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EAN : 9782864328049
73 pages
Verdier (20/08/2015)
3.46/5   24 notes
Résumé :
Six textes brefs, en forme de portrait, de rêverie, de peinture, tentent de saisir au plus près du geste, de l’intention, de la peau et des os, comment le corps se courbe, s’offre ou se dérobe, dans le clair-obscur du désir, le flou du rêve, la franchise du sexe, le mystère de la représentation, l’opacité de l’art, le calme de la mort.

Six apparitions, six vacillements au bord des êtres, six disparitions. Et le secours des mots.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le désir et le verbe souverains.

Publié en septembre 2015 aux éditions Verdier, en même temps que «Entre les deux il n'y a rien», écriture de la mort d'une époque politique et du refus de la résignation, ces «Lisières du corps» se composent de six textes courts où Mathieu Riboulet, à l'orée de la découverte d'un objet de désir, dit cet égarement de l'esprit qui chavire devant la splendeur d'un corps qui se déploie, devant la perfection d'un mouvement ou d'une courbure, quand l'horizon tout à coup se resserre, autour des promesses d'un corps neuf ou d'un geste somptueux et aveuglant.

«On n'est jamais rien d'autre qu'os et muscles, nerfs et eau, on est délimité, contenu par la peau, on n'en sortira pas, sinon les pieds devant, mais parfois on convie le corps à un festin, à des grand-messes de sport, à des rituels d'amour, histoire d'en repousser, pour un temps, les limites, parfois on le confie à la poussée d'un autre pour que la pensée bâille et un instant s'efface, c'est comme une illusion lucide si l'on veut, on est bien, tout est tiède, on a déjà pleinement contenté le regard, maintenant on donne au corps matière à disjonction, on renvoie la pensée, on a payé, on est bien.»

Rencontres et fantasmes, désir inabouti dans un hammam d'Istanbul avec un masseur turc, fascination pour l'image d'un homme torse nu, saisi, ironique et souriant, par le photographe Pierre Hybre, corps multiples entrelacés dans un sauna de Cologne, hommage au corps d'un ami disparu, l'auteur célèbre les corps masculins et le surgissement du désir, dans ces textes courts étrangement apaisés, malgré la crudité et la violence souveraine des attractions.

«Il n'est pas désagréable, certes, mais il fait partie du personnel, d'une part, et d'autre part on a suffisamment à faire pour se familiariser avec le lieu et ne pas d'emblée s'égarer dans les délices de la pulsion scopique à laquelle, dans les hammams plus que partout ailleurs, on donne libre cours, surtout lorsque les corps qui le peuplent ne sont pas corps courants, habituels, corps pratiqués de longue date, mais corps neufs, bruns, sombres, résolument hors codes occidentaux balisés.»

Dans ces six courts récits, Mathieu Riboulet semble mener un combat serré avec le langage, comme un corps à corps, pour saisir les instants lumineux qui se dérobent, l'apparition vertigineuse du désir érotique, qui permet de «sortir du corps, le survoler comme en mourant tant le désir nous aura balayés, ou nous y ensevelir au point que nous n'avons plus rien pour nous y raccrocher». Splendide.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/11/01/note-de-lecture-lisieres-du-corps-mathieu-riboulet/

Pour acheter ce livre à la librairie Charybde, sur place ou par correspondance, c'est par là :
http://www.charybde.fr/mathieu-riboulet/lisieres-du-corps
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Dans six fragments de vie(s), Mathieu Riboulet tente de cerner ce qu'est pour l'homme le désir, le corps qui s'y rattache, les sensations qu'il fait naître et les vies qu'il transforme. Multiples corps à leurs lisières, dans une langue à la fois travaillée et sincère, allant toujours au delà de ce qu'elle veut dire, pour toucher aux lisières non plus du corps, mais de la poésie.
Mention spéciale à "le nom du soleil en Quechua", magnifique description d'une photo et notamment du corps d'homme qu'elle renferme, du désir suscité par la représentation, de la douleur de ne pouvoir saisir ce qui est passé et loin, représenté et donc fantasmé.
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Cinq textes courts sur le thème du corps et du désir, de qualité assez inégale, oscillant entre le moyen et le bon.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une écriture toujours aussi précise, fouillée, qui tente de cerner le plus infime sentiment de chaque geste. De la haute couture. Les six textes parlent du corps, des corps, d'homme, nu ou se dévoilant. On se laisse embarquer dans une langue fluide, procédant par petites touches.
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Les noms nous nomment …



Les noms nous nomment, les mots nous précisent.
Parfois nous remplissons la tâche qu’ils nous assignent,
Et c’est alors la joie, la rencontre et la paix,
Parfois la grâce.
Par eux nous sommes fondés,
Par eux nous nous tenons
Comme le gars se tient au mitan de l’image,
Dans l’axe de la combe
La douceur de la louve.
Nul besoin de bouger pour que le soleil entre
Dans le cadre, éclaire un peu la scène,
La lumière vient du corps,
Et portée par le nom elle arrive jusqu’à moi.


Une combe,
Une louve,
Et la courbure d’Inti, vingt-huit ans,
Corps solaire et rompu
Au feu de la présence.

p.45
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Nous sommes multiples, aucun de nous ne poursuit tout à fait les mêmes buts. Nous sommes d'accord sur la finalité - sortir du corps, le survoler comme en mourant tant le plaisir nous aura balayés, ou nous y ensevelir au point que nous n'avons plus rien pour nous y raccrocher -, mais nous varions infiniment les moyens
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Ça dévaste, la beauté du corps, la perfection qu'il présente parfois.
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Videos de Mathieu Riboulet (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Riboulet
Patrick Boucheron présente "Quand l'histoire veille aux grains"
Peut-on imaginer un banquet sans ce rendez-vous avec l'histoire, sous le couvert de la halle du village, à l'heure apéritive ? Depuis des années, Patrick Boucheron y a installé une marche interrogative et peu à peu collective, textes en main, le nez aux vents du lieu, de ses mémoires, de ses questions. C'est ici, en 2017, qu'avec Mathieu Riboulet il proclama le manifeste fondateur de cette nouvelle étape du banquet, « Nous sommes ici, nous rêvons d'ailleurs », titre de l'ouvrage récemment paru aux éditions Verdier. Cette année, des historiens, des journalistes, des écrivains reprendront avec lui la question de Demain, la veille, dans un dialogue qui tissera, jour après jour, le récit du banquet.
Entretien réalisé pour Corbières Matin, dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022.
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