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Philippe Gerval (Traducteur)
EAN : 9782859407544
336 pages
Phébus (04/09/2001)
3.74/5   159 notes
Résumé :
Sous la pluie battante d’une existence dévastée et brisée, Grace Quinn décide, après des années d’épreuves, de reprendre le contrôle de sa vie. Elle écrase son mari, un pochard brutal et alcoolique, condamne les volets de sa ferme irlandaise et part à la découverte d’elle-même. Mue par le souvenir d’un bonheur fugace et l’espoir d’une seconde chance, c’est vers son fils Martin, parti refaire sa vie à Dublin, qu’elle se tourne. Mais dans cet exil illusoire, Grace est... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 159 notes
Pour commencer cette histoire, rien ne vaut un bulletin météorologique. de la première à la dernière page, il pleut. de temps en temps, la grisaille s'échappe pour faire apparaître quelques minces rayons de soleil ; mais la pluie revient aussi vite, magnifiant les collines irlandaises d'un vert flamboyant et éclatant. Rien que d'imaginer ce paysage, et de sentir cette terre mouillée, cette lourde tourbe, l'envie me prend de me verser un bon verre d'un single malt du coin. Il y a des lectures comme ça qui systématiquement me donne soif…

Un roman qui peint l'Irlande contemporaine, qui affiche ses valeurs.

Un roman qui donne l'envie de prendre le ferry, de respirer les embruns avant de s'assoir dans un pub ou de découvrir les distilleries locales.

Un roman tragique qui n'offre aucun répit au lecteur, qui offre une vision traumatisée dans la vie dans cette lointaine contrée, « l'Irlande profonde ».

Un roman qui raconte l'histoire d'une femme bafouée et solitaire au milieu d'un climat de haine et de revanche. Elle provoque son changement, décide de prendre ses responsabilités et assume ses actes. Assume-t-elle, d'ailleurs ? Ou n'a-t-elle pas simplement conscience de ceux-ci. C'est tout l'ambiguïté de ce livre. La dualité que le lecteur peut avoir en lisant ce roman. Doit-il prendre parti pour cette femme ? Est-ce à la justice de terminer les faits de ce roman ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Ce prix Femina 2001 du roman étranger est un livre splendide toute en "nuance intelligence et de surprises », comme le dit son compatriote Collun Mac Nan au verso du livre.
Dans le décor d'une Irlande grise et pluvieuse, ce roman raconte l'histoire de Grace Quinn, une femme qui, ne supportant plus son mari alcoolique et de plus en plus violent, l'écrase avec sa voiture à l'endroit où lui-même, un soir de beuverie, avait tué une jeune fille. Grace pense ainsi mettre fin à une existence faite de peur, de silence, de solitude dans laquelle seul l'amour qu'elle voue à son fils Martin, chassé par son père quand il lui a avoué son homosexualité, met un peu de douceur. Elle camoufle les traces de « l'accident » sur la voiture et dès la fin de l'enterrement, elle abandonne la ferme et part habiter chez son fils Martin à Dublin. Mais Grace ne peut oublier ce qu'elle a fait et éprouve le besoin d'avouer son crime, tout en redoutant les conséquences... « Je l'ai fait parce que je voulais me libérer de lui, et maintenant je suis liée à lui plus indissolublement que je ne l'avais jamais été. » (p. 326) le roman se passe en 1992 et en arrière-plan de l'histoire de Grace, apparaît celle - véridique, précise l'auteur dans une postface - d'une jeune fille de quatorze ans, enceinte à la suite d'un viol, et à qui la justice refuse de quitter l'Irlande pour se faire avorter.
Keith Ridway reprend en effet une affaire qui a secoué l'Irlande au début des années 90 : l'affaire X. X, jeune fille de 14 ans, a été violée et est enceinte. La Constitution lui interdit de quitter le pays pour se faire avorter!
Keith Ridgway met ainsi en scène des thèmes tabous dans la société irlandaise des années 90 : avortement, homosexualité, femmes battues.
C'est un très beau portrait de femme, une femme touchante, compréhensive, restant toujours digne.
L'auteur parvient à nous faire ressentir toute la complexité des relations entre Grace et Martin.
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Grace a tué ce mari alcoolique qui la battait comme plâtre. Elle l'a écrasé sur une petite route de campagne, par une nuit glaciale et étoilée, alors qu'il rentrait à pied à la maison. Des années auparavant, Grace a perdu son fils Sean, noyé dans un cours d'eau pendant qu'elle étendait le linge à quelques mètres de lui. Il n'était qu'un enfant. Grace a aussi vu partir pour Dublin son autre fils, Martin, le jour où il a annoncé à ses parents son homosexualité et où son père l'a dérouillé.


