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EAN : 9782848054148
200 pages
Sabine Wespieser (26/08/2021)
3/5   101 notes
Résumé :
Hantée par des rêves de chevaux fous aux prénoms familiers, poursuivie par la question que sa fille pose à tout propos – « Elle est où, la maman ? » –, Marie vit un étrange été, à la croisée des chemins. Quand, sur le socle d’une statue de la Vierge au milieu du causse, elle découvre l’inscription Et à l’heure de notre ultime naissance, elle décide d’en explorer la mystérieuse invitation.
Dès lors, elle tente de démêler l’écheveau de son héritage. En savoir p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Librairie Caractères – Issy-les-Moulineaux – le 8 -12 septembre 2021

Immense coup de coeur… Inclassable !!

Au souvenir très enthousiaste de “Climats de France », lu en 2017… je me suis précipitée sur le dernier texte de Marie Richeux, texte aux thématiques très différentes, avec, toujours, un très beau style, élégant , empreint de poésie et de fluidité !

La narratrice, se trouve avec sa toute petite fille, Suzanne qui comme tous les petits enfants l'assaillent de questions, dont celle , récurrente, de connaître les « mamans » de tous les êtres vivants qu'elles rencontrent…le déclic de la narratrice pour se pencher sur « les Mamans » antérieures, de sa généalogie ! Ainsi, elle prend conscience que sa lignée fut une lignée de « filles-mères », de Mères –Courage, où les Hommes ont été les grands absents- manquants !

Je me sens bien perplexe de rendre compte de ce roman singulier, qui explose dans moult directions :

- L'auteure-narratrice et son vécu de la maternité, avec sa petite fille de 3 ans, Suzanne. Maternité qui l'éblouit, l'émerveille autant qu'elle la remplit d'angoisse- Vie et mort s'entremêlant sans cesse.

- -La subite conscience de la narratrice vis-à-vis de ses aïeules, ayant assumé seules leurs(s) maternité(s) avec ou non la reconnaissance des Pères. Une lignée de filles-mères qui va enclencher une curiosité et des recherches dans les archives hospitalières. Des descriptions savoureuses de notre « chercheuse » dans ces fameuses archives.
Cette recherche généalogique individuelle va finalement s'élargir et concerner toute cette population féminine rejetée des « filles-mères » dans ce 19e où les jeunes femmes de condition « humble » n'ont pas la vie facile si elles n'ont pas de « mari » !!

- Entre les histoires individuelles, collectives, et la mentalité rigide d'une époque, il y a les « travaux d'aiguille » qui ont permis à toutes ces femmes de subsister tant bien que mal !!

Ce titre m'a évoqué d'emblée une double signification : ces sages- femmes , qui accouchaient d'autres femmes, accompagnant les naissances et dans un même temps, toute cette communauté de jeunes femmes modestes, devant se débattre seules, qui, par la force des circonstances de la vie, possédaient une « sagesse innée », tant elles devaient porter « seules » l'opprobre sociale, dont ces naissances non-désirées , les mettant au ban de la société!

Le tissage de ces femmes est aussi fortement symbolique : le tissage de la Vie, des Vies… Un magnifique texte aussi complexe que les tissages artistiques de Sheila Hicks dont Marie Richeux nous parle avec force enthousiasme ![ ***artiste découverte grâce à ce roman ]

Comme les très anciennes courtes-pointes artistiquement brodées, retrouvées et « religieusement » conservées, ce roman- offre abondance de broderies, motifs dignes d'admiration et de réflexion sur les périodes passées et l'histoire des mentalités pesant sur les femmes !

Un grand livre de questions avec peu ou pas de réponses… Une réflexion qui s'élargit et s'épaissit au fil de la narration où la narratrice-auteure s'interroge bien évidemment sur la place des femmes , dans l'Histoire de l'humanité mais aussi sur sa propre existence et la place qu'elle cherche dans cet immense communauté féminine.
Un parallèle se fait progressivement entre les « travaux d'aiguille » et le travail de l'Ecriture , du romancier...!!

« On a toutes, dans notre généalogie, des femmes qui, pour sortir de leur condition crasse, ont cousu, à la fois pour survivre et aussi pour créer du beau. D'ailleurs, il ne faut jamais oublier cette dimension, elles créaient du beau.
Vous, en écrivant, vous continuez, petit point par petit point, d'accord, mais un roman, ça permet de tirer le fil qu'on a choisi, on n'est jamais réductible à ça. Vous êtes aussi, nous sommes aussi surtout une multitude d'autres choses" (p. 160)”

Une pépite de texte, absolument inclassable ; ce qui en fait la singularité absolue !!


