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La douleur » est un roman d'André de Richaud qui provoqua le scandale lors de sa première publication en 1930. Pour quelle raison le lecteur d'antan s'est-il indigné ? Tout simplement, car ce livre retrace l'histoire d'un amour interdit entre une femme (Thérèse Delombre) veuve de guerre et un soldat allemand (Otto), le prisonnier, l'ennemi… Même si aujourd'hui cette histoire d'adultère ne choque plus grand monde, je peux comprendre qu'un tel livre ait provoqué un scandale, 12 ans après la fin de la Première Guerre mondiale, dans un pays où le souvenir des atrocités de la guerre était encore bien présent. Cependant, ce thème de l'amour interdit aurait été aujourd'hui abordé de manière bien plus directe. Alors, sans le scandale, que reste-t-il à ce livre ? Une très belle description d'une furieuse obsession charnelle. L'auteur n'avait que 20 ans lorsqu'il rédigea ce roman. Alors, comment ne pas être impressionné par la maîtrise du propos d'André de Richaud !
Ainsi, l'évolution psychologique des trois principaux personnages (la femme, le fils et le « boche ») du livre est si justement décrite que l'on a du mal à croire au jeune âge de l'écrivain.
André de Richaud aborde de tout aussi belle manière la psychologie de la masse environnante, les habitants du village sont tour à tour admiratif et dégoûté du comportement de Thérèse Delombre. Que dire de la veuve, l'amante, si ce n'est qu'elle souffre de solitude, et qu'elle peut faire preuve de bienveillance, d'amour, mais aussi de méchanceté et d'un certain égoïsme. Ses pulsions, Thérèse tente de les combattre… « Lorsqu'elle voyait un homme, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer son sexe. Elle ne pensait qu'à l'amour, qu'aux gestes de l'amour, qu'aux douleurs de la passion. Elle aimait éperdument. » le fils, affectueusement nommé Georget par sa mère, est touché par le même sentiment de solitude que cette dernière. Il l'aime et la haie. Tel un enfant qui ne comprend pas tout, mais assez, Georget aussi, lutte contre ce qu'il éprouve… le soldat allemand est lui plus mystérieux, mais tout aussi intéressant à suivre. «
La douleur » est aussi un roman marqué par une pointe de cynisme.
« Nous sentons qu'au fond de nous-mêmes, notre mort s'apprête, parce que nous ne pouvons faire la preuve essentielle de notre vie ».
Albert Camus disait de ce premier roman d'André de Richaud : « Je le lus en une nuit, selon la règle et, au réveil, nanti d'une étrange et neuve liberté, j'avançais hésitant sur une terre inconnue. Je venais d'apprendre que les livres ne verraient pas seulement l'oubli et la distraction… Il y avait une délivrance, un ordre de vérité où la pauvreté, par exemple, prenait tout à coup son vrai visage.
La Douleur me fit entrevoir le monde de la création ».
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