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Boréal (01/03/2015)
3.83/5   92 notes
Résumé :
Moses Berger est encore enfant quand il entend pour la première fois parler de Solomon Gursky. Ce personnage mystérieux deviendra bientôt pour lui une obsession qui l’incitera à mener une vaste enquête aux quatre coins du monde. Toute sa vie sera consacrée à démêler le vrai du faux dans l’histoire d’un homme et d’une famille dont les origines sont drapées dans le mystère.

Nous entraînant dans les bas-fonds londoniens du XIXe siècle, en Arctique avec ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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La bonne mine du roi Solomon.
Mordecai Richler (1931 – 2001) était un écrivain canadien féroce. Enragé le Caribou ! Hip Hip Hip Epopée ! Celle d'une famille juive frauduleuse du 19 ème siècle jusqu'aux années 60-70 : les Gursky et mauvaise compagnie.
Mon premier est Ephraïm, surineur à ses heures, escroc increvable qui s'embarque de façon clandestine et précipitée depuis Londres dans les pas de l'explorateur John Franklin pour une traversée dans le Grand Nord. Il va devenir l'inouï gourou d'Inuits et renifleur de mines d'or. Oui, c'est déjà bien barré.
Avec un tel patrimoine génétique, la descendance ne pouvait pas bien tourner. le petit-fils, Solomon, aventurier flambeur et son frère Bernard, cynique et impitoyable, vont faire fortune dans la contrebande d'alcool au temps de la prohibition.
La génération suivante ne recherchera pas le pardon.
Moses Berger, écrivain qui boit plus qu'il n'écrit est obsédé par cette famille et notamment Solomon le magnifique dont la disparition mystérieuse sert de fil conducteur au récit. Pour révéler les mystères de la dynastie des Gursky, l'auteur nous promène dans les bas-fonds de Londres, dans le Grand Nord, dans l'Amérique de la Prohibition et dans certains beaux quartiers de Montréal. Ne pas oublier son passeport vaccinal !
Essayez d'imaginer un film des frères Coen de 5 heures, des brothers aidés par la verve d'un Philip Roth et la bougeotte d'un écrivain voyageur aux appétits picaresques. Ce roman, c'est un peu tout cela et bien plus encore. Une folie contagieuse de 700 pages. On peut s'y perdre, mais aussi s'y retrouver. Je le conseille à ceux qui aiment lire sans boussole, se perdre dans le temps et accepter le décalage horaire d'une chronologie amnésique. C'est un arbre généalogique dont les racines s'abreuvent de whisky et dont les branches poussent de façon anarchique.
Mordecai Richler est encore trop méconnu en France. Il mérite un peu de postérité. A vot' bon coeur. Sa plume est mordante, sa foi dans le genre humain perdue en cours de route et son humour, salut de son âme rebelle.
Pour moi, c'est un livre fétiche. Une amie me l'a offert il y a cinq ans entre deux séances de chimio. Je m'étais promis de ne le lire par superstition qu'après sa rémission pour lui porter bonheur. Ne me demandez pas pourquoi. Peut-être à cause du corbeau sur la couverture, je ne sais pas. Une intuition. Je n'imaginais pas que son combat puisse être si long mais cette femme est une guerrière invincible. Me connaissant, la belle amazone avait demandé à mon libraire un bouquin « décalé ». Il lui conseilla Solomon Gursky. Elle ne s'était pas trompée.
Je vais pouvoir lui raconter cette histoire impossible.
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Publiée en 1989 par l'écrivain montréalais Mordecai Richler, Solomon Gursky est une fabuleuse saga consacrée à une dynastie fictive de Juifs canadiens devenus richissimes grâce au développement d'un conglomérat financier familial tentaculaire, brassant spiritueux, hôtellerie, immobilier… La saga des Gursky s'étend depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à nos jours. Elle illustre aussi l'histoire du Canada – ou tout au moins une histoire de la communauté juive au Canada –, dont l'immense territoire fut jadis considéré comme une terre promise par ceux qui en acceptaient la loi de la jungle et les extrêmes rigueurs climatiques. La faible densité de sa population et son bas niveau culturel encourageaient la propagation de toutes sortes de mythes, de mystères et de mystifications.

