AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krout


Krout
05 février 2019
Pour un sourire.

J'admire beaucoup Mathieu Ricard, son parcours, tout quitter après de brillantes études pour être pleinement soi, vivre sa vie, suivre sa voie… Entre torpeur et agitation de l'esprit, ils sont étroits les chemins qui mènent au bonheur et à la sagesse. La méditation est l'un d'entre eux. J'ai cru en voir s'en rapprocher par la musique ou le chant, la peinture, les mathématiques, le compagnonnage de l'artisan, le travail de la terre (*), le chemin de Compostelle, l'escalade, la vie en mer ou dans le désert. Je m'en voudrais de ne pas mentionner Jean d'Ormesson et la philosophie. Je ne l'ai pas lu à la recherche d'un maître à penser. Je n'ai aucune souplesse pour la position du lotus ou du semi-lotus, qui plus est je ne suis pas mode au point d'être à l'affut d'une nouvelle coupe de cheveux et d'une tenue bigarrée.

J'avais pensé sortir cette chronique en guise de présent pour l'an neuf période de bonnes résolutions. Commencé début novembre j'étais loin d'avoir fini ce petit livre. Mais en fini-t-on jamais avec un tel livre ? A peine reposé il faudrait l'ouvrir à nouveau ou se plonger dans la longue liste de références. Car à sa lecture apparaissent des pensées profondes, des émotions, des élans, cependant l'impermanence des choses… Ainsi pour m'imprégner d'une trace plus durable je m'obligeai à l'exercice de la lenteur, il me semble en effet pertinent de laisser décanter. Ne pas enchaîner les sujets de méditations, même sans être pratiquant, les laisser flotter une semaine durant. L'impossibilité d'être pleinement heureux en ignorant le malheur des autres, l'importance de la compassion, la vision pénétrante, tout fait sens et pourtant…

M'autorisant la liberté de chroniquer avant d'achever ma lecture, s'ouvrit alors à moi la liberté de postposer ce petit cadeau pour l'offrir au moment où déjà les bonnes résolutions s'estompent. Voici donc un petit témoignage personnel pour celles et ceux qui douteraient encore de la puissance de l'esprit (qu'une pratique régulière de la méditation permet de mieux appréhender). Aussi petit que je me souvienne, j'ai toujours respiré par la bouche, éprouvant trop de difficultés à inspirer par le nez. Il aura fallu que j'atteigne 58 ans, à la suite d'une opération, bloqué sur un lit incapable de soutenir une lecture, l'écoute de la musique, encore moins de regarder la TV, pour qu'enfin je me consacre à écouter et puis à suivre comment mon corps voulait respirer. Ce nez^^ toujours pas instinctif mais en me concentrant un peu il me sert sans effort. Que de temps sans y arriver parce que je m'imaginais un blocage physique.

Grâce à cette lecture le concept de la vacuité m'est devenu lumineux, il faut dire que j'avais depuis longtemps assimilé l'interrelation et l'impermanence des phénomènes j'ignorais comme le bon monsieur Jourdain que c'était cela que ce vocable recouvrait. Je me souviens avoir lu chez Dos Santos et Lenoir la même image que la sagesse est pareille à un lac de montagne… accessible par différents chemins. De toute manière, je l'ai lu pour le sourire de Mathieu Ricard, car cet homme là sourit avec les yeux. Et il me plait de le savoir, même s'il l'escalade par un autre versant, proche du sommet. Je ne désespère pas pouvoir un jour par dessus les reflets éphémères à la surface de ce lac limpide plonger mon regard dans ses yeux rieurs.

(*) Pierre Rabhi
Commenter  J’apprécie          5717



Ont apprécié cette critique (51)voir plus




{* *}