Je ne nommerais pas "critique" le texte qui suit. La méditation sur la mort est celle d'un grand philosophe croyant - pas nécessairement chrétien -, entamée peu avant que sa compagne de soixante-trois ans ne s'éteigne doucement. Vingt-cinq pages manuscrites réunies dans une chemise cartonnée. Ce sont des esquisses, des ébauches, des brouillons, jamais aboutis à un texte achevé.
On voit les germes de sa pensée, on suit le questionnement sur le néant et son interrogation sur le sens du sacrifice du Christ. La réflexion est celle d'un homme à l'esprit toujours vif , animé de "la gaieté jointe à la grâce espérée d'exister vivant jusqu'à la mort."
Les fragments qui constituent la deuxième partie de l'opuscule posthume, posés huit ans après - quelques feuilles sur un plateau et un crayon l'accompagnent partout - témoignent d'une puissance intellectuelle décroissant jusqu'au dernier souffle. L'abattement, la peur, la souffrance, la solitude saisissent Ricoeur, mais toujours présente, la volonté d'honorer la vie jusqu'au bout.
Les fragments portent sur Watteau,
Derrida, sur sa vision du christianisme, Dieu et la résurrection. Sur ce dernier thème, des mots, des bribes de phrases, alignés ou en colonne, plus un tableau qu'un texte. L'éditeur a respecté la forme du texte manuscrit, avec même le fac-similé d'une page d'écriture.
Un document exceptionnel. " Rien n'est perdu de ce qui a été."
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