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Denis Richard (Traducteur)
EAN : 9782603028315
448 pages
Delachaux et Niestlé (17/06/2022)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Appréhender l’immensité du temps archéologique et tisser une connexion avec nos lointains parents constituent un véritable défi. Pourtant, l’homme n’a de cesse de s’interroger sur lui-même et ses prédécesseurs.
Ce livre propose de s’aventurer dans l’univers d’un ancêtre aujourd’hui disparu : l’homme de Néandertal. Glaciers, toundras, forêts chaudes, déserts, montagnes, littoraux… Davantage Eurasien qu’Européen, Néandertal a peuplé un espace immense allant du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il eût peut-être été bon que l'auteur glisse, dans un petit schéma, les définitions et différences entre les termes suivants : hominidés, hominines, homininés, singes hominoïdes, etc., comme l'avait si bien fait Jean-Jacques Hublin dans son livre « Quand d'autres hommes peuplaient la Terre : Nouveaux regards sur nos origines ». À noter que ce dernier date de 2008, et qu'il est déjà dépassé , tellement les recherches progressent rapidement !!

Mais bon, avec un bon dictionnaire récent on peut s'en sortir...
Les Néandertaliens détiennent depuis longtemps le titre d'hominines les plus costauds.
(Erratum : Oups, ces informations figurent à la toute fin de ce livre, en annexes)

Maintenant, il est temps pour moi de dire que j'ai adoré ce livre de Rebecca Wragg Sykes !
Je suis carrément époustouflé par les méthodes et les outils technologiques déployés par les archéologues du 21ème siècle. Étonné par toutes les voies que peut prendre « l'enquête » sur les Néandertaliens.
Bien sûr, ce n'est pas un roman à suspense, mais ce livre réserve son lot de surprises, et pose des questions subtiles auxquelles je n'avais jamais pensé.
De ce fait, à force de prendre des notes sur les points importants de cette lecture, j'ai fini par croire que j'allais recopier une grande partie de ce bouquin !


Chacun des 16 grands chapitres de ce livre est introduit par un tout petit texte romancé de « mise en condition », pour mieux aborder chaque thématiques, pour lui donner vie. Certains sont toutefois assez ardus.

Je regarde régulièrement l'émission « Science grand format » présentée par Mathieu Vidard chaque jeudi soir sur France5. le 3 février 2022, sur cette chaîne, était diffusé un documentaire intitulé « Nos ancêtres les hominidés » (qui est en fait une réalisation franco-japonaise datant de 2018!). Grâce à ça, je pensais en connaître un rayon sur le sujet, mais cet ouvrage va beaucoup plus loin, à grands pas.


N.B. pour l'éditeur en vue d'une future version en poche (liste non-exhaustive) :
1) Faute d'accord au milieu de la page 15 : « Que mangeait les Néandertaliens ? » au lieu de « Que mangeaient les Néandertaliens ? »
2) Faute d'orthographe en page 123 : « le théorie » au lieu de « la théorie ».
3) Faute d'orthographe en page 157 : « troupeux » au lieu de « troupeaux ».
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Une fois n'est pas coutume, avant d'aborder le contenu, j'aimerais souligner la qualité de l'édition. Une illustration et un court texte d'introduction, parfois empreint d'une certaine poésie, présentent le thème au centre de chaque chapitre. Associés à un papier de qualité, ils font de ce livre un bel objet que l'on a plaisir à lire.

Dès l'introduction, le décor est planté. le voyage à la découverte de notre ancêtre sera résolument différent, à la fois scientifique et empreint de poésie. L'auteur nous immerge dans un monde disparu et nous fait (re)découvrir Néandertal. Il ne se résume plus aux quelques vestiges archéologiques découverts à travers l'Europe, au Moyen-Orient ou même aux portes de l'Asie. Nous suivons ces traces et apprenons à le connaître intimement à travers une foule de détails touchant à tous les domaines de son existence, que ce soit physique, social ou spirituel, depuis son apparition jusqu'à sa disparition, mystérieuse et toujours inexpliquée. Néandertal (re)trouve sa place en tant qu'Homininé à part entière et non plus en tant que faire-valoir d'Homo sapiens. Exit l'image d'Epinal, voici un être « de chair et de sang » dont l'auteur dresse le portrait le plus détaillé que j'ai pu lire à ce jour.

Ce livre est aussi en quelque sorte l'éloge des sciences puisque la redécouverte des Néandertaliens a été possible grâce aux impressionnantes avancées technologiques réalisées ces dernières décennies. Les notes apportent un vrai plus sur ce point en expliquant souvent en quoi consistent justement ces nouvelles technologies.

J'ai parfois ressenti une sensation de répétition. L'exemple le plus parlant, à cet égard, concerne les objets lithiques. Mais finalement, même s'il s'agit toujours de pierres taillées, le propos de l'auteur, lui, est différent : déplacements de Néandertal, organisation de l'espace, artisanat, etc.

Il reste encore tellement à découvrir sur notre ancêtre mais cela ne sera possible que si nous changeons de perspective et abandonnons notre vision "européo-centrée". Et cela ne doit pas nous faire oublier qu'il est nécessaire de réfléchir aux conséquences éthiques de la recherche.

