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EAN : 9782070324361
224 pages
Gallimard (01/04/1987)
3.88/5   4 notes
Résumé :

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dès le titre, Ecce Homo (1945) se présente comme un hommage à Nietzsche dont Ribemont-Dessaignes traduit alors les Poésies40. À travers ce récit en cinq étapes, le poète, figure emblématique de l'homme voyageur, l'éternel « Wanderer » romantique, modernisé par Zarathoustra, propose sa propre quête ontologique : « J'ai été cet enfant qu'arment mille flèches » (EH, 36), reprenant à son compte l'examen des diverses réponses philosophiques et religieuses données au Mystère de l'homme.

Appel aux Présocratiques dans le « Prélude des Origines » (EH, 27) qui ouvre l'opéra poétique que constitue Ecce Homo, ce premier texte en appelle aux quatre éléments pour expliquer la naissance de l'homme : eau, air, feu, terre surtout41. L'homme naît-il d'une graine germant en son sein, « Pour la vie éternelle / Pour la mort éternelle » ? Hypothèse qui n'explique ni la naissance, ni la création :

Oh, muette soit la question qui se pose !
Frères, je suis, mais je ne suis pas né.
Car l'homme se définit non par l'Être, mais le non-Être ; par le manque :
Et sur moi était la place du manque
Ô manque plus fort que l'existence.

Être de désir, il est voué à l'attente : « J'attendais, j'attendais, j'attendais », vers final qui entonne une fois de plus, le leit-motiv du chant philosophico-poétique de Ribemont-Dessaignes.

http://noesis.revues.org
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
LES AMOURS

VIE ET MORT D'ÈVE


L'arbre du jardin
A mûri ses pommes
Et dans chaque pomme
Ont mûri les grains,
Et dans chaque grain
Il y a un arbre,
Dans l'arbre la terre,
Dans son poids de terre
Masse de soleil
Et le firmament
Avec ses étoiles
Et la grande Voie
Des immenses mondes
De poussière immense
Et dans chaque monde
Est son poids de vide,
Ô pomme magique,
Et ton pesant d'or,
Ton pesant de vide,
Petit grain de vide
Ô petit grain d'or,
Germe du désir
Au souhait d'un cœur,
Tel est le présent
Par un ange offert,
Par un prince blanc,
Par un prince noir,
Ô caresse, haleine,
La graine du vide
Et les apparences
Et baise, ô cœur chaud,
Le bien et le mal
Pesés dans l'amour.

Ève dit :

Toujours il y eut ce jardin.
On le traça perdu,
On le planta perdu,
On le nomma perdu.

Mais le jardin de l'innocence et ce souvenir qu'on a…
Est-ce ce désert où n'entrèrent que des pierres ?
Tous les jardins sont perdus,
Et le ciel n'est ciel que de la terre —

Elle était vieille déjà, elle dit encore : Je rêvais —
Et elle mourut.

p.83-84
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LES AMOURS

POURQUOI CHANTER ?


Qu'avons-nous à chanter, petit oiseau, quand voici la bien-aimée ?
Ah, ce chant dans les buissons, dans les alcôves, à travers le jour, la nuit,
Comme un parfum tenace de chair, de rose, d'encens, d'ombre chaude,
Avec ces éclairs de fraîcheur, d'air marin et de rosée sur l'herbe,
Ces silencieuses attentes, ces murmurants retours,
Ces éclatantes tempêtes au sein de l'extase,
Et toujours ces chutes subites au cœur de l'angoisse, quand nous arrêtant de chanter,
Nous percevions que s'éloigne la dernière note du chant et traînant à sa suite
Le frôlement d'aile du grand vampire, compagnons de toutes les fêtes,
Tour à tour berger des apparences et grand veneur du néant —
Qu'avons-nous à chanter, qu'avons-nous à écouter notre chant,
Et moi, qu'ai-je entre deux concerts à enfourcher l'invisible cheval blanc
Pour visiter dans ce mystérieux espace offert à l'âme errante
Le bord de cet abîme sans fond où rêver d'une insomnie éternelle,
Et toujours au retour du voyage il faut chanter encore,
Ah, pourquoi ce chant qui monte, cette volute envolée,
Et la bien-aimée qui attend, le flanc frémissant, et jusqu'au fond d'elle-même,
Et toujours ce chant et toujours cette attente,
Ah, petit oiseau, cœur ailé, parfait espace de plume,
Si tout nous sépare, toi qui ne nommant pas Dieu est plus près de Dieu
Que moi qui lui ai donné nom et forme et nature,
À mon image de chant et de silence,
Petit oiseau, toi, pourquoi chantes-tu ?

