AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246378723
264 pages
Grasset (29/02/1988)
3.9/5   40 notes
Résumé :
Au village d'Althen-les Paluds, en Vaucluse, dans la plaine de l'ancien Comtat qui s'étale au pied du Ventoux, les Delombre possèdent une grande demeure un peu à l'écart, au bord de la Sorgue. C'est là qu'en août 1914, après la mobilisation de son mari, Thérèse Delombre s'installe avec son fils Georges pour attendre la fin des hostilités.
Elle apprend bientôt que son mari a été tué au front. Quel but a-t-elle désormais dans l'existence, sinon vivre pour son f... >Voir plus
Que lire après La DouleurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« La douleur » est un roman d'André de Richaud qui provoqua le scandale lors de sa première publication en 1930. Pour quelle raison le lecteur d'antan s'est-il indigné ? Tout simplement, car ce livre retrace l'histoire d'un amour interdit entre une femme (Thérèse Delombre) veuve de guerre et un soldat allemand (Otto), le prisonnier, l'ennemi… Même si aujourd'hui cette histoire d'adultère ne choque plus grand monde, je peux comprendre qu'un tel livre ait provoqué un scandale, 12 ans après la fin de la Première Guerre mondiale, dans un pays où le souvenir des atrocités de la guerre était encore bien présent. Cependant, ce thème de l'amour interdit aurait été aujourd'hui abordé de manière bien plus directe. Alors, sans le scandale, que reste-t-il à ce livre ? Une très belle description d'une furieuse obsession charnelle. L'auteur n'avait que 20 ans lorsqu'il rédigea ce roman. Alors, comment ne pas être impressionné par la maîtrise du propos d'André de Richaud !

Ainsi, l'évolution psychologique des trois principaux personnages (la femme, le fils et le « boche ») du livre est si justement décrite que l'on a du mal à croire au jeune âge de l'écrivain. André de Richaud aborde de tout aussi belle manière la psychologie de la masse environnante, les habitants du village sont tour à tour admiratif et dégoûté du comportement de Thérèse Delombre. Que dire de la veuve, l'amante, si ce n'est qu'elle souffre de solitude, et qu'elle peut faire preuve de bienveillance, d'amour, mais aussi de méchanceté et d'un certain égoïsme. Ses pulsions, Thérèse tente de les combattre… « Lorsqu'elle voyait un homme, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer son sexe. Elle ne pensait qu'à l'amour, qu'aux gestes de l'amour, qu'aux douleurs de la passion. Elle aimait éperdument. » le fils, affectueusement nommé Georget par sa mère, est touché par le même sentiment de solitude que cette dernière. Il l'aime et la haie. Tel un enfant qui ne comprend pas tout, mais assez, Georget aussi, lutte contre ce qu'il éprouve… le soldat allemand est lui plus mystérieux, mais tout aussi intéressant à suivre. « La douleur » est aussi un roman marqué par une pointe de cynisme.

« Nous sentons qu'au fond de nous-mêmes, notre mort s'apprête, parce que nous ne pouvons faire la preuve essentielle de notre vie ».

Albert Camus disait de ce premier roman d'André de Richaud : « Je le lus en une nuit, selon la règle et, au réveil, nanti d'une étrange et neuve liberté, j'avançais hésitant sur une terre inconnue. Je venais d'apprendre que les livres ne verraient pas seulement l'oubli et la distraction… Il y avait une délivrance, un ordre de vérité où la pauvreté, par exemple, prenait tout à coup son vrai visage. La Douleur me fit entrevoir le monde de la création ».

Qu'en pensez-vous ?
Lien : https://deslivresetdesfilms...
Commenter  J’apprécie          110
Jamais je n'aurais connu cet auteur sans Jean Grenier ,qui le donna en lecture à Albert Camus, qui d'après les biographes lui donna l'envie de devenir écrivain.