Tout commence par les stratagèmes incroyables d'Ephraïm Gursky, un petit malfrat d'origine russe, très imaginatif et manipulateur. Passé par les geôles londoniennes, il a débarqué sans le sou dans le Grand Nord. Plus tard, ses petits-fils, Bernard, Solomon et Morrie, tirent avec beaucoup de cynisme et d'habileté un immense profit des lois de la Prohibition. La saga se poursuit dans l'univers de la grande finance moderne, tandis que « filles et fils de » cherchent à se faire une place dans le groupe familial, sans renoncer pour autant à leurs lubies de gosses d'ultra-riches.

Pour reconstituer et nous livrer l'histoire des Gursky, l'auteur confie l'enquête à un écrivain alcoolique, Moses Berger, qui y consacrera plusieurs décennies. Enfant, il entendait souvent ses parents et leurs amis s'interroger sur ce qui avait bien pu se passer entre Solomon et son frère Bernard. Découvrant la famille en 1942, à l'âge de onze ans, Moses aura été à ce point fasciné, qu'il sacrifiera sa vie privée et son talent d'écrivain, pour tenter d'écrire une biographie de Salomon Gursky, disparu en 1934 dans l'explosion mystérieuse de son avion personnel.

Les dates, les dates ! Important de les relever ou de noter les événements permettant de s'y retrouver, car il ne faut pas compter dans cette narration sur une succession de péripéties chronologiques. (Pour ne pas perdre le nord en lisant ce texte foisonnant de plus de six cents pages, où traînent quelques mots de yiddish et d'inuktitut, il peut être utile de se raccrocher à des analyses et à des commentaires de lecture). Rêveur, brouillon et souvent entre deux whiskys, Moses plane d'une année à une autre, erre d'une extrémité du Canada à l'autre, avec quelques sauts à Londres ou à New York – sans oublier le Grand Nord –, à la recherche de souvenirs, de témoignages et d'archives, qu'il te laisse, lectrice, lecteur, le soin de compiler.

Dans cette comédie humaine intrigante et passionnante, parsemée d'embrouilles ahurissantes et d'instantanés souvent hilarants, Mordecai Richler brosse des portraits de personnages truculents. Bernard Gursky n'est pas le plus sympa ; « Monsieur Bernard » est un prédateur sans foi ni loi, lâche, menteur ; son comportement ridicule m'a fait penser à Louis de Funès dans ses rôles cultes. Pas de pitié non plus pour un contrôleur des douanes zélé et grotesque, qui poursuit les Gursky de sa haine étriquée et inextinguible ; « Je les aurai un jour, je les aurai ! », semble-t-il se promettre.

Plus généralement, lectrice, lecteur, si tu fréquentes la communauté juive, que tu en fasses partie ou pas, tu ne pourras pas t'empêcher de pouffer de rire en découvrant certaines répliques et certaines scènes. Juif lui-même, Mordecai Richler fit pourtant grincer des dents autour de lui : quelle idée saugrenue, que de mettre en avant une fortune de famille juive bâtie depuis le début sur des trafics indignes ! L'un des personnages du livre répond par anticipation que ce type de réussite patrimoniale a existé partout et de tous temps : « Il suffit de creuser un peu dans le passé de n'importe quelle famille noble pour (en) découvrir le fondateur aux mains sales, l'assassin. »

Qui était finalement Solomon Gursky ? Sans doute un escroc de haut vol, peut-être même un assassin, mais aussi un séducteur, malin, insaisissable, à la manière d'un Arsène Lupin. Est-il vraiment mort dans l'explosion de son avion ? Moses se souvient d'un journal intime où il aurait lu : « Je t'ai un jour dit que tu n'étais rien d'autre que le fruit de mon imagination. Tant que tu existes, je dois donc continuer d'exister ». Mais on connaît Moses, était-il alors à jeun ?… Et puis, tu sais, les écrivains !…