p.96-97
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LES AMOURS

INTERLUDE DE L'ÉTERNEL VOYAGE


Ulysse, ô subtil voyageur
Errant sur l'océan de ruses,
Sans doute trempais-tu ta voile
Au souffle habile de ta ruse
Quand le vent d'ennui se lassait.

Je vois voguer un grand navire
Que mène la brise des siècles,
Adieu musique, adieu sirènes,
La raison délia les ruses,
La ruse abolit les chansons.

Ulysse est là. Salut, Ulysse !
Dis-moi, que penses-tu du monde ?
N'as-tu pas rencontré les Princes ?
Ô toi qui fais escale aux îles,
Combien de femmes sur la terre ?

On prétend qu'elles ont à faire
Aux Princes du ciel et d'enfer ?
Adieu Ulysse, une autre étoile
Se mire au front du voyageur,
Vogue galère de puissance.

Combien de femmes dans les îles ?
Il n'en est qu'une sur la terre.
L'homme est un roi, vogue vouloir.
Pour assister au mariage
Les Princes suivent dans les airs.

p.76-77
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STROPHES DE L'AMOUR


Oui tu cueillais les roses
Où les vertes cétoines
S'enfoncent dans l'ivresse
Au cœur de miel solaire.

Sur toi le rossignol
Epaississait la nuit,
La trouait de mesure
Au nombre des étoiles.

Ta main nouait aux nues
La chevelure éparse
Des palmes et des cèdres
Pour lier le voyage.

A la fourmi terrestre,
A l'éolienne aronde
Tu proposais la voie
Ardente des chimères.

Mais soudain clos les portes,
Tiens ton cœur et les lèvres,
Retire-toi du monde
Au couvent du silence ;

Au dehors se déroule
Le destin des ténèbres.
La rose et la cétoine,
L'oiseau et les étoiles.

La nue et les grands arbres
Voués au cycle noir,
Cruel, aveugle et sourd,
Qu'est-ce sans ton amour ?

Terrible cours sans nom,
Fleuve sans océan,
Face visible et froide
Du manque infigurable.

Toi seul vois l'apparence,
Toi seul fais le langage,
Toi seul as l'espérance,
Toi seul invente Dieu.

Car rien n'est qu'apparence,
Et rien n'est que langage,
Il n'est pas d'espérance,
Ininventable est Dieu.

Et toi, qui serais-tu
Si tu n'avais l'amour ?
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CONNAÎTRE

Alors sept hommes sont venus
Avec les tables de la loi,
Les logarithmes, l'esthétique,
L'anatomie et la grammaire,
La logique et l'astronomie.
Leur grande bouche s'est ouverte
Et les entrailles du savoir
Evaporaient l'ambre et le soufre
Et sur leurs dents blanches et noires
L'enfant appris le jeu de l'orgue.

Il était loin le chant des feuilles,
Muette était l'aile,
Déserte l'odeur des papillons
Sous la suie de l'oubli.

Mais le grand Chambellan des Secrets Surpris
Et le Parfumeur des Momies,
Et le Puisatier des Chimies
Allumèrent une immense bougie.
C'était l'hiver et les cloches sonnaient sur le désert des
caravanes englouties.
Parle, dit le Suprême Bourreau des Insomnies.
Et l'enfant récita une fable :
Je suis,
Tu es,
Il est,
Nous sommes,
Vous êtes,
Ils sont.
Morale :
Être.
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Video de Georges Ribemont-Dessaignes (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Ribemont-Dessaignes
Georges RIBEMONT-DESSAIGNES – Poète dada jusqu’à la fin (France Culture, 1984) Une compilation des émissions « Albatros », par Pierre Drachline, diffusée les 25/03, 01/04 et 08/04/1984 sur France Culture. Invités : François-Xavier Jaujard, Raphaël Sorin, Jean-Pierre Bégot et Frank Nino.
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