"Je le lus en une nuit, selon la règle et, au réveil, nanti d'une étrange et neuve liberté, j'avançais hésitant sur une terre inconnue. Je venais d'apprendre que les livres ne verraient pas seulement l'oubli et la distraction… Il y avait une délivrance, un ordre de vérité où la pauvreté, par exemple, prenait tout à coup son vrai visage. La Douleur me fit entrevoir le monde de la création."

Albert Camus
Commenter  J’apprécie          90
A une question posée par Carl A. Viggiani dans un questionnaire dactylographié couvrant les années 1915 à 1942 "Comment la Douleur de Richaud a t-elle déterminé pour une part votre vocation littéraire ?
Camus répondit " J'ai découvert qu'un enfant pauvre pouvait s'exprimer et se délivrer par l'art" (Cahier de l'Herne p 34)
Ce livre découvert grâce à Jean Grenier évoquait une histoire d'enfant dramatique dont le père était mort pendant la Grande Guerre...
Lors de ses séjours vauclusiens Camus se rendit-il à Althen-les Paluds, petit village où se déroule l'action pour mieux s'imprégner de l'ambiance ? Je n'ai rien trouvé qui puisse le confirmer, mais on peut imaginer qu'il le fit, peut être accompagné par René Char!
Commenter  J’apprécie          20
aimé par camus
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
Actualitte
05 novembre 2018
On a parfois comparé ce roman à celui de Radiguet, "Le diable au corps" qui avait fait scandale. Mais celui-ci, à mon sens, ne serait-ce que par la beauté du style, les descriptions de la campagne, cette lente infusion de la passion, le vaut largement. Et pourquoi donc Richaud est-il ensablé? A lire absolument.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le bois du lit craqua et elle eut la respiration coupée au moment où elle posa la main sur le loquet. Dans les escaliers, elle devint plus leste. Elle était dans le jardin. Les fusains faisaient de grosses touffes de noir. La corde de la balançoire de Georget pendait dans l'air, immobile, et sous le houblon luisait un petit point rouge, comme une étoile qui se serait prise dans ces lianes enchevêtrées. De temps en temps son éclat devenait plus vif et l'on voyait un visage pâle et osseux dont les yeux scintillaient.
Commenter  J’apprécie          50
" Lorsqu’elle voyait un homme, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer son sexe. Elle ne pensait qu’à l’amour, qu’aux gestes de l’amour, qu’aux douleurs de la passion. Elle aimait éperdument. Une seconde jeunesse la saisissait (…) Elle aurait voulu pouvoir se confier à quelqu’un, demander des conseils… Tout le monde semblait ignorer, dans le village, le mal dont elle souffrait. Pourtant, ces jeunes femmes dont les hommes étaient partis se battre, comment faisaient-elles? "
Commenter  J’apprécie          50
Nous sentons qu'au fond de nous-mêmes, notre mort s'apprête, parce que nous ne pouvons faire la preuve essentielle de notre vie.
Commenter  J’apprécie          90
"...En elle, l'extrême joie voisinait avec l'extrême douleur. Une vague souffrance lui serrait le coeur. Elle souffrait de quoi ?
Elle n'aurait pu le dire mais tant de souffrance la déchirait...
...L'amour ou plus exactement le besoin d'être aimée, de sentir une autre chair que la sienne sous sa main l'aveuglait.
Il semble que, au moment, où le corps va être satisfait, il exaspère ses besoins..."
Commenter  J’apprécie          20
Il est long et douloureux quelquefois de déshabituer le corps d'un corps qui, depuis longtemps, a pris sa forme.
Commenter  J’apprécie          30

Video de André de Richaud (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André de Richaud
André de RICHAUD – Une Vie, une Œuvre : 1907-1968 (France Culture, 1990) Émission "Une Vie, une Œuvre", par Jacqueline de Roux, diffusée le 3 mars 1994 sur France Culture. Invités : Maurice Baquet, Pierre Seghers, Pascal Mazzotti, Georges Abbé, Robert Morel, Léon Gabriel Gros et François Marie Lemonnier.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (95) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3177 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..