Si l'on voulait établir un système conforme à l'esprit de notre temps, on serait forcé d'être assez hérétique pour ne plus mettre en premier la classe Théologie, mais bien celle de l'Histoire, qui sert de guide dans toutes nos situations publiques et privées, et qui fournit les preuves de la véritable théologie. On ferait suivre toutes les branches du savoir positif des hommes, et on ne mettrait la théologie qu'en tête des ouvrages d'imagination et de spéculation. Mais le temps n'est point encore venu pour qu'un pareil système puisse être reconnu, et il sera bien difficile d'introduire une réforme, même raisonnable, dans le système consacré par une routine de plus d'un siècle. En attendant, on fera bien de suivre l'ancienne classification, sauf quelques améliorations indispensables dans les divisions: car un système, même suranné et médiocre, mais bien observé dans le classement, est toujours plus utile qu'un système moderne mal suivi et obscur.
Beaucoup de difficultés se présenteront encore en dressant un catalogue systématique: principalement lorsqu'il paraît un ouvrage sur une matière jusqu'alors inconnue, telle que le galvanisme ou la phrénologie, ignoré il y a cinquante ans, ou un livre de géographie politique d'un état récemment formé ou qui n'existe plus. Les révolutions politiques, comme les découvertes dans les sciences, offrent constamment des exemples de ce genre. Cependant, il faut être aussi circonspect dans la suppression d'une ancienne division que dans la création d'une nouvelle.
Il est sans doute très-indifférent que, dans une bibliothèque, un ouvrage occupe telle ou telle place, pourvu que le catalogue l'indique et mette à même de le trouver promptement; mais l'idée de l'ensemble d'une bibliothèque fait présupposer un plan plus ou moins systématique dans l'arrangement des volumes sur les tablettes.