Un livre bouleversant.
Berlin 1925: nous sommes au coeur de la grande crise. Comme le dit l'auteur, la plupart des gens n'ont plus un sou devant eux. La grande dévaluation vient de se produire. La misère et le chômage règnent.
Frédéric Schneider et ses parents habitent dans le même immeuble que le narrateur.
Une amitié va naître entre les deux garçons.
En 1933 Hitler prend le pouvoir et la situation de Frédéric et de sa famille, qui sont juifs, devient très difficile.
Frédéric est chassé de l'école..
Un livre poignant qui a valeur de témoignage.
Les références historiques sont nombreuses.
A signaler une table chronologique très précise en fin du livre, sur la période de 1933 à 1945.
A noter aussi en fin du livre un chapitre très synthétique et très clair sur la religion juive.
Un classique de la littérature de jeunesse concernant cette période sombre de l'Histoire.
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Voilà un bon roman pour découvrir très jeune, dès le primaire, l'antisémitisme et le rejet de l'autre.
Dans ce roman court, deux amis sont obligés de se séparer parce que l'histoire les rattrape, parce que l'un est Allemand aryen et l'autre juif allemand et parce que les adultes ne veulent plus de cette amitié.
Un roman qui devrait être valorisé dans les cours d'école, au primaire comme au collège. Quand je comprends que mes troisième découvrent à quatorze ans qui sont Hitler, la Shoah et le nazisme, je me désole à chaque fois...
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Emouvant, poignant, bouleversant. Deux couples vivent dans le même immeuble. Bien sûr, quand leurs bébés naissent le même mois, cela rapproche. Puis, les deux garçons jouent et vont à l'école ensemble. La vie normale d'une enfance quoi ! Seulement, ils naissent en 1925 et en Allemagne et l'un est juif. Et ils ont pour propriétaire un facho qui habite le rez-de-chaussée. L'auteur, sociologue, dénonce avec un ton juste la persécution des Juifs au travers des regards d'enfants. Si vous recherchez un roman pour expliquer aux jeunes ce sujet, ce sera celui-là. La table chronologique à la fin du livre est utile et effarante.
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Sincèrement que vous dire à propos de ce livre à part : lisez-le absolument ! Ce roman est tout simplement bouleversant. Déjà parce qu'il retrace une période de notre histoire tellement difficile et horrible, mais en plus parce qu'il le fait de très belle manière en nous montrant l'impact de la montée du nazisme sur deux familles allemandes : une juive et une chrétienne, les deux habitant le même immeuble.
Nous faisons donc la connaissance de notre narrateur, le fils de la famille chrétienne et de Frédéric son voisin et ami qui s'avère juif. Ils vont à l'école ensemble, jouent ensemble, passent leur temps libre ensemble, jusqu'à ce que Hitler et le parti national-socialiste en décident autrement. A partir de là, la vie de ces deux garçons va être radicalement transformée et plus rien ne sera jamais pareil.
Cette histoire est poignante et horrible à la fois. L'auteur nous montre vraiment l'évolution de la situation de la naissance des garçons jusqu'au coeur de la guerre. Nous découvrons à travers les yeux du narrateur les horreurs commises vis-à-vis du peuple juif au fur et à mesure de la montée du parti national-socialiste. Lui-même va se retrouver au coeur de certains événements sans forcément toujours comprendre exactement ce qui se passe.
Entre les exactions commises et les règles de plus en plus dures vis-à-vis de la population juive, c'est une plongée dans un quotidien de plus en plus sombre qui nous est proposée. du côté de notre narrateur, c'est aussi la découverte des jeunesses hitlériennes, sans réellement comprendre où tout cela va le mener. Il faut dire que si certains tirent la sonnette d'alarme en craignant le pire, d'autres pensent qu'il ne s'agit que d'un mouvement passager sans conséquence et qu'il n'y a aucune crainte à avoir… Quelle tragique erreur…
Impossible de rester de marbre en suivant la vie de ces deux jeunes garçons et en voyant le monde qu'ils connaissaient s'écrouler autour d'eux. C'est dur, poignant et tellement bien décrit. Je ne peux que le conseiller comme lecture pour faire découvrir ces événements aux jeunes, car ils pourront s'identifier au narrateur et à Frédéric, ce qui leur fera d'autant plus comprendre les horreurs commises durant cette horrible période de notre histoire.
En bref, j'ai été bouleversée par cet ouvrage qui dépeint l'impact de la montée du parti national-socialiste sur la société allemande à travers la vie de deux jeunes garçons. Lisez-le, parce qu'il ne faut jamais oublier…
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Voici un passage du livre :
« Il y eut un bruit clair, un bruit de verre cassé, et la balle me revint, roulant innocemment sur la chaussée. Bouche bée, Frédéric contemplait les débris de la vitrine, J’étais en train de me pencher pour ramasser la balle sans bien réaliser encore ce qui s’était passé. Mais une femme avait surgi devant nous, elle s’en prit à Frédéric et se mit à vociférer en le secouant par le bras. A ses cris, les portes et les fenêtres s’ouvrirent tout autour de nous et très vite les curieux se rassemblèrent.
– Petits brigands ! Vauriens !
Devant la porte de la boutique, un homme fumait sa pipe avec indifférence, les mains dans les poches ; c’était le mari de la commerçante.
– Ce lourdaud de Juif, disait la femme à qui voulait l’entendre, casse ma vitrine pour voler mes marchandises ! Puis, se tournant vers Frédéric : Mais tu as manqué ton coup cette fois encore ; je t’ai à l'œil. Je te connais bien, tu ne m'échapperas pas. Vous autres, canailles de Juifs, on devrait tous vous exterminer. Ça vous met par terre une affaire avec leurs grands magasins, et ça vient, en plus, vous voler. Attendez un peu, Hitler va vous faire voir ! »
Vous n’avez toujours pas répondu à ma question : le prévenu habite-t-il dans votre maison depuis une dizaine d’années, et avez-vous toujours su qu’il était juif ?
M. Resch se rapprocha de l’estrade du président.
- Oui, mais autrefois, les choses étaient un peu différentes. Depuis, les temps ont changé. Je ne peux plus désormais supporter la présence d’un juif dans ma maison.
« Des femmes, des vieillards étaient assis un peu partout, les yeux fermés. Certains s’étaient allongés sur les bancs ; chacun avait près de soi sa valise. Deux femmes, avec des enfants en bas âge, se serraient dans un coin sombre ; on entendait les enfants pleurer doucement. Dans un autre coin un couple d’amoureux se tenait étroitement enlacé. L’homme était un militaire. Nous nous assîmes près de la bouche d’aération. C’était là notre place. Papa s’adossa au mur blanc, humide, et ferma les yeux. »
Khadija.
"Autrefois , c'étaient les juifs...
Aujourd'hui , ce sont ici les Noirs , là les étudiants ...
Demain , ce seront peut-être les Blancs , les Chrétiens ou les fonctionnaires...''
- On l’a mis à la retraite d’office, réussit-elle à formuler. A trente-deux ans !
- Mais pour quelle raison ? s’étonna Maman.
Mme Scheinder redressa la tête et son regard rougi par les larmes s’attarda longuement sur elle. Après un silence qui paru interminable, s’appliquant à détacher chaque syllabe, elle répondit :
- Nous sommes juifs !