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Critique de RAPHIKI


Un roman express comme je me plaît à les appeler, du genre 150 pages à tout casser, un calibrage de caractère à la limite de l'acceptable.
Le type de lecture qui ne vous demande que quelques heures de concentration pour en finir, et surtout qui repose vos yeux meurtris et hébétés par le énième tome de je ne sais quelle saga de sept cent pages qui l'a précédé.
On entre dans l'intrigue avec délectation, pas de lourdeur avec des descriptions sans fin, Richaud pose le décor sans fioritures inutiles et excessives.

Rares sont les oeuvres où il ne faut pas moins de trois chapitres pour être enfin en osmose avec l'histoire, et y être scellé.
Frédéric est un fantasque, il joue des mots avec fluidité et simplicité, être compris est déjà le premier devoir d'un auteur vis à vis de son lecteur, mais en y regardant à deux fois et en étudiant la syntaxe avec minutie, on aperçoit une structure, un entremêlement sans pareil, plus subtils et raffinés qu'il n'y paraît au premier abord.

En  conteur qui se respecte, il tente de faire sonner son récit de manière acidulée et cotonneuse. 
Une légèreté pas si anodine que cela, nous percevons derrière tout le burlesque suintant de la plume de Richaud, que s'écoule une gravité et une noirceur sans pareille, une dénonciation générale de la condition humaine, des moeurs nobiliaires toujours donnée avec les commissures des lèvres retroussées.
Après tout n'est ce pas là le rôle d'une fable, de crier tout haut les aberrations d'une époque à travers quelques mises en scènes bien souvent animalières ?
En quoi une civilisations s'arroge-t-elle le droit d'établir les règles de construction de l'humanité.
Je passe ici la liste des arguments tous aussi pathétiques et vulgaires dressée à cette occasion, range les théories Lévi Straussiennes

Richaud à travers ce thème de l'esclavagisme, n'opère point tant à une dénonciation du phénomène en tant que tel, mais plutôt l'utilise pour servir les desseins d'une dérision de cet amas de gens bien nés s'appropriant les règles et critères de hiérarchisation, de classification même de la race humaine.

« Sans Foi, Ni Loi, Ni Roi ».

Certes on sent une grande amertume, mais le comique n'en est que plus relevé, la dérision devrais je même souligner.
Nous pourrions même nous tourmenter dès le début de l'ouvrage avec une question centrale, La Ménagerie est-elle bien celle que l'on croit ou que l'on doit, n'en cache-t-elle pas une plus sauvage qu'elle n'y paraît ?

A travers le personnage du Duc de Dunan, et de tant d'autres, Frédéric place d'ores et déjà les plus beaux clichés de cette ère faste et « ensoleillée ».

En passant par cette burlesque et quasi canine adulation pour Sa Majesté, homme prêt à se contorsionner dans les plus humiliantes courbettes, à se vautrer dans les plus sales bourbiers pour s'attirer les bonnes grâces, le spectacle rectal, du Roi Soleil.

Un espèce d'adoration sirupeuse qui tranche parfaitement avec un marquis bis composant charnellement avec ces dames comme d'un brigand du tiroir caisse ( un Arsène Lupin autrement dit). 
On passe d'un portrait d'homme pesant et inintéressant, à un véritable Don Juan à la filouterie frôlant l'intelligence suprême. Il nous sert une vision des femmes plus que pragmatique et matérialiste.

En bref, la Ménagerie de Versailles est un moment délectable ... Périple aux avant gouts désastreux et prévisibles dans la finalité non dans le déroulement ce qui est fort agréable.

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