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Nathalie Vincent Munnia (Autre)Patrice Delbourg (Autre)
EAN : 9782072864919
400 pages
Gallimard (19/11/2020)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Gabriel Randon, dit Jehan-Rictus, né en 1867 et mort en 1933, connaît une enfance difficile et conflictuelle, il quitte l’école vers quatorze ans, vit de petits métiers divers et commence à fréquenter le milieu des artistes et anarchistes de Montmartre. Menant une vie précaire, sans-logis pendant un temps, il fréquente à vingt-deux ans le monde des clochards et des vagabonds, expérience cruciale qui lui inspirera le meilleur de son œuvre littéraire. Il a vingt-huit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Magnifique découverte faite au détour d'un rayon de librairie !
Amoureux et amoureuses de la langue populaire, si vous avez en plus un penchant pour celles et ceux qui la parlaient et pour l'histoire sociale des fin XIXème-début XXème, venez découvrir cette oeuvre de Jehan Rictus, chantre anarchiste gouailleur des masses laborieuses.
Cette édition comporte deux recueils : les Soliloques du pauvre et le Coeur populaire.

Les Soliloques du pauvre : comme le titre l'indique, un miséreux SDF raconte son quotidien, ses impressions, ses réflexions, ses frustrations, ses manques, au fil du temps, répartis en "l'Hiver", "Impressions de promenades", "Songe-mensonge Espoir Déception", "Le Revenant", "Le Printemps", "Crève-coeur", "Les Masons", le tout en octosyllabes, dans la langue et l'esprit des faubourgs (à grands renforts de syncopes et d'élisions), amenant images et sons qui font sourire, voire rire, parfois jaune, qui émeuvent aussi profondément par la simplicité des vues et des voeux, la violence des destins, les injustices criantes. On a l'impression de lire les complaintes de personnages sortis de Victor Hugo ou de Zola, à la différence que Jehan Rictus, qui les mentionne et les dénonce, a bien vécu cette misère-là.
Voici deux strophes qui résument bien les trois grands besoins exprimés tout au long de ces soliloques (un toît, de la nourriture et de l'amour) :
"Mais l'pus grand nombr'...l'est comm' mézigue,
Y rêv' d'un coin qui s'rait quéqu' part,
N'importe, y n' sait, où pour sa part
Y verrait flancher sa fatigue :

Un endroit ousque, sans charger,
ça r'ssemblerait à d'la vrai' Vie,
A d'L Amour et à du manger,
Mais pas comm' dans les théories." (Espoir V p53)

Le deuxième recueil, le Coeur populaire, fait parler d'autres habitants miséreux (hommes, femmes, enfants, voleur, tueur, mère d'un condamné, prostituée etc.) racontant leurs déboires, les taudis, le travail qui abrutit et paie peu, les relations de couple, la condition des enfants. L'auteur utilise des schémas variés pour ce faire, des formats musicaux, des mises en scène, qui peuvent être teintés d'une certaine gaîté mais qui ramènent globalement toujours à un constat amer voire une réalité effroyable.

Si l'on n'est pas gêné par le vocabulaire argotique (glossaire précieux en fin de volume) et les multiples élisions pour faire sonner l'octosyllabe, l'oeuvre peut se lire très vite car les idées sont fluides et les images percutantes. La lecture à voix haute fait entendre ce peuple d'une France pas si lointaine (j'entends mes parents et mes grands-parents).
J'en ressors émue et garde une sorte de mélancolie.
C'est une oeuvre que je relirai, encore et encore, et que je ne me lasserai pas de conseiller.
Si je m'écoutais, je recopierais au moins la moitié du recueil pour partager avec vous mes coups de coeur, mais il me paraît plus sage que vous les découvriez par vous-mêmes ! (un petit aperçu quand même dans les citations !)

En lien ci-dessous, la page youtube où vous trouverez la mise en voix et en musique (que je trouve très juste et puissante) de certains de ces textes par le rappeur Vîrus, avec la participation de Jean-Claude Dreyfus.
Disponible également en version Livre-Cd aux éditions du Diable Vauvert de très belle facture : "Les Soliloques du Pauvre" Vîrus x Jehan-Rictus
Lien : https://www.youtube.com/play..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Crève-Coeur (Extrait)

Eun’ fois j’ai cru que j’ me mariais
Par un matin d’amour et d’ Mai ;

Il l’tait Menuit quand j’ rêvais ça,
Il l’tait Menuit, et j’ pionçais d’bout,
Pour m’ gourer d’ la lance et d’ la boue
Dans l’encognur’ d’eun’ port’ cochère.

