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EAN : 9782203124288
200 pages
Casterman (08/04/2020)
3.5/5   16 notes
Résumé :
Freud à la conquête de l'Amérique !

Pierre Péju et Lionel Richerand nous dévoilent une histoire peu connue de la psychanalyse : la rencontre de Freud et de son patient américain Horace Frink.

Frink l’élève brillant, l’athlète, le représentant exacte du Nouveau monde et de ses possibles, qui sera tour à tour disciple et cheval de Troie pour gagner la conquête de la prude Amérique. Frink qui sera surtout cas d’école et sujet, piloté par F... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une belle coïncidence : A l'heure où la série « En thérapie » fait un tabac sur Arte, vient de paraitre aux éditions Casterman l'album Frink & Freud le patient américain sous la plume de Pierre Péju et le crayon de Lionel Richerand. Alors Freud, tout le monde connaît, mais Frink ? C'est pourtant l'un des pionniers de la psychanalyse aux États-Unis. Et c'est, avec pour fil rouge sa relation avec Freud, que va nous être conté le destin hors du commun, la descente aux enfers de cet homme aux débuts pourtant extrêmement prometteurs à travers une biographie originale et passionnante mettant également en lumière l'histoire de l'implantation de cette méthode novatrice d'exploration de l'inconscient au pays de l'Oncle Sam.

Vienne, 1928. Au 19 Bergasse, assis à son bureau, Freud se remémore sa découverte et sa conquête de l'Amérique. Et nous voilà partis pour une quarantaine de pages à suivre à travers son regard condescendant le périple de cet antiaméricain avéré sur lequel a contrario ce jeune pays exerce également son pouvoir de séduction. Septembre 1909, après avoir traversé l'océan, flanqué de ses confrères Carl Gustav Jung et Sándor Ferenczi, il pose pour la première et la dernière fois le pied sur le sol américain. Tous trois sont invités à un colloque à la Clarke University de Worcester (Massachusetts) afin d'y présenter leurs travaux sur cette discipline toute nouvelle : la psychanalyse. C'est Horace Frink, jeune psychanalyste brillant, grand admirateur des concepts freudiens qui va accueillir l'illustre Viennois et pendant plusieurs jours lui faire découvrir la ville mais à son grand dam ne sera convié ni aux conférences à la Clark University, ni à la randonnée dans les Monts Adirondacks en compagnie de la fine fleur des auditeurs qui s'en suivit. Et pourtant cette rencontre avec Freud allait avoir de fortes répercussions sur sa propre existence et faillit également ruiner l‘implantation de la psychanalyse en Amérique.
Mais quittons Vienne et laissons Freud dans son fauteuil s'interroger sur le bien fondé d'avoir misé sur son futur patient, cet Américain « superficiel mais efficace, vulgaire mais audacieux » pour s'imposer dans le pays allant jusqu'à oeuvrer pour le propulser à la tête de la Société psychanalytique américaine avant de le faire destituer et asseyons-nous à Millerton dans le fauteuil du jeune Frink alors âgé de 8 ans car, contrairement à ce qu'on pourrait penser au prime abord, c'est bien lui et non Freud, le personnage principal de ce livre. Un vrai personnage de roman ! Une enfance aux nuits peuplées de monstres et de cauchemars, des relations complexes avec sa famille, un incendie, une chute de cheval … Autant de traumatismes qui provoqueront chez l'adulte des périodes de dépressions récurrentes. Ajoutez à cela la confusion des sentiments : entre sa femme Doris et sa patiente l'exubérante Angelica, son coeur et sa raison balancent. Tout est réuni pour qu'il devienne ce patient américain qui effectuera deux cures dans la capitale autrichienne. Mais cette thérapie et l'analyse de Freud ne lui seront d'aucun secours et au contraire précipiteront sa fin tragique. Cherchez l'erreur ...

La dualité Frink & Freud ou L'oeil de la nuit
Alors on ne présente plus Pierre Péju, essayiste et romancier ayant reçu en 2003 le Prix du livre Inter pour La petite chartreuse et en 2005 le Prix du roman FNAC pour le rire de l'ogre dont Sandrine Martin a signé l'adaptation en bande dessinée en 2018 aux Editions Casterman. S' intéressant de très près à la psychologie, il s'est penché sur la vie d'Horace Frink et a choisi de la raconter parallèlement à travers deux opus qui se complètent : un roman L'oeil de la nuit paru en 2019 et un scénario de bande dessinée qui, mis en scène et illustré par Lionel Richerand a donné naissance à Frink & Freud, le patient américain.
La dualité est omniprésente dans le roman graphique. Dans le titre tout d'abord, Frink & Freud, percutant, qui par ses sonorités et ses allitérations nous évoque le « Treat or trick » d'Halloween. C'est un roman bipolaire par sa structure faite d'oppositions : le vieux continent et le Nouveau monde, le rêve américain et la réalité cauchemardesque, un Freud caustique, manipulateur et un Horace Frink naïf, influençable, Doris la femme et Angelica la maîtresse… C'est aussi le croisement de deux regards : celui de Freud sur les États Unis et celui d'un Américain sur la vieille Europe : Vienne mais aussi Paris et les nuits folles de Montparnasse où il croisera Foujita et Valéry Larbaud accompagné de James Joyce. Joyce… joy .. joie... Freud : départ pour Vienne !
Cette première incursion de Pierre Péju dans le domaine du 9ème art est une totale réussite. On ne peut que saluer une narration subtile qui bien que complexe n'en est pas moins d'une grande clarté et apprécier la saveur des dialogues ciselés.

