AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 47 notes
5
7 avis
4
12 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tragédie antique au pays du soleil levant

Ce qu'il y a de bien avec Luke Rhinehart, c'est que tu ne sais jamais en ouvrant un de ses livres dans quelle fulgurance littéraire improbable il va t'embarquer. Et ça ne loupe pas dans Vent blanc, Noir cavalier - traduit par Francis Guévremont - huis-clos angoissant malgré l'espace infini des montagnes enneigées où l'action se déroule, tension grandissante malgré l'humour omniprésent, réflexion profonde malgré les airs de comédie que prend parfois l'histoire.

Matari, l'épouse du seigneur Arishi a fauté et fuit dans le blizzard glacé des montagnes japonaises la vengeance mortelle de son mari, lancé à ses trousses avec ses samouraïs. Rencontrant sur son chemin les moines-poètes Oboko et Izzi, ces derniers sous le charme immédiat vont l'aider à fuir la mort annoncée. Jusqu'à risquer leur propre vie par amour naissant.

Rhinehart s'amuse à mélanger les genres : séquençant son texte en parties distinctes comme autant d'actes d'une tragédie classique où l'on retrouve le quintet habituel (la femme, le mari trompé, l'amant, le bouffon et les gardes) qu'il transpose hors les murs, en pleine montagne, là où le blizzard laisse planer le flou et le doute.

Posant ci-et-là au détour d'une page quelques traits d'humour balourds ou, à l'inverse, de délicats haïkus, il achève de poser le décor servant de cadre à sa réflexion majeure : l'amour, celui qui va jusqu'au don de soi pour autrui, celui qui amène le détachement absolu au point de ne plus craindre la mort annoncée, celui qui transcende les faibles et vient à bout des montagnes.

L'histoire est simple, la réflexion poussée, le décor sublime et le style souvent très inspiré. Un régal pour moi et une nouvelle découverte d'une facette d'un auteur déroutant, dont la mort récente ne devrait heureusement pas empêcher son éditeur français de poursuivre la réédition de l'oeuvre intégrale. On s'en délecte d'avance !
Commenter  J’apprécie          290
Japon, début du XVIIIème siècle. Oboko, moine bouddhiste et poète, se rend dans un temple abandonné pour y passer la nuit, et éviter la neige. Il y retrouve un ami, Izzi, poète de cour qui se rend à celle d'Arishi, grand seigneur de contrées alentour, à sa demande. Quelle n'est pas leur surprise lorsqu'Oboko découvre, à l'entrée du temple, une jeune femme d'une grande beauté, écrasée en partie par son cheval qui vient de mourir de froid, en pleine tempête de neige. Après l'avoir sauvée et recueillie, nos poètes découvrent qu'elle n'est autre que Matari, femme d'Arishi qui s'est échappée pour fuir le courroux de celui-ci, et la mort : elle aurait offensé son seigneur par des comportements indécents. Nos deux compères vont devoir alors choisir : la vie d'une jeune femme, ou les leurs ?

Deuxième lecture d'un roman de Luke Rhinehart, et quelle différence ! Passer d'un récit post-apocalyptique américain à un roman historique japonais, cela peut en effet être déroutant. Mais le romancier s'en sort à merveille, et l'on est comme plongés avec nos trois personnages dans les contrées japonaises enneigées, dans le froid et la fuite face à des samouraïs surentraînés, prêts à tout pour que Matari meure, pour le respect d'une certaine idée de l'honneur et du sacrifice, qui deviendra progressivement une certaine idée, passionnelle et fusionnelle, d'un amour tragique. C'est bien mené, cohérent, ménage du suspense où il faut quand il faut, et c'est remarquable de délicatesse derrière la brutalité de la chasse qui est mise en scène.

Deuxième lecture du romancier, deuxième réussite : encore plus impatiente de m'atteler à l'homme-dé.
Commenter  J’apprécie          232
Il est absolument fascinant de voir un auteur américain reprendre à son compte, avec autant de brio, les codes du roman japonais traditionnel. Questions d'honneur, place prépondérante de la nature, rôle-clé du détachement de soi incarné dans le bouddhisme et la discipline samouraï, charme discret des haïkus, tout se retrouve ici pour former un envoûtant huis-clos dans lequel quelques personnages se débattent dans la blancheur cotonneuse de la neige. Matari fuit son seigneur de mari qui veut la tuer pour laver son honneur, Oboko et Izzi, poètes, se retrouvent à l'assister dans sa fuite, prenant malgré eux ledit mari en otage. Absurde mais sensible et d'une grande beauté, ce récit émeut, de bout en bout.

