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Critique de nadejda


«Silence et obscurité que ne venait troubler aucune voix de l'au-delà. Aucune présence surnaturelle. Aucune présence humaine. le monde avait oublié qu'ils étaient là, et les hommes qui habitaient la maison étaient sans souvenirs.»
«La Maison peu de gens l'avaient vue bien qu'elle ne fût située à guère plus de cinq kilomètres du village.
(...) On disait la Maison... et l'on faisait suivre ce mot si simple d'un silence qui lui donnait une signification étrange.»
Trois hommes vivent à l'écart d'un village, le village de Sabran, dans une grande maison «entourée d'une sorte de cercle magique», en compagnie d'une vieille servante, la mère Malon, qui va chercher les provisions une fois par semaine le samedi, «trop vieille et trop légère pour laisser derrière elle la moindre trace de son passage». Elle est leur seul lien avec l'extérieur.
M.Charles revenu de la ville, qui «aime éperdument la musique et a tout abandonné pour 
elle» vit là en compagnie de Hugues, son fils de 18 ans d'une grande beauté
«Il était beau. Ses cheveux châtains, bouclés et coupés au ciseau, dans lequel le brouillard s'était pris, scintillaient de mille gouttes d'eau. Dans son visage, que la flamme éclairait par saccades, seuls ses yeux bleus brillaient -- les yeux de sa mère, un peu relevés vers les tempes»
Il faut ajouter le grand-père qui , depuis 15 ans, est enfermé dans une vie végétative assisté par le dévouement de la vieille Malon. 

Hugues réussira difficilement à s'extraire de l'atmosphère de la Maison et de l'emprise du père pour tenter de vivre sa vie. Il y reviendra après avoir traversé de grandes épreuves, rappelé par une musique ensorcelante qui l'atteint au plus profond de lui-même.
Le lecteur est lui-aussi pris dans une atmosphère inquiétante, oppressante, où la folie rôde, que la belle écriture poétique de André de Richaud sait rendre fantastique. Ce livre étrange, mystérieux, à la beauté ténébreuse, comme en nous jetant un sort, tient en haleine jusqu'au bout.

A ce conteur fabuleux qu'est André de Richaud pourrait s'appliquer le beau poème en prose de Baudelaire «Les bienfaits de la lune» car on retrouve bien dans «La fontaine des lunatiques» ce que la Lune dit à l'enfant endormi qu'elle élit : «Tu subiras éternellement l'influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j'aime et ce qui m'aime : l'eau, les nuages, le silence et la nuit ; la mer immense et verte ; l'eau informe et multiforme ; le lieu où tu ne seras pas ; l'amant que tu ne connaîtras pas ; les fleurs monstrueuses ; les parfums qui font délirer ; les chats qui se pâment sur les pianos, et qui gémissent comme les femmes, d'une voix rauque et douce !
Pourquoi André de Richaud pourtant soutenu par Cocteau et Delteil et admiré par Camus, en particulier pour son premier roman «La Douleur», est-il tombé dans l'oubli ?
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