Chapitre 10 :
Elle
«… Je le fixe. J’attends. Encore. Et encore. Les secondes s’égrènent, et je dois reprendre la parole pour le pousser :
— Dites-moi, s’il vous plaît… J’ai besoin de savoir.
— Je pense qu’il serait bon qu’un psychologue vous évalue d’abord…
Il botte en touche, mais je ne compte pas le laisser partir. Il faut que je sache. Alexander conduisait forcément ! Il doit donc avoir été touché, comme moi. Je dois m’assurer qu’il va bien, qu’il ne risque rien. J’espère qu’un miracle l’aura épargné, et qu’il se trouve actuellement dans la salle d’attente, à s’inquiéter pour moi.
Égoïste ! À quel moment ai-je commencé à penser uniquement à moi de la sorte ? Il ne doit pas s’arrêter pour moi. Alexander a tout un voyage à continuer, à terminer ! Il doit rentrer à Augusta, puis reprendre une vie normale. L’université l’attend, alors que moi, j’ai Dallas à conquérir. Je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire, mais cela ne m’a pas empêchée de trouver un travail. De la merde, oui, mais qui rapportait au moins un peu d’argent.
Je ne me vois pas revenir dans le Maine, mais la perspective de me retrouver sans mon compagnon de route me tétanise. J’ai besoin de lui. Cependant, je ne peux pas l’enchaîner à moi. Je n’en ai pas le droit. Il mérite d’être heureux, et cela n’arrivera pas tant qu’il restera à mes côtés, j’en suis convaincue.
— Docteur, dites-moi, s’il vous plaît.
Je tente de détourner mon attention vers autre chose que l’avenir. Il me faut le présent. ...»
Chapitre 1 :
Lui
«… Terrifié, je ne veux pas mourir. Je ne veux pas que Dallas meure. Mon estomac est une boule contractée, mon cœur un morceau de papier chiffonné. J’ai peur. J’aimerais pouvoir revenir un peu plus tôt en arrière. Je pourrais alors nous sauver. Nous serions heureux à nouveau.
— Dallas ?
Ma voix est brisée. Elle tremble et trahit ma terreur. Cependant, l’interpellée ne bouge pas et ne répond rien. Elle ne semble même plus vivante. Une bouffée d’angoisse me coupe le souffle pendant une seconde.
— Dallas, s’il te plaît.
Les mots sortent difficilement. Je peine à parler. J’ai la bouche pâteuse, et je m’accroche pour prononcer cette phrase. Si elle doit partir maintenant, elle doit savoir !
— Je suis désolé, Dallas. Je t’aime aussi. J’aurais dû te le dire plus tôt.
Pour qu’on ne perde pas de temps à se tourner autour. Parce qu’elle ressentait exactement la même chose que moi. Nous aurions dû parler et nous déclarer bien plus tôt, mais cela n’était pas envisageable. J’aimais bien ce petit jeu, ces regards, ce que nous avions. Mais maintenant, il est trop tard ...»
"Il faut de la lumière autour d'elle. Elle en a besoin pour ne pas se perdre dans ce sombre tunnel qu'elle arpente depuis des années."
A l'occasion de l'édition 2016 du Printemps de Montaigu, Angéline Richard, une jeune auteure yonnaise prometteuse, nous présente son premier roman: "La Guerre du temps", aux éditions Jets d'encre.
Si vous êtes intéressé par ce livre, vous pouvez le commander sur notre site : https://www.librairiesiloelarochesuryon.fr/livre/9078850-la-guerre-du-temps-angeline-richard-jets-d-encre