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Ephraim Gursky a quitté les bas-fonds de l'Angleterre victorienne pour fonder une lignée d'hommes d'affaires canadiens richissimes. Moses Berger, écrivain alcoolisé, tente de renouer les fils de cette saga exemplaire qui ne raconte rien tant que l'histoire du Canada, de ses immigrés voyous et enragés qui, de combines miteuses en coups de maîtres, ont inventé le capitalisme nord-américain.
Quand Moses croise les Gursky, leur famille n'a déjà plus rien à envier à celle des Atrides. L'aîné des frères piétine quiconque veut lui piquer son argent, le plus jeune est devenu un vieux gentleman qui encaisse sans broncher… oui, mais qui était Solomon, le cadet, disparu dans un mystérieux accident d'avion? Moses devient gurskynologue pour le savoir et fait de Solomon l'étoile polaire de son existence (l'étoile du berger, cela va sans dire), voyageant, lisant, interviewant pour tenter de percer le mystère.
Le lecteur suit Moses qui lui-même piste Solomon et ramasse les confettis de sa vie. Au fur et à mesure du roman, les confettis s'agrègent et font sens; petit à petit la saga des Gursky devient lisible, ainsi que la vie de Moses, car l'une ne va pas sans l'autre.
Mais, ce qui est (entre autres) formidable, c'est que plus des réponses sont apportées, plus le mystère s'épaissit. Au départ, Moses s'intéresse à Solomon parce qu'il voit en lui un double: celui sur qui reposait tous les espoirs et qui les déçut avec constance. Mais Moses n'en finira jamais avec les Gursky car Solomon est moins un homme qu'un mythe. Elu de son grand-père Ephraim, il traverse le désert arctique et prend un malin plaisir à ressusciter. Messie malade, il fait boire du sang à ses invités et la chair de sa chair deviendra cannibale.
Mais plus qu'un messie décevant, Solomon me semble être une nouvelle incarnation du Juif errant. Maudit par Jesus, incapable de mourir, le Juif errant cherche à se racheter. « Solomon », celui qui compense, nous dit l'étymologie. Solomon a tous les dons et il est richissime: quand ses semblables meurent dans les ghettos et dans les camps, n'a-t-il pas beaucoup à faire pour expier sa richesse et son insolente vitalité ?
Mais vous n'êtes pas obligés de me croire. Ce livre est un roman d'aventures, une épopée, un polar, un roman d'amour, une tragédie familiale, un livre d'histoire, une quête initiatique, une satire, un pamphlet, un roman expérimental, un hommage à Dickens, un manuel du parfait bootlegger, un tribut au « Temple du soleil » de Tintin, une initiation à la culture juive, un ouvrage de vulgarisation scientifique, un éloge de la pièce manquante et sans doute aussi une parabole biblique.
Ce roman les contient tous. Alors à quoi bon accroître sa PAL? « Solomon Gursky » peut la remplacer à lui seul: un Putain de livre À Lire.
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Comment vous convaincre de lire "Solomon Gursky" ?

Si je vous disais ...

... que sa galerie de personnages est d'une telle profusion qu'arrivé à un tiers du volume, vous vous demandez parfois "qui c'est celui-là, déjà ?"...
... que sa chronologie peut paraître si imprécise que vous suivez certains paragraphes sans réelle conviction quant au moment où il se déroule...
... qu'il fait référence à moult figures politiques, historiques, artistiques réelles dont vous n'aurez la plupart du temps jamais entendu parler...

J'imagine déjà le découragement poindre en vous, la tentation vous prenant aussitôt de penser "je passe". Funeste erreur, chèr(e)s ami(e)s ! Et honte à moi, qui ne me montrerais pas à la hauteur de cet indispensable roman !

Alors, je préfère vous dire ...

... qu'à l'instar de ces fresques picturales dont on est conscient qu'il nous faudra les contempler à plusieurs reprises pour en apprécier tous les détails, et qu'en attendant, il convient de se laisser éblouir par la richesse de l'ensemble, "Solomon Gursky" est de ces oeuvres auxquelles il n'est pas forcément nécessaire de tout appréhender d'emblée pour les apprécier...
... que le foisonnement de ses personnages, l'entrelacement des époques est ce qui donne au roman sa dynamique, créant un tourbillon qui vous emmène, un peu ivres, dans sa danse folle...
... que ses héros, taillés à coups de serpe, escrocs de haut vol, hommes pleutres ou féroces, femmes de tête ou héroïnes de l'ombre, tantôt presque grandioses, tantôt affreusement pitoyables, ne sont jamais insignifiants, le moindre de leur acte, la moindre de leur pensée participant à la densité du texte...
... que certains de ses épisodes resteront gravés dans votre mémoire, Mordecai Richler faisant preuve d'une imagination tant érudite que délirante, nous offrant de véritables moments d'humour méchamment cocasse...
... que l'auteur maîtrise sa folle construction à la perfection, tissant sur plus de 600 pages une vaste toile où chaque fil, même le plus ténu, a sa place dans la cohérence de l'ensemble...
... que cette saga judéo-canadienne-alaskienne se nourrit autant de la réalité que du mythe, les deux s'entremêlant de telle manière qu'il devient difficile de les distinguer, mais peu importe, le tout est traité avec une une causticité irrévérencieuse absolument réjouissante...

