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EAN : 9782754002974
320 pages
First (04/01/2007)
2.88/5   4 notes
Résumé :
le 15 janvier 2004, un chalutier breton, le Bugaled Breizh, coule avec cinq marins au large des côtes anglaises. Toute la France est en émoi : quelle est la cause de ce naufrage ? Accident de pêche, abordage, collision ?
Une rocambolesque course-poursuite est lancée contre son agresseur présumé, un navire philippin, finalement innocenté. Il faut alors explorer d'autres pistes, moins évidentes, et plus dérangeantes.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre est un recueil unidirectionnel à la limite de la théorie du complot en faveur d'un sous-marin que les Etats et les militaires chercheraient à dissimuler. Il y a une dissymétrie flagrante de l'esprit critique suivant que les éléments vont dans le sens du « complot sous-marin » ou d'une cause plus simple de type accident ou croche (je donne quelques exemples plus bas). Il y a également une volonté de présenter cet ouvrage du point de vue des victimes et du sensationnel : plutôt que de présenter l'ensemble des faits et leur degré de fiabilité pour juger, l'histoire est racontée de manière chronologique, du point de vue des victimes et de leurs proches. le livre commence même par une version romancée de ce qu'ont vécu les équipages au moment du naufrage. le vrai mystère soulevé par cet ouvrage serait de savoir s'il a été écrit avec intention de surfer sur le chagrin et les théories du complot qui succèdent à ce type d'accident, ou si les journalistes adhèrent à leur thèse.

Quelques exemples flagrants de dissymétrie dans l'esprit d'analyse :

Sur la vitesse de l'enquête : La justice prend du temps pour mener l'enquête et le journaliste interprète les délais comme anormalement long et en déduit une intention de masquer la vérité (sous entendue la thèse du sous-marin). La justice ou les gendarmes interviennent rapidement pour examiner l'épave et le journaliste interprète cette rapidité comme anormale et en déduit une intention de masquer la vérité. Pile je gagne, face tu perds.

Sur la pertinence des pistes étudiées par la justice et sur la moralité des équipages : pourquoi part on du principe que les pêcheurs sont fiables dans leur témoignage, ne font pas d'erreur humaine et sont solidaires et qu'à l'inverse on dit que les sous mariniers et militaires sont tout l'inverse ? Justification : P127 : « on ne peut pas sombrer en 2 min avec une voie d'eau » aux dires des pêcheurs qu'on dit expérimentés (en naufrage ?). P129 : une erreur en remontant le chalut est étudiée par le BEA Mer mais écartée par les auteurs au nom de l'expérience de l'équipage. P136 est écartée en quelques lignes la piste de la croche sur fond sablonneux puisque les marins « avaient de l'expérience », « s'en seraient rendu compte et étaient sur le pont ». (Notons qu'il a été indiqué au début de l'ouvrage et qu'ils étaient probablement en train de prendre leur repas en cale au moment du naufrage). Pourquoi est-ce que le même argument n'est pas appliqué à la piste du sous-marin assassin ? L'équipage d'un sous-marin n'est-il pas expérimenté ? Les sous mariniers sont présentés comme des débiles pas fichus de naviguer sans tamponner les navires et surtout : capables d'éperonner sans s'en rendre compte ou pire de se prendre la fuite et de se taire. de même que tout le chantier de réparation et tout le corps militaire qui couvriraient l'histoire sciemment.

Sur le biais de confirmation permanent : toutes les pistes autres que le sous-marin sont écartées d'un revers de manche. Tout ce qui pousse au complot de dissimulation est renforcé parfois même de manière abusive. Un manque d'explication ? C'est pour masquer quelque chose. Un militaire ou un membre de la justice qui indique qu'il ne peut pas ou ne sait pas répondre ? C'est parce qu'il dissimule quelque chose. On n'a rien découvert d'une analyse ? C'est qu'on n'a volontairement pas vu ou fait appel à des gens volontairement incompétents. Tout le personnel sous marinier ou spécialiste des sous-marins interviewé (j'imagine que ça fait pas mal de spécialistes internationaux) indique qu'en cas d'accroche, tout l'équipage du sous-marin serait au courant. Mais comme Mr Michu, pécheur spécialiste des problèmes de croche indique qu'il n'est pas de cet avis, les auteurs concluent en faveur de ce dernier ! le pompon arrive quand on demande au BEA Mer s'ils ont reçu des instructions leur demandant de masquer ou d'effacer des preuves. Ils répondent texto : « Non, non, non. Pas du tout ». L'auteur en conclu que « oui » car selon eux, l'interlocuteur n'avait pas l'air tout à fait convaincu de ce qu'il disait. du vrai travail de non objectivité total !