Je n'ai jamais lu cet auteur auparavant, seule la quatrième de couverture et le gage d'une découverte littéraire soigneusement choisie par les Forges de Vulcain m'a convaincue de me plonger dans cette histoire. Et je dois dire que j'ai pas été déçue. Grande amatrice du Clan des Otori, j'ai retrouvé ici cette ambiance si particulière au Japon ancestral, ce côté philosophique qui apparaît au détour de chaque page alors que les personnages tentent de trouver un sens à ce qui leur arrive. Ici, les tiraillements de l'âme constituent le centre de ce récit d'une douce lenteur, charge de suspense et de tension romanesque. Un vrai page-turner en somme, alors qu'il s'y passe finalement bien peu de choses : la marque d'un vrai bon roman.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          120
Voici un livre qui vous transportera au Japon à l'époque des samouraïs, à cette époque ou les affaires d'honneur étaient questions de vie ou de mort...

L'histoire débute en plein blizzard une nuit d'hiver. Oboko est un jeune moine bouddhiste et poète, il va chercher refuge dans un ancien temple abandonné ou il va avoir l'heureuse surprise d'y retrouver Izzi, un vieil ami, lui aussi poète.
Ils vont vite être rejoints par Matari, une beauté ensorcelante, qui fuit son mari, le Seigneur Arishi... Si je vous en dis plus vous en saurez trop et je préfère vous laisser le plaisir de la découverte.
Sachez seulement qu'à partir de là, va se mettre en place une sorte de huis-clos entre tous ces personnages aux aspirations très différentes qui va nous amener à réfléchir sur les notions d'amour, d'honneur, de courage...
L'écriture est très poétique et j'ai particulièrement apprécié les petits haïkus de nos poètes disséminés ça et là. le rythme est assez lent, un peu contemplatif, certains diront ennuyeux mais c'est ce que j'aime dans ce genre de littérature.

Pendant cette lecture, les images me venaient très facilement en tête, j'avais le sentiment de regarder un film : l'ambiance, les décors, tout est parfaitement mis en scène, comme par exemple le changement de temps au fur et à mesure que l'on s'approche d'une fin annoncée.

Ce fut donc une très belle lecture pour ma part, et je suis contente de découvrir l'auteur avec ce titre.
Commenter  J’apprécie          120
George Powers Cockcroft (1932-2020) est un écrivain américain écrivant sous le pseudonyme de Luke Rhinehart. Eduqué dans une académie militaire, il débute comme professeur de littérature américaine à Long Island. Dans les années 1960, il part avec sa femme vivre au Mexique et dans d'autres pays d'Amérique du sud puis à Majorque en Espagne. L'écrivain nous laisse neuf romans dont ce Vent blanc, noir cavalier (1975) qui vient de paraître.
Attention, roman « normal » ! Si comme moi vous avez lu l'homme-dé ou Invasion, vous vous attendez à un roman « spécial » dirons-nous, or pas du tout, ce Vent blanc, noir cavalier, est de la veine la plus classique qui soit, d'ailleurs il est inspiré d'une histoire vraie.
Japon, XVIIIe siècle. Oboko, jeune moine et poète, entame un pèlerinage pour retrouver maître Eno, son guide spirituel. Pris dans une tempête de neige, il se réfugie dans un temple bouddhiste abandonné et tombe sur un ami, Izzi, poète à la cour de Kyoto, gentiment paillard et picolant sec. Durant la nuit, une autre personne vient se réfugier là, Matari, une jeune et ravissante jeune femme qui fuit Arishi, un redoutable seigneur, lancé à ses trousses avec ses samouraïs, pour la tuer et venger son honneur…
Pastiche des vieux romans japonais, ambiance vue dans les films des grands maitres nippons du septième art, Luke Rhinehart séduit et passionne avec ce très beau roman. On sourit un peu, on s'inquiète souvent, on est ému tout du long par cette magnifique histoire qui mêle amour et honneur avec la mort au bout du chemin, peut-être ?
Les trois personnages déjà cités seront bientôt quatre, avec Arishi devenu leur prisonnier mais tous ses sbires, sabre à la main, rôdent autour d'eux. Il s'agit d'un roman psychologique où s'affrontent deux conceptions du monde ou de la vie, d'un côté Oboko le gentil garçon pour qui une vie humaine prévaut sur toute autre considération, de l'autre Arishi pour qui le code de l'honneur ne doit déroger à aucune exception. Arishi aime Matari, mais pour lui et selon les règles de l'époque et de son rang, elle n'a pas su tenir sa place, il se doit de la tuer de ses propres mains.
Oboko tombé sous le charme de la jeune femme pourra-t-il la sauver ou faire fléchir Arishi ? Arishi qui ne manque pas de noblesse malgré son funeste projet, cédera-t-il ? A moins que Matari, qui n'est pas une si faible femme qu'on pourrait l'imaginer, pleine de courage, ne trouve une astuce pour ménager la fierté de son époux ?
L'écriture simple mais soignée, sur un rythme collant parfaitement au thème et à l'époque de l'intrigue, séduit le lecteur tout autant que son sujet philosophique.