(Hein quell’ santé !) — Voui j’ me mariais
Par un matin d’amour et d’ Mai
N’avec eun’ jeuness’ qui m’aimait,
Qu’était pour moi tout seul ! ma chère !

Et ça s’ brassait à la campagne,
Loin des fortifs et loin d’ici,
Dans la salade et dans l’ persil,
Chez un bistrot qui f’sait ses magnes.

Gn’y avait eun’ tablée qu’était grande
Et su’ la nappe en damassé,
Du pain ! du vin ! des fleurs ! d’ la viande !
Bref, un gueul’ton à tout casser,

Et autour, des parents ! d’ la soce !
Des grouins d’ muffs ou d’ bons copains
Baba d’ me voir tourné rupin,
Contents tout d’ même d’êt’ à ma noce :

Ma colombe, selon l’usage,
Se les roulait dans la blancheur,
Et ses quinz’ berg’s et sa fraîcheur
F’saient rich’ment bien dans l’ paysage.

Je r’vois ses airs de tourterelle,
Ses joues pus bell’s que d’ la Montreuil
Et ses magnèr’s de m’ faire de l’œil
Comme eun’ personne naturelle,

Ses mirett’s bleues comme un beau jour,
Sa p’tit’ gueule en cœur framboisé
Et ses nichons gonflés d’amour,
Qu’étaient pas près d’êt’ épuisés,

Et moi qu’ j’ai l’air d’un vieux corbeau,
V’là qu’ j’étais comme un d’ la noblesse,
Fringué à neuf, pétant d’ jeunesse...
Ça peut pas s’ dir’ comm’ j’étais beau !

Je r’vois l’ décor... la tab’ servie
Ma femm’ ! la verdure et l’ ciel bleu,
Un rêv’ comm’ ça, vrai, nom de Dieu !
Ça d’vrait ben durer tout’ la vie.

(Car j’étais tell’ment convaincu
Que c’ que j’ raconte était vécu
Que j’ me rapp’lais pus, l’ diab’ m’emporte,
Que je l’ vivais sous eun’ grand porte ;

Et j’ me rapp’lais pas davantage,
Au cours de c’te fête azurée,
D’avoir avant mon « mariage »
Toujours moisi dans la purée.)

(Les vieux carcans qui jamais s’ plaint
Doiv’nt comm’ ça n’avoir des rêv’ries
Ousqu’y caval’nt dans des prairies
Comme au temps qu’y z’étaient poulains.)

V’nait l’ soir, lampions, festin nouveau,
Pis soûlé d’un bonheur immense
Chacun y allait d’ sa romance,
On gueulait comm’ des p’tits z’oiseaux !

Enfin s’am’nait l’heur’ la pus tendre
Après l’enlèv’ment en carriole,
La minute ousque l’ pus mariolle
Doit pas toujours savoir s’y prendre !

Dans eun’ carrée sourde et fleurie,
Dans l’ silence et la tapiss’rie,
Près d’un beau plumard à dentelles
Engageant à la... bagatelle,

J’ prenais « ma femme ! » et j’ la serrais
Pour l’ Enfin Seuls obligatoire
Comm’ dans l’ chromo excitatoire
Où deux poireaux se guign’nt de près...

Près ! ah ! si près d’ ma p’tit’ borgeoise
Que j’ crois que j’ flaire encor l’odeur
De giroflée ou de framboise
Qu’étaient les bouffées d’ sa pudeur.

J’y jasais : « Bonsoir ma Pensée,
Mon lilas tremblant, mon lilas !
Ma petite Moman rosée,
Te voilà, enfin ! Te voilà !

« Comme j’ vas t’aimer tous les jours !
T’ es fraîch’.. t’ es mignonn’.. t’es jolie,
T’ as des joues comm’ des pomm’s d’api
Et des tétons en pomm’s d’amour.

« Quand j’étais seul, quand j’étais nu,
Crevant, crevé, sans feu ni lieu,
Loufoque, à cran, tafeur, pouilleux,
Où étais-tu ? Que faisais-tu ?

« Ah ! que d’ chagrins, que d’ jours mauvais
Sans carl’, sans bécots, sans asile,
Que d’ goujats cruels, d’imbéciles,
Si tu savais, si tu savais...