Quelques contradictions (parmi les très nombreuses qui m'ont donné envie de jeter ce livre au feu toutes les 2 pages) :
Dans la série « ‘faudrait savoir ! » P72, les auteurs s'indignent que la justice enquête quand même sur une collision de surface alors que le Serge Cossec (capitaine de l'Eridan qui naviguait de concert avec le BGB) avait expliqué qu'il n'y avait aucun écho sur son radar à 6 miles à la ronde. A) La justice à l'inverse des auteurs envisage que Serge Cossec ait pu se tromper ou que son appareil ait pu ne pas repérer qqch. B) si la justice n'avait pas fait une telle étude au nom d'un simple témoignage, leur aurait ont pardonné ce manque ? Certainement pas. Les auteurs ne semblent même pas avoir cet argument à l'esprit et pire, ils indiquent plus tard lorsque Roland Esch quitte son poste et que l'enquête repart à zéro « qu'enfin, toutes les pistes vont être étudiées ».

Même constat pour l'hypothèse du béton lest (p132) que la justice incorpore. Les auteurs considèrent qu'il s'agit d'une diversion pour regarder ailleurs ou masquer des pistes. 10 pages plus tôt, ils s'étonnaient pourtant que certaines pistes aient été passées aux oubliettes.

P40, Michel Douce (l'armateur) pense immédiatement à un sous-marin quand on lui annonce le naufrage. P62 : sont évoqués d'autres naufrages similaires – le Gaul et le Pescado – où à chaque fois par manque d'explication, un sous-marin a été soupçonné (il est bien dit « soupçonné » et non accusé, encore moins prouvé). Comment les auteurs peuvent ils s'étonner que les autorités évoquent d'emblée que ce n'est à priori pas un sous-marin (p52) alors que personne n'en a encore parlé ? On voit bien que c'est de loin la thèse évoquée à chaque naufrage non expliqué non ?

P113 à 118 : entretien avec Roland Esch au moment de son départ de l'enquête. Enfin un passage lucide où ce dernier explique ses démarches, mets en évidence qu'il a essayé d'être transparent mais que ça démarche a été exploitée par les médias qui ont tout monté en épingle face à des familles en émoi pour qui la justice est une bureaucratie toujours trop froide et lente, et qu'il est évincé probablement en raison du cafouillage et du manque de pistes sérieuses qui en sont finalement sorties et pour lesquelles l'enquête tourne en fiasco et va devoir être reprise à zéro (p1
23) . Clairement pas un complot donc. Ce en quoi le journaliste sous-entend ironiquement p120 que les causes de sa mutation sont bien mystérieuses et qu'il est évincé pour le punir mais en se gardant bien de préciser de quoi.

P74 intervention de Dominique Bussereau : « on a 20 navires suspects. A chaque fois, on regarde et on sait si on a quelque chose de vraiment suspect ou pas ». Cette « drôle de démarche » est dénoncée par les auteurs comme absurde et ils insinuent que le ministre n'en semble même pas convaincu. Cette suspicion me paraît idiote : on part d'une suspicion, pas d'une certitude. Donc on regarde au cas par cas avec présomption d'innocence. Ça s'appelle enquêter et je ne vois donc pas ce que les 2 auteurs trouvent de curieux.

Notons également qu'une grande partie des abus de l'enquête sont largement dus au battage médiatique qui a été fait. le coupable idéal du navire chauffard Seattle Trader (p82) pointé du doigt initialement et monté en épingle émeut les auteurs qui semble oublier que ce sont surtout les médias qui en ont fait un immense écho comme le souligne d'ailleurs Roland Esch en p118 à 125 pour la justice et JM Schindler p164 à 169 pour la partie enquête technique du BEA Mer. le secrétaire d'état p82 intervient même pour essayer de freiner l'emballement médiatique sur le présumé coupable. P89, les auteurs cherchent même qui est responsable de ce fiasco et de cette montée en épingle avec une cécité qui en devient risible : les politiques, les militaires, et la justice sont pointés du doigt pour avoir mis en avant la piste et sa montée en escalade médiatique en jetant en pâture un pauvre navire innocent à la vindicte populaire… Mais curieusement, les auteurs n'évoquent pas une seule seconde que les médias aient pu exploiter cette affaire. Peut-être parce que les auteurs sont eux même journaliste spécialistes de la méthode ?

Bref : je ne comprends pas comment on peut se prétendre journaliste, objectif, ou lecteur avisé et considérer cet ouvrage comme un ouvrage sérieux. C'est une thèse unidirectionnelle. Pas une enquête.
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Sans doute le meilleur ouvrage sur l'affaire Bugaled Breizh même si certains développements sont apparus depuis sa parution. le travail d'investigation est mené avec sérieux, les quelques démonstrations un peu âpres (mais nécessaires) sont vite oubliées quand le récit s'attache à dépeindre les hommes broyés par ce secret d'état.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
— Serge, viens vite, on chavire ! Fais vite, on chavire !
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Viens vite ! On chavire !
— Donne-moi ta position.
— 49 degrés 42 nord et 5 degrés 10 ouest.
— Largue tes bombards, on arrive !
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