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Mon « billet de lecture » pour « Climats de France « :
https://www.babelio.com/livres/Richeux-Climats-de-France/970215/critiques/1416386

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J'ai trouvé cette lecture déconcertante car le récit reste très nébuleux. Nous n'avons que des bribes d'informations aussi bien sur l'héroïne dont nous ignorons tellement de choses que sur les femmes sur lesquelles elle entreprend de faire des recherches, ses ancêtres.

La quête de la jeune femme la mène surtout à davantage d'interrogations sur la maternité aujourd'hui ou autrefois, ce qui fait une mère, ce que peut être le parcours d'une femme enceinte sans mari au dix-neuvième siècle, à la place des Hôtels-Dieux (en particulier celui de Reims) dans ce que traversaient ces femmes seules, etc. Tout au long du livre, on retrouve des parallèles avec le tissage, la broderie et les tissus plus généralement. Toutes ces réflexions sont intéressantes même si elle demeurent à l'état d'ébauches le plus souvent....

La plume de Marie Richeux est agréable et le texte dégage une grande sensibilité, mais le récit est définitivement trop flou pour que le roman me séduise vraiment.
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La narratrice, fille mère enquête sur ses origines et s'aperçoit qu'elle est issue d'une lignée de filles mères. Une interrogation sur la place de la femme dans la société qui, dés lors qu'elle déroge au standard attendu est souvent vilipendée, tenue pour responsable de l'absence de père et même jugée indigne. Une forme d'écriture et de trame romanesque qui ne suscite que peu d'intérêt à la lecture.
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Marie Richeux propose avec son roman Sages Femmes une pléiade de portraits de femmes en touches successives qui sont reliés entre elles, comme les fils d'un tissu, à travers leurs expériences et leur passé.

La narratrice Marie commence son récit au carrefour d'un chemin de Lozère où, sous une statue de la Vierge est écrit « Et à l'heure de notre ultime naissance ». Parallèlement, sa petite fille, Suzanne, de trois ans, passe son temps à chercher quelque chose en posant la question « Elle est où, sa maman? » C'est le point de départ de l'enquête qu'elle souhaite mener sur les femmes de sa famille.

La narratrice se met à fréquenter les archives pour retrouver des traces de sa filiation qu'elle découvre sur plusieurs générations être fille mère mais aussi dont le métier est tisseuse, comme un lien encore avec leur conditions. A partir de ces réflexions, la narratrice se laisse volontairement envahir par toute sorte de sujets qu'elle nous partage et s'interroge sur la transmission, le regard sur ces femmes, sur la broderie et le tissage et aussi sur le droit au secret.

Ainsi, en visitant son exposition du Centre Pompidou, la narratrice nous livre un échange imaginaire avec Sheila Hicks, artiste américaine, qui combine laines et tissages comme métaphore de la vie. Puis, ce sont des contre-pointes brodées retrouvées à l'hôtel Dieu de Reims qu'elle nous permet de découvrir. L'artiste contemporaine Ouassila Arras raconte son travail de dé-tissage des fils de tapis et leur réorganisation.

Difficile de résumer ce roman en quelques lignes, tant il entraîne vers des voix diverses, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Évidemment, la narratrice fait aussi un parallèle avec l'écriture et sa recherche d'écrivaine.

Marie Richeux maîtrise parfaitement son style sachant distiller au fil de son histoire un poème de Prévert, étonnant, sur la honte d'une famille à la venue de l'enfant sans père mais aussi la chanson « A la claire fontaine » dont on comprend, enfin, le sens.

A partir de deux axes d'une enquête généalogique sur la filiation de fille-mère et le métier de brodeuse-tisseuse réservée à ces femmes, Marie Richeux propose un roman émouvant et sensible dont le sujet principal est la précarité féminine.

Comme une déambulation dans l'histoire des femmes célibataires à travers leur passé, la réflexion d'artistes contemporaines et les recherches d'historiennes, Marie Richeux nous entraîne dans son sillage, complexe et foisonnant. Pas sûr que tout le monde veuille la suivre ! Qu'importe ! Elle m'a séduite et même conquise par ce roman qui célèbre la liberté des femmes.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Se plaçant explicitement sous la férule des Disparus de Daniel Mendelssohn, aiguillonnée par sa fillette Suzanne De 3 ans, qui a le don de poser les bonnes questions, Marie part, dans un texte sous-titré Roman, à la rencontre des générations de femmes qui l'ont précédée, des filles-mères depuis 4 générations.