Même si la conclusion est sombre et pessimiste (peut-être parce que rédigée en pleine pandémie du covid ?), ce livre m'a permis de voyager plusieurs millénaires en arrière et de faire plus ample connaissance avec Néandertal, un parent.
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Ouf ! J'ai terminé ce livre juste à temps pour ne pas dépasser le délai requis par l'opération masse critique. Je remercie Babelio et les éditions Delachaux et Niestlé de me l'avoir offert.
Remerciements mérités car le livre est fort intéressant à lire. J'ai apprécié les annexes, le glossaire et l'index en fin de volume servira un jour. de plus le lecteur peut aller consulter une bibliographie en ligne.
L'ouvrage répond pour partie aux questions que je me pose régulièrement : qui sommes nous ? d'où venons nous et où allons nous ?
L'autrice dépasse les stéréotypes que nous pouvons avoir sur Néandertal souvent perçu comme un être hirsute, dépenaillé, grelottant durant l'époque glaciaire. Un livre très utile face aux nombreuses parutions de magazines utilisant titres racoleurs, fantasmes et croyances fantaisistes sur le sujet.
En résumé un ouvrage très agréable à lire qui reprend les recherches de l'autrice et de ses collègues spécialistes de Néandertal.
Elle n'élude pas le fait que nous ne savons pas encore comment les faits s'enchaînent concernant la disparition des néandertaliens.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
 "Savoir d’où ils (les Néandertaliens) viennent montre que l’évolution des Homininés n’a pas suivi une autoroute menant jusqu’à notre espèce.

Au contraire, il existait de nombreuses voies simultanées parallèles, certaines se terminant en cul-de-sac, d’autres comme celle suivie par l’Homme de Néandertal, ayant produit des espèces dont le corps et l'esprit n’avaient rien à envier aux nôtres. Et elles n’étaient pas seules : les découvertes des dix dernières années montrent que la lignée Homo a elle-même d’autres histoires à raconter.

Les « hobbits » de l’Ile de Flores, en Indonésie, en sont un exemple, remontant peut-être jusqu’à 700 ka ayant survécu jusqu’à 50 ka.

En 2013, des squelettes plus inattendus encore ont été découverts à l’autre bout du monde en Afrique du Sud. »

(p. 40 et 41)
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La sélectivité concernait aussi la façon dont les Néandertaliens utilisaient les morceaux du corps de leurs proies, présentant des intérêts différents. Les clichés de la culture populaire présentant des hommes des cavernes avec de gros cuissots de hanches sont fort éloignés de la réalité. Plus que la viande maigre, les parties les plus grasses, les plus riches en moelle étaient prisées pour équilibrer l'apport élevé en protéines et comme une ressource plus riche en énergie. Les abats devaient être savourés : le cerveau est composé d'environ 60% de graisse et la matière grise est riche en acides gras polyinsaturés à longue chaîne, essentiels à la santé et au développement du fœtus. L'interprétation des marques de découpe sur les os montre que la cervelle ainsi que d'autres parties comme les globes oculaires, la langue et les viscères étaient privilégiées.
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« Cela étant, il se pourrait que nous soyons plus violents que les Néandertaliens, car il n’y a aucune preuve qu’ils aient tué des jeunes.

Ce n’est pas le cas sur le site d’homo sapiens des grottes de Balzi Rossi, près de Vintimille (nord ouest de l’Italie), où un adolescent fut probablement poignardé ou frappé dans le dos : un fragment d’une pointe de pierre était encore fiché dans l’une de ses vertèbres et le contexte suggère davantage un conflit entre individus qu’un accident.

De telles agressions sont bien documentées dans notre espèce, même dans les sociétés de chasseurs-collecteurs, et elles se sont mêmes banalisées au fil des 40 000 dernières années.

En revanche, nous n’avons pas constaté de phénomène de cette nature au cours des centaines de millénaires d’existence des Néandertaliens. »

( p. 81)
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« Représenter le temps à cette échelle ne concrétise pas néanmoins l’hallucinante course des années, dont rendent mieux compte des juxtapositions surprenantes : il s’est écoulé par exemple moins d’années entre le règne de Cléopâtre et les alunissages qu’entre elle et la construction des pyramides de Gizeh.

Et il s’agit juste des derniers milliers d’années. Le paléolithique -la période archéologique précédent la dernière glaciation-est encore plus hallucinant : les taureaux bondissants de Lascaux sont plus proches de votre smartphone que des fresques de chevaux et des lions de la grotte Chauvet.

Où situer les Néandertaliens dans tout cela ? Ils nous ramènent bien au-delà des doigts ayant tracé ces animaux sur les parois de pierre. (…)
Au total les Néandertaliens vécurent durant 350 000 ans jusqu’à ce que nous perdions de vie leur fossiles et leurs artefacts vers environ 40 ka. (…)

Plus nous en apprenons sur les Néandertaliens, plus nous découvrons leur diversité et leur complexité. »

(p. 20 et 21)
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Voyez au travers des ombres et entendez au-delà des échos : il a beaucoup à nous dire. Non seulement une façon différente d'être humain, mais aussi un autre regard à poser sur notre espèce. Ce qu'il y a de plus glorieux avec les Néandertaliens est qu'il nous "appartiennent" à tous, qu'ils n'ont rien de suranné et n'ont pas été prisonniers d'une impasse. Ils sont ici, dans mes doigts tapotant sur le clavier comme dans votre cerveau qui comprend ces mots.
Poursuivez votre lecture et rencontrez vos parents.
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