Commenter  J’apprécie          40
Au Japon à une période indéterminée, deux moines poètes se retrouver dans un temple abandonné en pleine tempête hivernale. Surgit une femme… Américain voyageur, avec Vent blanc, noir cavalier, Luke Rhinehart a écrit une tragédie purement japonaise, en laissant jusqu'au bout planer le doute sur la réalité historique de ses personnages.
Dans ce roman, il va raconter une histoire d'amour, de mort, d'amitié et d'honneur dévoyé. Les deux poètes errants, Oboko et Izzi sont très différents l'un de l'autre, mais également amis et proche malgré leurs rivalités. Quand Matari arrive fuyant son mari et ses samouraïs, les deux hommes qui ne sont pas des guerriers vont pourtant tout faire pour la protéger et l'aider à sauver sa peau.
Sur l'arrière du livre, le résumé fait un parallèle entre Vent blanc, noir cavalier et Les Sept samouraïs d'Akira Kurokawa. N'ayant pas vu le film, je ne peux juger de la validité de cette comparaison. Simplement si Les Sept samouraïs a inspiré plusieurs films dont au moins deux remakes western, Vent blanc, noir cavalier est de fait lui aussi construit comme un western sauf… que l'action se déroule plein est.
Tout se passe avec une économie de lieu : le temple puis la campagne environnante. Cet environnement est quasiment « clos » : la nuit, la neige, l'orage, ou l'encaissement de la vallée restreignent le monde des personnages et les empêchent de se projeter au-delà du moment présent. le livre fait également une économie de personnages : Oboko, Izzi, Matari et son mari, et de façon incidente les hommes de ce dernier.
Alternant joutes verbales et poésie, scène contemplative et d'action, Vent blanc, noir cavalier est finalement un livre où l'histoire pourrait se résumer en trois pages, mais il porte son lectorat sur plus de 200 pages. Tenant celui-ci toujours à distance de ses personnages, il ne dira jamais clairement si le seigneur Arishi avait raison de se sentir bafoué par sa femme, si celle-ci est sincère dans ses sentiments ou si seul son besoin de liberté motive ses actions. Et pourtant, ce détachement fait partie du charme de ce roman. Un charme presque entomologique à déguster avec un bon thé.
Lien : https://www.outrelivres.fr/v..
Commenter  J’apprécie          40
Dans le Japon du XVIIIe siècle, Matari fuit la cour de son mari le seigneur Arishi et s'enfonce dans une forêt enneigée dans l'espoir d'y trouver la mort. Non loin d'un monastère, elle est recueillie par Oboko et Izzi, deux poètes radicalement différents. Ils vont tous les deux s'éprendre de la jeune femme. Mais la menace de son mari, violent et puissant, déterminé à tuer sa femme pour venger son honneur, va forcer la petite troupe à la fuite.

Dans ce roman mettant en scène Oboko le poète moine bouddhiste et Izzi le poète écrivain de cour hédoniste, l'arrivée de Matari dans le vent blanc de l'hiver apporte son lot de bouleversements qui va mettre les personnages en mouvement pour fuir mais aussi dans leur cheminement intérieur.

Pour son deuxième roman paru pour la première fois en français en septembre 2021, Luke Rhinehart rend hommage au film d'Akira Kurosawa Les Sept Samouraïs. Il fait s'affronter honneur, poésie, philosophie et amour dans un roman intense. La tension d'un huis clos à ciel ouvert structure et rythme l'histoire. Bien qu'acculés plusieurs fois, c'est le cadre géographique restreint et surtout la menace de la mort qui plane sur les personnages en rendant la fuite presque impossible qui donne cette dimension du huis clos au récit.