Alors oui, comme dans les Disparus, c'est une quête faite d'archives remuées, de références mythologiques (ici bibliques), de rencontres, de vieilles personnes interrogées, de hasards qui n'en sont pas.

Et la lectrice est émerveillée par la subtilité de Marie Richeux (dont elle aimait déjà les émissions radiophoniques) : par-delà les faits, il y a quelques chose d'intelligemment évanescent, de sensoriel, un intime et une sincérité transcendée dans ce livre très personnel ; très féminin, en fait.

Le fil rouge entre ces femmes, c'est bien plus que leurs destins tragiques (qu'on ne fait qu' effleurer, en fait) avec leurs questions sur le nom, l'abandon, la honte. C'est un lien émotionnel profond, une communauté féminine à travers les siècles, qui trouve sa marque dans les tissus : femmes à la couture, femmes pliant du linge, dont la lignée aboutit à Marie, femme moderne, ayant eu une enfant avec père, mais habitée par le textile, fascinée par des courte-pointes moyenâgeuses comme par les créations contemporaines de Sheila Hicks, bouleversée par des chaussons reprisés, et qui voit en sa façon de tricoter les mots comme un écho à ces destins filés.

Et humble, troublée par ces femmes qui ont gardé leurs secrets – n'est-ce pas leur droit ? -, elle finit par se dire que ce mystère est le leur. Et qu'importent ce qui est transmis te ce qui ne l'est pas, le chemin faisait déjà sens, semé de rêves éclairants : elle a appris sur ces femmes, sur elle-même, sur la maternité et sur le monde, et que c'est déjà très beau, il lui reste à vivre.

Un livre remuant.

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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Je regardais ses mains, je pourrais décrire précisément ses deux mains : la même peau que ma mère, un peu mate, très fine, extrêmement douce, lavées mille fois par jour, marquées de cela, les phalanges soulignées, rondes, les ongles coupés ras. Je regardais ses mains, elles m'avaient sortie du ventre de ma mère, elles avaient sorti mon frère du ventre de notre mère, elles avaient, les deux mains de tante M., sorti des milliers d'enfants du ventre de leur mère, et je mettais mes pas dans les siens pour ne pas me perdre dans les couloirs du métro.
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Suzanne était une puissante boussole. Elle retournait mon ouvrage et m'en lisait les motifs à voix haute. Elle semait des mots que je ramassais patiemment . Elle allait avoir trois ans. Pendant les premières semaines de sa vie, je trouvais cela impossible, d'avoir donné naissance à quelqu'un. "Comment est-ce possible ? " murmurais-je le soir, inlassablement, en regardant son petit corps. (p. 113)
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Qu'est-ce qui avait motivé pendant des siècles la haine et le rejet dont les filles-mères étaient l'objet ? Le fait qu'elles ne soient pas mariées ? Ou le fait que l'absence de mariage rende leur sexualité crue, visible, réelle en somme, pas abritée, pas surveillée, pas régulée ? C'est cela que l'on avait voulu tuer et c'est peut-être cela que je traversais à ma manière, bien des années plus tard et dans une toute autre condition. Me dire enceinte, c'était apparaître dans l'habit souillé de la sexualité des femmes. (p. 104)
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En tant que mère, je te dirais...bof. Mais en tant que femme, elle avait du sang dans les veines ! Et je sais que c'est un sang qui coule en moi...Je la faisais rire. Je l'ai presque tout le temps fait rire... Mais une enfant qui fait tant rire sa mère, c'est une enfant qui la trouve triste, non ? (p. 61)
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Après la naissance de Suzanne, j'avais très vite pensé que devenir mère me rendait beaucoup plus fragile et beaucoup plus forte, beaucoup plus proche de la vie et beaucoup plus proche de la mort, qu'il me faudrait désormais faire avec cette nouvelle équation. (p. 157)
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Vidéo de Marie Richeux
Vous vous sentez perdus parmi les 466 romans de la rentrée littéraire 2023 ? Pas de panique, France Culture s'est associé à L'Obs pour vous proposer ses 10 romans coup de coeur du moment.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : - Jérôme Garcin, journaliste et romancier - Elisabeth Philippe, critique littéraire (L'Obs) - Arnaud Laporte, producteur de l'émission "Affaires culturelles" sur France Culture - Oriane Delacroix, collaboratrice à France Culture - Marie Richeux, productrice de l'émission "Le Book club" sur France Culture et écrivaine
#rentréelittéraire #litterature #romans
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