« Mais à présent tout ça est loin...
Voici mon Cœur qui chante et pleure,
Viens-t’en vite au dodo, ma Fleur !... »
(Vrai c’est pas trop tôt qu’ j’aye un coin.)
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Impressions de promenade

Quand j’ pass’ triste et noir, gn’a d’ quoi rire.
Faut voir rentrer les boutiquiers
Les yeux durs, la gueule en tir’lire,
Dans leurs comptoirs comm’ des banquiers.

J’ les r’luque : et c’est irrésistible,
Y s’ caval’nt, y z’ont peur de moi,
Peur que j’ leur chopp’ leurs comestibles,
Peur pour leurs femm’s, pour je n’ sais quoi.

Leur conscienc’ dit : « Tu t’ soign’s les tripes,
« Tu t’ les bourr’s à t’en étouffer.
« Ben, n’en v’là un qu’a pas bouffé ! »
Alors, dame ! euss y m’ prenn’nt en grippe !

Gn’a pas ! mon spectr’ les embarrasse,
Ça leur z’y donn’ comm’ des remords :
Des fois, j’ plaqu’ ma fiole à leurs glaces,
Et y d’viennent livid’s comm’ des morts !

Du coup, malgré leur chair de poule,
Y s’ jett’nt su’ la porte en hurlant :
Faut voir comme y z’ameut’nt la foule
Pendant qu’ Bibi y fout son camp !

« — Avez-vous vu ce misérable,
« Cet individu équivoque ?
« Ce pouilleux, ce voleur en loques
« Qui nous r’gardait croûter à table ?

« Ma parole ! on n’est pus chez soi,
« On n’ peut pus digérer tranquilles...
« Nous payons l’impôt, gn’a des lois !
« Qu’est-c’ qu’y font donc, les sergents d’ ville ? »

J’ suis loin, que j’ les entends encor :
L’ vent d’hiver m’apport’ leurs cris aigres.
Y piaill’nt, comme à Noël des porcs,
Comm’ des chiens gras su’ un chien maigre !

Pendant c’ temps, moi, j’ file en silence,
Car j’aim’ pas la publicité ;
Oh ! j’ connais leur état d’ santé,
Y m’ f’raient foutre au clou... par prudence !

Comm’ ça, au moins, j’ai l’ bénéfice
De m’ répéter en liberté
Deux mots lus su’ les édifices :
« Égalité ! Fraternité ! »

Souvent, j’ai pas d’aut’ nourriture :
(C’est l’ pain d’ l’esprit, dis’nt les gourmets.)
Bah ! l’Homme est un muff’ par nature,
Et la Natur’ chang’ra jamais.

Car, gn’a des prophèt’s, des penseurs
Qui z’ont cherché à changer l’Homme.
Ben quoi donc qu’y z’ont fait, en somme,
De c’ kilog d’ fer qu’y nomm’nt son Cœur ?

Rien de rien... même en tapant d’ssus
Ou en l’ prenant par la tendresse
Comm’ l’a fait Not’ Seigneur Jésus,
Qui s’a vraiment trompé d’adresse :

Aussi, quand on a lu l’histoire
D’ ceuss’ qu’a voulu améliorer
L’ genre humain..., on les trait’ de poires ;
On vourait ben les exécrer :

On réfléchit, on a envie
D’ beugler tout seul « Miserere »,
Pis on s’ dit : Ben quoi, c’est la Vie !
Gn’a rien à fair’, gn’a qu’à pleurer.

Pages 33 à 35.
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Les petites baraques

« M’man ? Laiss’-moi voir les p’tit’s baraques
dis,... arrêt’ toi M’man,... me tir’ pas !
Tu m’ sahut’s, tu m’ fais mal au bras...
Aïe, M’man ! Tu fous toujours des claques !

Ben vrai, c’ qu’y a du populo !
M’man ? y rigol’nt comm’ des baleines....
Quoi c’est qu’y leur jacqu’t’ el’ cam’lot ?
Pheu !... c’ que ça pue l’acétylène !

M’man, les « bolhommes » ! M’man, les « pépées »,
les « ciens d’ fer », les flingu’s, les « misiques »,
les sabr’s, les vélos « mécaliques » !
oh ! Moman, c’ que j’ suis égniaulé !

C’ qu’y coût’ cher « l’ ceval » du milieu ?
Ç’ui-là qu’ est pus grand qu’eune enseigne ?
J’ vourais l’avoir, moi, nom de guieu !
Aïe, M’man ! Tu fous toujours la beigne !