C'est un texte qui est emprunt de moments de poésie tant dans son écriture que par l'incursion de courts poèmes rédigés par les personnages. C'est aussi une vraie réflexion aux dimensions philosophiques sur l'honneur, le détachement de soi, l'amitié et l'amour.

« Oui, je décris le monde tel qu'il est. Ce monde qui m'apprend à maîtriser une dizaine d'arts pour qu'un homme daigne m'honorer de sa faveur; et qui, une fois cette faveur obtenue, m'oblige à me cacher derrière une façade de modestie et me condamne au silence. » (Matari, p.58)

Une belle découverte de cette rentrée littéraire, un texte intense, fort et prenant qui permet aussi des moments de répit où la lecture ralentit pour savourer la poésie du récit.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai lu ce roman quelques jours après avoir terminé La pierre et le sabre d'Eiji Yoshikawa. le ton change. Et si certains thèmes sont récurrents, le passage d'un écrivain japonais à un écrivain américain ne passe pas inaperçu. La plume est plus directe. L'atmosphère, si toute aussi sanglante et sous l'égide de l'amour et de l'honneur, est bien plus dramatique. Là où La pierre et le sabre m'avait emmenée dans une longue quête initiatique, Vent blanc, noir cavalier nous propose quelques jours dans la vie de deux moines, d'une belle jeune femme et d'un grand seigneur. Matari la jeune femme fuit son mari et Seigneur car elle a séduit d'autres hommes et celui-ci veut sa mort. Elle rencontre Izzi et Oboko, deux moines qui tomberont amoureux d'elle et surtout de sa beauté, et tenteront de la sauver. La fin est inéluctable et l'auteur nous y emmène en nous laissant une touche d'espoir mais avec une inébranlable conviction. Les rôles se mêlent : qui fuit ? qui est le sage ? qui est le prisonnier ? qui a le sens du Zen ? qui a celui de l'honneur ? Humour potache et poésie viennent ponctuer une narration fluide même s'il m'a parfois semblé que nos quatre protagonistes tournaient en rond. J'en garde le souvenir d'une parenthèse, d'un moment entre douceur et dérision, un amalgame de roman noir américain, de conte japonais et de tragédie grecque. Si j'ai beaucoup aimé l'ambiance et l'immersion dans des décors grandioses et habilement décrits, je pense que le mélange des trois genres n'a pas complètement fonctionné pour moi.
Commenter  J’apprécie          20
Je remercie Babelio et « Aux forges de Vulcain » pour m'avoir permis de découvrir ce roman.
Tout d'abord, il faut savoir que je n'ai pas pour habitude de lire de la littérature et préfère souvent m'évader dans de la fantaisie jeune adulte ou encore des mangas. Pourtant j'ai lu très facilement ce roman. Il est à la fois très poétique et ancré dans la culture japonaise notamment avec le culte de l'honneur. On se retrouve plongé plusieurs siècles en arrière au temps des samouraïs. Oboko et Izzi sont deux poètes très différents. Alors qu'ils sont coincés par la neige dans les montagnes ils vont sauver Matari la femme d'un grand Samouraï qui s'est enfuie pour retrouver sa liberté. Son mari est bien décidé à la retrouver et à la tuer pour laver son honneur.
Ce livre est un magnifique drame à la japonaise qui a su me faire verser quelques larmes à la fin mais qui reste écrit d'une façon particulière qui ne saura pas forcément plaire à tout le monde.

Ma note : 14/20 Un très beau drame japonais au temps des samouraï raconté de façon très poétique
#Frimousse

Lien : https://lecturesdefrimousse...
Commenter  J’apprécie          20
Un roman dépaysant et dérouant qui m' offert la possibilité de voyager au delà de mes univers de lectures habituels. On y parle poésie, amour et détachement dans un huis clos partiel mèlant savoureusement samouraï et honneur... perdu ou retrouvé. Forcément on pense à Akira Kurosawa et ses sept samouraïs. Au final, une agréable découverte qui me donne envie de me replonger dans l'homme-dé que j'avais abandonné il y a quelques années... J'en fais une question d'honneur!
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (132) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}