Le graphisme au service de la narration
Spécialisé dans l'illustration et la réalisation de films d'animation, le dessinateur de Dans la forêt et L'esprit de Lewis déploie une fois de plus tout son talent dans ce roman (exo)graphique.
Le procédé utilisé ici, un crayonné charbonneux, met parfaitement en valeur les différents états d'âme et émotions des personnages. La mise en scène extrêmement variée et imaginative rythme le récit. Les dessins très dynamiques tour à tour réalistes ou caricaturaux fourmillent de détails extrêmement pertinents et de références. La couverture à elle seule est un formidable résumé depuis son recto en passant par les monstres qui en peuplent l'intérieur, Sigmund et Horace sur les rabats séparés par un océan de 216 pages pour s'achever sur la représentation allégorique de la quatrième de couverture, pitch parfait. Pour figurer le second séjour à Vienne, l'illustrateur flirte avec l'expressionnisme allemand : perspectives déformées, ombre de Frink projetée sur le mur faisant contrepoint au classicisme et l'austérité du monument Marie-Thérèse de la page précédente. Les monstres tentaculaires peuplant les rêves et l'imaginaire du jeune Horace semblent eux sortir tout droit de l'univers fantastique.
Et surtout, ,Lionel Richerand fait une formidable utilisation de la fumée et de ses volutes :Fumée de l'incendie, fumée du train, fumée du bateau bien sûr mais aussi et surtout fumée du cigare de Freud car, comme Dieu, Freud est un fumeur de Havane. Il est caractérisé non seulement par son cigare mais aussi par sa barbiche blanche, ses lunettes rondes et son regard hypnotique. D'Horace Frink, Lionel Richerand a gardé la silhouette, le visage mince, la coiffure et le haut front dégarni. Figure lisse à la Tintin au début, ses traits vont peu peu se transformer, se dégrader pour tendre vers un visage creusé qui évoque tout à la fois le Cri de Munch et la momie d'Adèle Blanc Sec. Terminons par un beau clin d'oeil au cinéma muet avec le couple Bijur : Angelica croquée en Louise Brooks et son mari en Eric Campbell affublé d'une dentition ogresque.

Exofiction mêlant adroitement réalité, rêves et fantasmes, ce passionnant roman graphique de 202 pages retraçant la vie d'un des précurseurs de la psychanalyse aux États-Unis est une très belle surprise ! Personnage éminemment romanesque de par ses traumatismes liés à l'enfance, ses amours, sa relation au « pharaon » Sigmund Freud, Horace Frink a été tiré de l'oubli par Pierre Péju et Lionel Richerand et ce n'est que justice. Pour conclure, je reprendrai l'énigme du Sphinx que l'auteur a appliquée à Horace Frink  : « Quel est l'animal qui le matin fait des cauchemars, à midi les raconte et le soir est aveuglé par la fumée noire ? » A méditer ...
Vous pouvez retrouver la chronique sur L'Accro des bulles.
Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
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J'ai un avis un peu mitigé concernant cette BD, car selon moi, il y avait des manques qui n'ont pas été comblés par d'autres aspects.
Premièrement, j'ai trouvé qu'en effet, nous passons au travers de l'univers de Freud et de Frink, mais ce n'était pas assez approfondi. Il est logique de romancer parfois pour capter le lectorat, mais la finalité n'est pas vraiment à la hauteur de mes attentes. J'aurais aimé un approfondissement sur les aspects de la psychanalyse ou sur les névroses tout simplement, mais l'auteur est passé à côté de ça. Ce qui est fort dommage, car je m'étais lancée dans la lecture pour combler cette attente que j'avais concernant les analyses.
Deuxièmement, je n'ai absolument pas accroché avec le style des illustrations. Je pense qu'il y a des adeptes de ce style, mais personnellement, je suis passée à côté. J'ai dû reprendre ma lecture plusieurs fois.
Ces deux gros points négatifs ont fait que je n'ai pas accroché à la BD, malgré tout, il faut reconnaître que sans les attentes que je pouvais avoir, j'aurais certainement passé un meilleur moment lors de ma lecture. Donc je conseille cette BD aux personnes qui veulent juste un aspect romanesque de Freud et de Frink. Je pense que la BD pourra trouver facilement un public, mais uniquement si celle-ci n'a pas trop d'attente sur la psychanalyse.
Lien : https://alloverthebooks.word..
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Quand Freud pose le pied en Amérique en 1909, il arrive en conquérant. Lui seul, selon ses dires, maîtrise la psyché, les autres n'y connaissent rien. de conférences en conférences, il distille sa parole et se fait entendre de ses confrères américains. Parmi eux, Horace Frink, jeune médecin qui se bat depuis des années avec des démons intérieurs. Freud ne le considère pas et se sert du jeune homme pour lui servir de guide dans la ville. de retour à Vienne, le psychanalyste a tout de même des doutes sur Frink, ce jeune médecin pourrait peut-être lui être d'une grande aide pour implanter ses théories en Amérique.
De son côté, Frink s'installe comme psychothérapeute et reçoit comme patiente la richissime Angelica. Bientôt tous deux passeront la barrière interdite entre patient et médecin. Frink ne sachant que faire s'en remet à Freud et se rend à Vienne pour se faire psychanalyser. le grand Sigmund conseille aux amants de quitter femme et mari et de s'unir pour assouvir leur passion.
Cette décision mène tout doucement mais irrémédiablement Frink sur la pente dangereuse de la névrose. Névrose déjà bien présente mais non décelée par Freud.
Si le début de la bd s'intéresse pendant quelques instants à la venue de Freud en Amérique, le lecteur s'aperçoit rapidement que le personnage central est Horace Frink. On découvre la vie du jeune garçon qui n'a rien de réjouissant. Traumatisé par des cauchemars qui ne sont pas pris en compte par ses parents, Horace devra se convaincre que tout cela n'est que fantasmes et qu'il doit vivre avec.
Ce qui est intéressant, c'est de comprendre pourquoi Frink a directement été attiré par Freud qui décryptait les rêves les plus fous et qu'il voyait en lui un genre de sauveur.

