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EAN : 9782916141848
192 pages
L'Arbre vengeur (19/05/2012)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Au Panthéon des maudits, André de Richaud s’est taillé une place de choix. Ne réclamant rien à la gloire, il a droit à celle, posthume et étriquée, des écrivains de haut style qui négligèrent de consolider leur statue. Reste pourtant une gerbe de livres splendides et des éclats de talent disséminés dans les revues et les journaux. Le prouvent les onze textes rassemblés dans ce volume qui couvrent sa large palette d’inspiration, des chroniques parisiennes aux nouvell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Troisième publication des éditions de l'Arbre Vengeur et troisième claque ! Un coup de foudre éditorial, en somme. Je ne reviendrai plus sur les qualités du travail fourni par cet éditeur dont on pourrait dire qu'il fait du poche de luxe (qualité de papier, soin apporté à la direction artistique, etc.).

L'auteur a connu la gloire dans l'entre deux-guerre avant de sombrer dans l'oubli. Pour nous en donner une idée, la préface nous apprend que Camus a reconnu ce qu'il devait à certains des romans écrits par André de Richaud (La douleur ; 1930). Et pourtant qui connait encore cet écrivain ? Dans la droite ligne de la collection Alambic (qui déterre les auteurs injustement oubliés), "Echec à la concierge" permet une redécouverte salutaire. C'est qu'André de Richaud écrit bien. Mais alors très très bien. Et dans des registres divers comme l'atteste ce recueil de nouvelles délicieuses (chroniques parisiennes, histoires rurales ou fantastiques).

A découvrir d'urgence !

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
-Au lecteur qui me connaît-

Vous insistez surtout sur -les inexactitudes- Inexactitudes en regard de quoi ? En quoi un rêve est-il inexact ? Et qu'est-ce qu'un vrai roman, sinon un rêve ?
Parce que vous avez reconnu certaines silhouettes parmi mes personnages. (...)
D'abord, posons une fois pour toutes que ce que vous avez lu est un roman, donc une oeuvre d'imagination. Ensuite que je ne suis pas-obligé- de faire rire ou d'émouvoir quelques lecteurs (voyez si je suis modeste !) périodiquement. Je ne travaille pas aux pièces. (p.29)
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L'enfant, déjà, aimait l’ombre et la nuit. Il sortait de l’école à cinq heures et le soir, en hiver, était déjà tombé. La maison et le mistral terrible sur le chemin qui longeait la Sorgue. Le petit ne parvenait pas à retenir sur lui les pans de sa pélerine et prenait un terrible plaisir à se faire peur. Après quelques minutes de marche, il distinguait, dans l’ombre, la lumière jaune de sa fenêtre, puis il fermait les yeux pour se sentir enlacé par le vent. Il faisait la chair de poule et l’ombre se peuplait de mains froides qui le berçaient ; et les grandes orgues des pins chantaient en chœur et les flûtes de la rivière aussi. Il aimait sentir une feuille lui courir sur le visage. Tant qu’il était sur le chemin solitaire, proie des ombres, dans le royaume enchanté, il ne tremblait pas ; mais dès qu’il arrivait près de la porte, il se mettait à claquer des dents et courait comme traqué.
Ce passage près du fleuve noir dans lequel il croyait toujours sombrer, il l’attendait toute la journée et, comme la classe de géographie précédait la sortie, une mystérieuse préparation de l’enchantement commençait à l’insu de tous, dans l’école. On disait des noms de pays inconnus ; on montrait des images de contrées magiques et un monde sombre et hanté s’installait dans sa petite cervelle.
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La mère Guillot était la plus infernale des concierges qu'on ait vu naître sous le ciel de Dieu, depuis qu' il y a des concierges et que quelques-unes sont méchantes. Je ne veux aucun mal aux concierges, comme je ne veux aucun mal à la scarlatine, à l' impôt ou tout simplement la mort. Puisqu'il en faut, il en faut mais celle-là, vraiment, dépassait le but, comme on dit en jouant aux boules.
À soixante-quinze ans, petite, preste, il fallait la voir ribouler son œil cerclé de fer. Je serais aveugle et on m'offrirait d'y voir avec ces yeux là que je préférerais la nuit éternelle. Il fallait la voir traverser à la hâte le boulevard, la langue pendante et surchargées de racontars, comme celle du tamanoir repu est surchargée de fourmis.
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Plume, petite compagne, prolongement de moi-même, qui vit de ma chaleur, que vas-tu raconter ? Nous sommes tous les deux seuls au milieu de cette montagne sans réalité. Les deux foyers voisins, mais non pas confondus, d’une immense ellipse. D’une ellipse sans vie. Que dis-tu, solitaire ? Parce que c’est l’hiver, tu crois que le monde est comme toi, mort. Tu veux mettre de la mort sur toutes choses. Sulfater de mort les vignes ; étamer de mort les pierres. Il est vrai que, de mes ténèbres, le monde t’apparaît comme vide et silencieux. Mais ce silence est fait des mille ronflements de la nature qui dort ; ce vide est plein de cubes, de cylindres, de sphères minérales et végétales qui ne demandent qu’à tourner, rouler, éclater dans l’allégresse du printemps qui viendra pour tout le monde, sauf pour moi.
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-Au lecteur qui me connaît-
Cher lecteur qui me connaît si bien, parions que le jour où je vous épinglerai dans un roman qui se passera dans votre ville, vous reconnaîtrez tout le monde, sauf vous. (p.34)
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Video de André de Richaud (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André de Richaud
André de RICHAUD – Une Vie, une Œuvre : 1907-1968 (France Culture, 1990) Émission "Une Vie, une Œuvre", par Jacqueline de Roux, diffusée le 3 mars 1994 sur France Culture. Invités : Maurice Baquet, Pierre Seghers, Pascal Mazzotti, Georges Abbé, Robert Morel, Léon Gabriel Gros et François Marie Lemonnier.
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