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Après s'être intéressé à caractériser la configuration du récit historique (Temps et récit I), Paul Ricoeur livre ici son analyse de la configuration du récit de fiction par rapport au temps. Il met d'abord en évidence l'existence d'une intelligence narrative qui traverse les époques et prélude à la narration, ce qui laisse envisager des métamorphoses de l'intrigue, mais non sa disparition. Puis, reprenant les travaux de Propp, Bremond et Greimas, il conclue à l'impossibilité de concevoir un modèle de narration indépendamment de la notion d'intrigue (une taxinomie), et donc, de la temporalité. Il met ensuite en échec les conclusions de Benvéniste, Hamburger et Weinrich qui postulaient la stricte indépendance des systèmes des temps verbaux (passé simple, imparfait, présent, futur, etc.) d'avec l'expérience du temps comme phénomène. Ceci l'amène à s'intéresser à la manière dont, d'une part, les théoriciens Müller et Genette ont décrit les possibilités offertes par la fiction de jouer avec le temps, et dont, d'autre part, les romanciers Virginia Woolf (Mrs Dalloway), Thomas Mann (der Zauberberg) et Marcel Proust (A la recherche du temps perdu) l'ont effectivement fait.
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Sous le déluge d'acier qui ravage Kiev, du fond de la cave qui lui sert d'abri, Constantin Sigov, l'un des plus grands philosophes ukrainiens d'aujourd'hui, connu pour avoir enseigné à La Sorbonne, écrit une lettre à ses amis français. Il dit la réalité au jour au jour de l'effroyable guerre que Vladimir Poutine inflige au peuple d'Ukraine. Il raconte le courage des résistants qui prennent les armes pour défendre la liberté. Il explique les non-dits de ce conflit fratricide au coeur du Vieux-Continent. Il éclaire sa signification pour l'avenir de l'Europe. Sa lettre représente le plus puissant des appels à la mobilisation de toutes les femmes et de tous les hommes qui ne peuvent se résoudre à la victoire du Mal radical.
Le philosophe ukrainien Constantin Sigov, qui dirige le Centre européen à l'Université Mohyla de Kiev, a été directeur d'études associé à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris de 1992 à 1995. Il a contribué à l'établissement du Vocabuaire européen des philosophies (Paris, Seuil/Le Robert, 2004) et a fondé à Kiev la maison d'édition Duh i litera (L'Esprit et la lettre), qui a publié des traductions ukrainiennes faisant autorité de grands penseurs comme Montaigne, Descartes, Pascal, Paul Ricoeur, Emmanuel Levinas et François Furet. Ami de Paul Ricoeur et de Charles Taylor, il les a accueillis à l'Université de Kiev. Pour son inlassable activité de bâtisseur de ponts entre les cultures, Constantin Sigov a été décoré par la France au grade d'officier de l'Ordre des Palmes académiques. En 2014, il a soutenu la Révolution du Maïdan, dont il a été une grande voix. Son oeuvre personnelle de penseur, qui occupe une place majeure dans le monde slave, rencontre un vif écho international.