À l'illustration, les traits crayonnés de Lionel Richerand offrent des dessins crispés par la douleur et la folie, c'est tortueux comme les cauchemar du jeune Frink. le choix du noir et blanc est parfait pour raconter cette histoire de la rencontre ratée entre ces deux hommes dont l'un avait un égo tellement surdimensionné qu'il peinait à comprendre que troubles bien profonds de ses patients. Dans le cas de Frink, il a été dit qu'il souffrait vraisemblablement de bipolarité.
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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Au niveau des BD j'essaie de plus en plus de m'essayer à des styles différents et à des albums vers lesquels je ne me tournerai pas spontanément en temps normal.
C'est dans cette optique que j'ai découvert Frink & Freud. Pour m'essayer à un autre style de dessin, mais aussi à un autre style d'histoire.

Parce que bon, je vous avoue que Freud, ce n'est pas vraiment un personnage que j'apprécie énormément. Et finalement cette BD m'a confortée dans cette idée.
Nous suivons donc l'homme lors de sa venue aux Etats-Unis et le moins que l'on puisse dire c'est que pour un psychanalyse il est très (trèèèès) autocentré et imbuvable. Il juge tout et tout le monde, n'a de considération pour rien et la plupart du temps il s'écoute parler.
Un personnage très aimable comme vous pouvez le constater.

Honnêtement, je n'ai pas pu aller au bout de cette BD. J'ai rapidement été perdue par tous les termes scientifiques/psychanalytiques/techniques utilisés par tous les personnages.
D'ailleurs les personnages - autres que Freud - ne m'ont pas convaincue non plus. Il n'y a vraiment que Frink pour remonter un peu le tout, mais ça reste léger.

Je n'ai pas non été sensible aux dessins de Lionel Richerand. Même s'ils rendent merveilleusement justice au personnage de Freud en lui donnant des expressions faciales vraiment particulières, passer 200 pages avec ces dessins aurait été un peu trop pour moi.
Lien : http://www.cranberriesaddict..
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Scénarisé et dialogué par Pierre Péju et dessiné et mis en scène par Lionel Richerand ce roman graphique est passionnant. Même si, comme moi, la psychanalyse n'est pas trop votre truc, la description de Freud en ambitieux quasi maladif et la progression de la psychanalyse sont très bien mises en images. Je ne connaissais pas Frink ni la volonté farouche de Freud à développer sa méthode outre Atlantique. J'ai donc appris plein de choses, ai suivi la vie mouvementée d'Horace Frink qui aurait pu grandement nuire à Freud sans quelques concours de circonstances à lui favorables. Et l'on s'aperçoit que les psychanalystes de l'époque s'ils avaient des scrupules à tromper leurs femmes avec des patientes, franchissaient le pas aisément, Frink, Freud, Jung entre autres.

C'est une bande dessinée en noir et blanc au trait original qui se fait sombre, rond et flou lorsqu'il évoque les cauchemars, les crises ou les angoisses de Frink. Un bel album, instructif. J'aime quand la BD s'essaye à diffuser largement de la culture. Une biographie succincte de tous les intervenants est disponible en fin de volume pour le rendre encore plus intéressant.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'est par la parole qu'on soulagera l'esprit.
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