L'empreinte du désir

- Voulez-vous dire que l'histoire, la littérature ne vous intéressent pas ? Que vous n'ouvrez jamais un livre ?
Charles parut réfléchir sérieusement avant de répondre :
- Non, je ne crois pas. La dernière fois que j'ai plongé mon nez dans un livre, c'était au collège et j'en avais lu bien peu auparavant. Je ne suis pas de ces hommes qui passent leur temps à réciter de la poésie et autres stupidités aux femmes, comme certaines personnes de ma connaissance. D'ailleurs, voulez-vous me dire à quoi il me servirait d'apprendre un tas de choses sur des gens qui sont morts depuis des siècles ? Cela ne m'aiderait ni à savoir quelle carte jouer, ni à trouver un gilet assorti à ma veste gris puce. Je n'ai jamais entendu dire que César ou quelque autre de ces philosophes grecs aient permis à qui que ce soit de gagner une course.
- Dans ce cas, conclut Elysia résignée, vous avez probablement raison. Cela ne vous ferait aucun bien.

Elle se sentait comme le bourgeon qui a commencé à s'ouvrir aux premiers rayons du soleil, qui s'est abreuvé à la pluie printanière et qui meurt, écrasé par quelque main négligente.

Ses rêves étaient la seule chose que personne ne pouvait lui arracher et chaque soir elle fuyait la réalité pour les retrouver.

Elle avait réellement envie de se donner la mort, mais le plus horrible, c'est qu'elle n'avait aucune envie d'abandonner la vie.