De quoi ça parle ? En vrac, de l'expédition de John Franklin à la découverte d'un passage Nord-Ouest permettant via l'arctique de relier l'océan Atlantique à l'océan Pacifique, de jazz, de la création d'une secte millénariste chez les inuits, d'amour pour une femme aux yeux vairons, de pères qui renient leurs fils, de fils qui méprisent leurs pères, de corbeaux et de bootleggers, d'un fantôme prénommé Solomon, de la quête d'une mouche égarée dans une cabane de pêcheur, de vengeances et de trahisons, de déchéances superbes et de victoires mesquine...

Alors... vendu ?
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Petite voix discordante dans toutes ces éloges pour ce roman… Parce que moi, j'ai aimé certains passages mais pas tout le roman. On peut en scalper une partie ?

C'était suite à une chronique élogieuse chez une copine blogueuse que j'avais acheté cette brique de 633 pages. L'objet est beau, tout blanc, couverture gaufrée, on aurait bien peur de le salir.

J'avais plus que hâte de le lire et il m'aura fallu une laborieuse semaine pour en venir à bout, littéralement aux forceps et même à la vêleuse à certains moments !

Nom de Zeus, pour un roman qui porte le nom de Solomon Gursky, l'un des protagonistes, il n'en parle pas assez à mon goût.

J'aurais aimé en savoir plus sur ce fameux Solomon ainsi que sur son grand-père, Ephraim, sur leur voyage en traineau dans le Grand Nord lorsque ce dernier enleva Solomon dans son traîneau tiré par des chiens.

Mais j'ai dû ronger mon frein jusqu'à la page avant de recevoir mon dû et me gaver de leurs histoires. Et malgré tout, je ne sais pas encore tout…

Entretemps, durant 400 pages, on peut dire que l'auteur m'a aguiché, titillé, fait monter ma curiosité avec des passages consacrés à ces deux hommes hors-normes et juste quand j'étais bien ferrée, que j'étais immergée dans l'histoire, l'auteur changeait de main et faisait retomber mon plaisir en coupant ces merveilleux récits avec celui de Moses Berger, celui qui est obsédé par la vie de Solomon.

Mon aussi, Moses, je le suis, obsédée par ce personnage, mais si tu pouvais arrêter, durant ton enquête, de boire comme un trou, de te balader dans le néant, de trainer ton ennui, de tout foutre en l'air dans ta vie, de me souler avec tes considérations parce que cela me fait chi** durant ma lecture, tout ça. Je t'aurais remercié mille fois si tu l'avais bouclé et que tu t'étais viré du roman. Hélas…

On peut dire que je me suis réjouie durant un tiers du roman, lorsque je suivais Ephraim jeune dans les bas-fonds de Londres, en prison, dans le bateau, ou au Canada, lorsqu'il était plus vieux.

J'ai pris mon pied avec Solomon durant la prohibition et même avant, tant ce personnage est captivant et attirant comme une lumière pour des moustiques.

Sinon, niveau écriture, c'est pittoresque et le texte est émaillé de mots juifs, de mots d'argots qui rendent le récit plus vivant. Ça, j'ai apprécié.

Niveau personnages, ils sont bien travaillés et sont tellement à profusion que parfois, on ne sait plus qui est qui et ce qu'il a avoir dans le récit. Mais un bon point pour Bernard, le frère de Solomon qui est un vrai pourri !

Idem pour la construction du récit, les passages dans le temps ne sont pas toujours chronologiques et il y a intérêt à être bien concentré pour ne pas y perdre son chemin, sinon, semez des petits cailloux blancs pour ne pas vous perdre.

