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Critique de Saiwhisper


J'ai beau avoir terminé le roman hier soir et avoir réfléchi sur ma future critique pendant de longues minutes, je ne sais toujours pas quoi penser de « Désaccordée », ni comment je vais vous en parler… Ce titre m'a interpellée depuis sa sortie, notamment grâce à sa sublime couverture et grâce à divers avis dithyrambiques comme celui de mon amie Mikasa. le fait qu'il soit dans les sélectionnés du PLIB a également renforcé ma curiosité. J'étais donc aux anges lorsque l'ouvrage est arrivé sous le sapin et me suis empressée de le découvrir ! Hélas, le résultat ne fut pas à la hauteur de mes attentes. Je me suis retrouvée face à un ovni littéraire qui m'a déstabilisée, charmée, enchantée, déplu et laissée perplexe. Tant d'émotions contradictoires ! Une chose est certaine : c'est un texte qui ne laisse pas de marbre, mais qui rentre dans la catégorie des ouvrages avec lesquels « ça passe ou ça casse ».

Le synopsis est volontairement inspiré d'« Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll, puisque l'on a une jeune fille innocente qui va basculer dans un monde parallèle rempli de personnes et de créatures fascinantes. On sent énormément l'affection de l'auteure pour la végétation luxuriante, les plantes aux fragrances subtiles, les teintes chatoyantes, les animaux fantastiques mais dangereux… C'est une véritable ode à la nature ! D'ailleurs, je me suis souvent laissé séduire par la beauté des descriptions et le côté onirique de ce monde floral. On imagine aisément plusieurs scènes. Dans ce monde, la musique a une place omniprésente. Les personnages ont tous un nom en rapport avec la musique ou le son. de plus, il y a souvent des extraits des chansons à travers le récit, car les protagonistes poussent régulièrement la chansonnette. En fin de chapitre, il y a toujours un titre d'une mélodie avec son interprète. Je ne l'ai pas fait, car cela m'obligeait à interrompre ma lecture, mais je pense que l'expérience doit être agréable si l'on passe les chansons au moment où Joanne Richoux les cite dans le livre… Pour ma part, j'ai plutôt décidé d'écouter sa playlist une fois le roman terminé. Libre à vous d'agir selon vos préférences cependant, je pense que cela donne une autre dimension d'écouter en même temps que l'on dévore les pages…

En plus d'Alice, cet univers ensorcelant m'a donné la sensation d'un mélange entre « Bienvenue à Pandorient » (La boîte à musique T1) de Gijé et Carbone, « Au pays de l'ailleurs » de Tahereh Mafi et, surtout, « le voleur de coeur » de Rawia Arroum. Ce cocktail est assez surprenant, mais pas déplaisant, car le résultat est on ne peut plus original ! Dans le Monde des Muses, on va distinguer trois Ordres : les Vivaces, l'élite qui dispose de pouvoirs magiques, les Prunelles que l'on ne verra que trop peu à mes yeux ainsi que les Diapasons, des rebelles aux allures de loubards se déplaçant sur des motos vivantes et dotées de personnalités. le concept est bon néanmoins, je regrette que l'on n'approfondisse pas davantage ces castes, en particulier les Prunelles qui furent assez inutiles. On se concentre surtout sur les dirigeants des deux factions ennemies, la Reine Trille et Crescendo, et quelques membres des Vivaces dont on va découvrir les pouvoirs. J'ai également regretté que l'on reste en surface avec l'idée de société matriarcale où le sexisme est inversé (les Femmes dirigent. Comme chez les Amazones, les Hommes ne sont là que pour ensemencer ses dames quand elles le désirent et sont très en retrait par rapport aux Femmes…). C'est dommage ! Peut-être que ce manque de développement est volontaire afin de ne pas impacter le rythme ? Ce dernier s'est révélé correct : les différentes parties du récit s'enchaînent avec aisance. Découvertes, tensions, rencontres, fuite, rebondissements, guerre, … Hormis la dernière partie, le récit n'est pas haletant toutefois, on progresse avec plaisir. Je n'ai ressenti aucun temps mort.

Du côté des personnages, je n'ai pas ressenti spécialement d'attachement. Il me manquait systématiquement quelque chose. Violette a une personnalité simple, crédible, ingénue et assez sympathique. Encore jeune adolescente, elle n'a pas toujours conscience du danger ou des faux-semblants et ne connaît encore rien à l'Amour. Cette plongée dans le Monde des Muses sera pour elle une découverte constante, à commencer par elle-même. À mon sens, elle rentre parfaitement dans l'archétype de l'héroïne des contes. Par ailleurs, j'ai apprécié son évolution au fil des pages ainsi que ses réactions plutôt réalistes… J'aurais cependant souhaité qu'elle possède un peu plus de tempérament. Dièse, le beau Diapason, m'a semblé avoir du potentiel, mais manquait clairement de profondeur. L'héroïne n'a malheureusement pas passé assez de temps avec lui pour le découvrir, mais je suis certaine qu'il aurait été un parfait ami auquel on s'attache aisément. Enfin, ma principale déception vient d'Arpège, un Vivace charmeur, vif, taquin et sensuel. Si j'ai compris l'attirance immédiate et rapide de la narratrice pour lui, j'ai en revanche eu du mal avec leur relation que j'ai trouvé étrange, relativement voire malsaine. Il m'a donné l'image d'un chat jouant avec sa proie qui en a conscience, mais se laisse doucement conduire entre ses griffes… Cette attraction m'a dérangée, en particulier avec la scène de la cascade qui m'a mise mal à l'aise, car j'avais l'impression que cette idylle était un peu forcée. L'assurance dont a fait preuve Violette plus tard m'a finalement donné tort néanmoins, mon impression sur leur relation déroutante n'a malheureusement pas pu changer.

La plume de Joanne Richoux m'a laissé plusieurs ressentis. J'ai par exemple été séduite par ses descriptions lyriques de cet univers végétal, atypique, poétique et musical. Elle retranscrit également très bien les émotions de la narratrice. En revanche, je n'ai pas accroché à ses nombreuses onomatopées que ce soit dans les dialogues (AAAAAHHHhhhhh !, UuuuH, OoooH !) et l'utilisation de majuscules pour souvent accentuer des mots. Lorsque Violette est en plein trip, c'est déstabilisant. J'ignore si c'était pour renforcer le côté adolescent de la narratrice ou si le style de Joanne Richoux est toujours comme ça. Ainsi, malgré mon ressenti partagé, j'ai envie de lire « Toffee Darling », un road-trip apparemment déjanté se déroulant durant les années soixante.
Lien : https://lespagesquitournent...
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