Quiens,... ton baluchon qui s’ défait !
Y te l’ont r’fusé chez ma « Tante » ?
C’est p’t-êt’ pour ça qu’ t’es pas contente ?
Oh ! va donc, Moman, qué qu’ ça fait !

N’ t’occup’ pas si tu n’as pas d’ sous,
c’est pas pour m’ach’ter que j’ t’arrête ;
mais rien que d’ z’yeuter les joujoux,
moi ça m’ fait du bien aux mirettes.

Si l’ dâb rentr’ pas mûr et sans l’ rond,
quiens, tu m’ paieras eun’ tite échelle,
eune orange ou deux sous d’ marrons ;
va M’man, ça f’ra la rue Michel !

Oh ! là là, c’ que j’ suis fatigué !
On l’est pas h’encore à Saint-Ouen ?
Pus qu’on trotaill’, pir’ que c’est loin,
Oh ! Moman, c’ que j’ suis fatigué !

La neige entr’ dans mes godillots ;
ça fait du tort à mes z’eng’lures ;
j’ai beau êt’ un gas à la dure,
j’ai comme un lingu’ dans les boïaux !

Tu sais, l’ sal’ môm’ de l’épicier ?
Y fait son crâneur, son borgeois ;
l’aut’ nuit, l’a eu dans ses souïers
eun’ tit’ balance et des vrais poids...

n’avec eun’ bell’ petit’ bagnole,
eun’ boît’ de troufions, un guignol ;
c’est « l’ Pèr’ Noël », à c’ qu’y paraît ;
pour voir, dis Moman, c’est-y vrai ?

— « Vous, qu’y nous a d’mandé, les crapauds,
’spliquez-moi c’ que vous avez eu
de la part du « Petit Jésus » ?
— « Nous, qu’on y a balancé, la peau ! »

Alorss, t’ sais pas c’ qu’y nous a dit,
M’man ? Y nous a app’lés « plein-d’-poux » ;
— « Le Pèr’ Noël, c’est sûr, pardi,
va pas chez des purées comm’ vous ! »

Vingt dieux ! Du coup, moi, mes frangines,
tous dessus on y a cavalé :
ah ! qu’est-c’ qu’on y a mis comm’ volée !
Dame aussi ! Porquoi qu’y nous chine !

Pis... on y a cassé ses affaires ;
pis après, on s’a fait la paire ;
ben, tu sais pas c’ qu’y nous a dit ?
— « Tas d’ salauds, j’ vas l’ dire à mon père
et j’ vous f’rai couper vot’ crédit ! »

Oh ! là, là, Moman ! Quoi qu’y t’ prend ?
Marée ! C’est lui la « mauvais’ graine » !
Aïe ! Oh ! Soupé ! Merd’ c’ que j’étrenne !
Sûr, on voit ben qu’ c’est l’ Jour de l’An !

Extrait du recueil : Le coeur populaire.
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Ah ! nom de Dieu, v'là qu'tout r'commence,
L'Amour, y "gonfle tous les coeurs",
D'après l'chi-chi des chroniqueurs,
Quand c'est qu'y m'gonflera... la panse ?

Quand c'est qu'y m'foutra eun' pelure,
Eun' liquette, un tub', des sorlots.
Si qu'a fait peau neuv' la Nature,
Moi, j'suis cor' mis comme un salaud !

[...]

Ah ! ben il est frais l'mois d'Avril,
Le v'là l'temps des métamorphoses !
Moi, j'chang' pas d'peau comm' les reptiles,
J'suis tous les Printemps la mêm' chose.

N'empêch' ! Je m'sens des goûts d' richesse,
J'suis comm' ça moi, né élégant,
J'am'rais ben, moi, fair' mon Sagan
Et mon étroit' chez des duchesses !

Et m' les baigner dans des étoffes,
Car pour moi, quand l' turquois est gai,
La pir' de tout's les catastrophes
C'est d'êt' mochard et mal fringué.

p116-117 in Soliloque du pauvre ; Printemps ; I la journée ; IV
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A moins qu'ça n' soy' moi qui n'écope
Y aurait des chanc's pour qu' d'eun' mandale
Un d'euss' m'envoy' râper les dalles
De la plac' Pigalle au Procope.

Car euss' n'ont pas dîné... d'mépris
Ni déjeuné d'un paradoxe.
Tous ces muff's-là, c'est ben nourri,
ça fait du sport... ça fait dl'a boxe.

p46 in Soliloque du pauvre ; Songe-Mensonge Espoir Déception ; Songe-Mensonge IV
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Vidéo de Jehan Rictus
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