Un roman dont j'attendais plus, mieux et qui, à mon sens, avec 200 pages de moins sur la jeunesse et les errements de Moses Berger, aurait été plus excitant pour moi.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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critiques presse (2)
Liberation
26 février 2016
Solomon Gursky a beau être d’une érudition étourdissante, les informations qu’on y lit ne mènent à rien, les quêtes sont perdues d’avance, les personnages avancent dans le blizzard et, surtout, les hommes mentent effrontément.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
03 février 2016
Le lecteur est littéralement aspiré par la destinée de la famille Gursky, emporté par l'agencement de ce monumental puzzle.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
« Dormons.
— Il est encore trop tôt. Nous n’en sommes pas encore au clou de la soirée, le moment où tu me montres une photo de ta légitime en me disant que c’est une femme du tonnerre, que tu ne sais pas ce qui t’a pris, les aurores boréales, peut-être, ou encore l’alcool, mais qu’il ne faut jamais que je t’écrive ou que je téléphone chez toi, merci ma jolie.
— Je ne suis pas marié.
— C’est difficile à comprendre. Un boute-en-train comme toi, dit-elle, le faisant rire pour la première fois.
— Tu es gentille, dit-il.
— Retiens-toi, je te prie. Je risque de prendre la grosse tête.
— Belle ?
— J’ai trente ans, quand même.
— Je ne suis pas marié, moi, mais je suis sûr qu’une fille comme toi…
— Aussi intelligente et talentueuse que toi…
— … a un petit ami.
— Par ici, les hommes ont peur des femmes, surtout de celles qui parlent beaucoup. Ils aiment chasser, pêcher, regarder le hockey à la télévision et dire des cochonneries sur nous au Trapline, dit-elle en l’attirant vers elle.
— J’ai bien peur d’avoir trop bu pour t’être utile ce soir.
— Je ne te fais pas passer un examen, Moses. Détends-toi. Laisse-toi aller.”
À son réveil, il la trouva qui lisait au lit « Cent Ans de solitude » en édition de poche. « Surprise, surprise, dit-elle. Je ne suis pas seulement le coup du siècle. »
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"Par simple curiosité, demanda-t-il à Henri, qui assistait aux soirées de l'Obergruppenführer ?
- Les mêmes personnes qui venaient aux vôtres, Sir Hyman."
Nicole éclata en sanglots.
"Nous n'avions pas le choix. C'était horrible. Son père était charcutier. Il n'avait pas de manières. Il ignorait même que le pouilly-fumé n'accompagne pas le dessert."
Sir Hyman, courtois comme à son accoutumée, lui prit la main et y déposa un baiser.
" C'est entendu ma chère. Nous n'avons aucune idée de ce que vous avez dû endurer ici."
(page 633)
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Ephraim, le premier vieillard que Solomon vit nu, offrait un spectacle saisissant. Une épave, une loque. Les rares dents qui lui restaient, longues et branlantes, avaient pris la couleur de la moutarde. Sa mâchoire fuyait de plus en plus. Ses bras, quoique grêles, leurs muscles fondus, possédaient une force surprenante. Sur sa poitrine étroite, au-dessus de son ventre creux et flasque, s'étalait un tapis de poils gris glacé. Sur une hanche, une bosse de la taille d'une pomme tendait sa peau. "Mon pingo personnel", disait-il. Un réseau de veines rubis défigurait une de ses jambes. Ses testicules, d'une taille déconcertante, pendouillaient dans une bourse plissée ; son pénis inerte dépassait d'un nid couvert de neige. Des cicatrices et des blessures anciennes, des taches violacées, là où on lavait maladroitement recousu. Son dos parcouru de zébrures, de noeuds et de stries.
"Qu'est-ce qui t'est arrivé ? lui demanda Solomon.
- J'étais un sale garnement."
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Suivait l'avertissement habituel: "L'alcool risque d'altérer votre personnalité et crée une dépendance à laquelle il est difficile d'échapper." Tout comme Dieu, songea Henry en s'étonnant lui-même d'une telle irrévérence.
(page 126)
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Le directeur convoquait les élèves pour faire leur éducation sexuelle. La masturbation, les prévenait-il, détruisait le corps et conduisait le pécheur tout droit à l’asile.

Malgré tout, certains garçons parmi les plus observateurs avaient peut-être remarqué le petit tube qui pendait entre leurs jambes, celui qui se terminait par un coquet petit capuchon. Il était très flexible. Dans la baignoire, par exemple, il avait tendance à se ratatiner ou à se rétracter.

Mais, selon les penchants de chacun, il durcissait et s’allongeait en réaction à certains stimuli, ce qui se révélait gênant.
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