Dans la collection D'une seule voix ( des textes à lire à haute voix) Monsieur Monde c'est le monologue d'un gardien de prison, monté en grade, dans un pays totalitaire on ne sait où.
Une histoire ordinaire du facisme où l'on voit les rouages qui transforment les hommes en fanatique
"J"arrive pas à croire qu'on puisse faire avaler une telle crétinerie à un être humain ! Les droits de l'homme !"
C'est absurbe mais aussi terriblement efficace.
A faire découvrir aux jeunes.
Ce texte est suivi de "Ultime bataille". Celle d'un couple dont l'homme est "accroché par les mains, les pieds dans le vide " à son balcon.
De Guy ou de sa femme qui aura le dernier mot?
et de " le sociologue" Deux pages seulement mais là je n'ai pas compris...Pas de clarté pour moi ( le dernier mot du texte)
La couverture de ce petit livre (50 pages ) est superbe. Un visage fait de fil barbelé.
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Je sais ce que vous regardez. Dès que je suis entré j’ai vu la direction de vos yeux, la cible de votre regard. Il faut vous dire que j’ai beaucoup étudié sur ce sujet. Je suis une sorte de spécialiste de l’autre. Je saisis très vite ce qui se passe dans la tête de la personne qui se trouve en face de moi et même de celle qui se trouve sur le côté. Ce n’est pas un don, c’est le résultat d’un long travail. Six ans d’études…
Ce sont mes taches n’est-ce pas, celles qui se trouvent sur ma chemise un peu au-dessous du col, qui vous intriguent ? Vous voyez que j’avais compris. À votre place j’aurais fait la même chose, direct sur les taches le regard… Eh bien aussi étonnant que cela puisse paraître, elles n’ont rien à voir avec de la saleté, de la crasse, de la moisissure ou toute autre dégueulasserie que l’on peut trouver sur un vêtement. Rien. Dans la nouvelle cité des Fonctionnaires nous avons comme vous le savez l’eau courante depuis cinq ans et croyez-moi nous en profitons. Tout y passe notre linge, nos bras, nos jambes, notre tête, notre trou du cul, nos dents, tout. Concha, ma femme et moi respectons très scrupuleusement les règles d’hygiène fixées par la loi et je peux même dire qu’au moins une fois sur trois nous nous lavons très au-delà de ce que demande le gouvernement. J’affirme que ni moi ni ma femme n’avons senti. En tout cas depuis l’arrivée du président à la tête du pays. Jamais la moindre mauvaise odeur corporelle, ni chez nous ni a fortiori dans un lieu public. Nous avons parfaitement compris la pensée 43 du chef de l’État : “Un pays propre c’est un peuple propre.” Et nous avons aidé notre entourage à la comprendre. Aujourd’hui aucun de nos voisins ne pue. Je ne dis pas que c’est entièrement grâce à nous, mais je crois avoir pris ma part, même modeste, dans le grand élan national pour nettoyer la patrie. Et c’est une satisfaction, une véritable satisfaction…
Portraits croisés : Jean-Michel Ribes en Karl Marx