frustrés et isolés. Les aspirations que nous nourrissions pour ces moi ne s'étaient pas accomplies dans le mariage, et tous nos débats et contorsions au lit n'y changeaient rien, bien que notre insatisfaction même nous unît." (p.115-116) Waouh ! quelle vision du couple...

Je n'en dis pas plus et vous laisse découvrir !
Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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George Powers Cockcroft, né en 1932 à Albany dans l'État de New York, est un écrivain américain écrivant sous le pseudonyme de Luke Rhinehart. Eduqué dans une académie militaire, il débute comme professeur de littérature américaine à Long Island. Dans les années 1960, il part avec sa femme vivre au Mexique et dans d'autres pays d'Amérique du sud puis à Majorque en Espagne. C'est sur cette île, alors qu'il avait débuté l'écriture de L'Homme-dé depuis quatre ans, que Cockcroft rencontre l'éditeur anglais Mike Franklyn qui l'incite à terminer son livre qu'il publie en 1971.
Luke Rhinehart est psychiatre. Marié, deux enfants, la trentaine, résidant à New York, plutôt bien estimé de ses collègues et aimé de sa famille, même s'il n'est pas un père modèle, un concours de circonstances va l'amener à radicaliser son mode de vie. Un beau jour, il décide que désormais ses actes et donc son existence, seront dictés par les dés. La vie est souvent ennuyeuse parce que l'Homme n'est pas libre. Tous nos faits et gestes, nos actes, sont induits par le poids de notre culture, de notre environnement et des convenances, rien n'est donc réellement librement choisi. Pour être totalement libre, il ne faut plus choisir, il faut laisser le hasard décider pour nous. A partir de ce théorème de base, Luke va jouer sa vie aux dés : à chaque fois qu'il devra décider d'une action à entreprendre, il imaginera une possibilité différente par face du dé et c'est celle qui l'emportera après lancer, qu'il appliquera obligatoirement.
Aussi étrange que cela paraisse quand on a lu le livre, il s'agit d'un roman semi-autobiographique l'écrivain ayant testé cette manière de vivre ! Et c'est ainsi que débute le roman, Luke Rhinehart, le narrateur, rédigeant son autobiographie. le bouquin est très drôle et nous ramène dans cette Amérique des années de la contre-culture, les mouvements hippies, les Black Panthers, l'apologie de la liberté totale. Et c'est bien de cela dont il est question dans cet ouvrage, comment parvenir à la liberté individuelle absolue, comment nous libérer des carcans de l'Establishment ou de la Machine (vous vous souvenez de ces termes, qu'on employait alors ?), comment nous affranchir des convenances sociales castratrices, comment parvenir à la libération sexuelle. Et du sexe, il y en a ! Débridé, 1969 année érotique, le chapitre 28 m'a rappelé - très vieux souvenir - le Candy de Terry Southern et Mason Hoffenberg. Pour les références je citerai aussi le Vol au-dessus d'un nid de coucous de Ken Kesey quand une bande de malades s'évaderont d'un hôpital psychiatrique.
Tout est complètement loufoque ici, car si le postulat de base pris avec modération est une option intellectuellement intéressante, réponse inadaptée à une question compréhensible, la démesure la rend carrément subversive puisqu'elle s'attaque aux piliers de notre société. L'auteur ne se privant pas d'en rajouter dans la surenchère et les plus de cinq cents pages du bouquin en témoignent. le sexe donc, l'humour « avec toute la discipline universitaire et l'érudition approfondie qui fait le renom des gens de Harvard, Fred avait fait son chemin dans la culotte non négligeable de Mlle Welsh ; peu lui importait, apparemment, que d'autres chercheurs eussent déjà exploité ce sujet. »
J'ai souvent ri à la lecture de ce roman et j'ai adoré me replonger dans cette époque où la recherche de la liberté flirtait avec la permissivité (popularisée en France avec le magazine Actuel). Pas très éloigné d'un Tom Robbins pour la dinguerie, c'est bien écrit, d'une encre très certainement séchée d'un morceau de buvard…
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