Après l'enterrement de son « cher époux » et alors que la police mène l'enquête pour retrouver le meurtrier, elle s'installe dans l'appartement de Martin. Mais le jour où elle avoue son forfait à un journaliste, elle brise définitivement le lien ténu qui la reliait encore à lui. Car en apprenant la vérité, le fils décide de la dénoncer aux autorités…


Un premier roman d'une force et d'une sobriété incroyables. Aucune flamboyance dans ces pages, aucun pathos. Juste le portrait d'une femme en chute libre, d'une femme née victime, rongée par la culpabilité : « Je l'ai fait parce que je voulais me libérer de lui, et maintenant je suis liée à lui plus indissolublement que je ne l'avais jamais été. […] Je voulais le cracher, je l'ai avalé. Je n'aurais pas dû le faire ». « Elle avait tué. Elle avait fait cela, elle avait accroché ce mot autour de son cou et il l'entraînait inexorablement vers le bas ». Et puis j'ai adoré l'atmosphère de Dublin recouverte en permanence d'un capuchon gris, de cette ville sous la pluie et le vent, de ses rues sombres et froides où les manteaux ne sèchent jamais tout à fait.


Le titre anglais (The Long Falling) est bien plus parlant je trouve. Il dit la solitude, la révolte, la résignation. Il dit la misère du coeur et la défaite qui s'annonce, inéluctable. Mauvaise pente est un roman du désastre, terrible et lancinant, qui vous marque au fer rouge. En filigrane, Keith Ridgway, à travers un fait divers véridique lié au droit à l'avortement qui avait défrayé la chronique en 1992, propose la radiographie sans concession d'un peuple irlandais en proie à ses démons, incapable de briser les chaînes le reliant aux siècles passés. C'est tout simplement brillant.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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L'Irlande...Ses paysages magnifiques, sa population accueillante...
Vous qui y projetez un déplacement touristique, passez votre chemin ! Car ce livre dépeint l'île sous un jour particulièrement maussade. Il y pleut à chaque page et les paysages décrits le sont avec une morosité collante qui plombe tout désir de découverte.
En outre, les personnages sont presque tous des arriérés rustiques, animés par un conservatisme buté et qui passent leur temps à boire ou prier Dieu.
L'intérêt de l'ouvrage est ailleurs, dans l'analyse des rapports qui relient les quatre protagonistes principaux. L'épouse, d'abord, une femme battue qui finit par tuer son mari en lui roulant dessus. le fils ensuite, chassé du foyer par le même mari lorsqu'il eut dévoilé son homosexualité et qui vit désormais à Dublin au sein de la communauté gay. Il faut y ajouter un journaliste, ami du fils, qui, ayant compris la situation, est tenaillé entre sa conscience et l'envie de faire son métier. On termine par un policier très empathique, pas non plus pressé au vu des circonstances, de mettre l'épouse meurtrière sous les verrous.
On se demande qui, du policier ou du journaliste va finalement entraîner la chute de l'épouse, mais en définitive, c'est le fils qui dénoncera sa mère, par veulerie et aussi par conformisme, comme si l'irlandais était à tout jamais incapable de s'extraire de sa gangue sociale.On devine cependant que l'arrestation de la mère est un prélude à une contestation forte contre une société patriarcale de plus en plus vilipendée et qu'elle ouvre un nouveau chapitre plus qu'elle ne le referme.

Sinon, ne vous y trompez pas, l'Irlande c'est très beau. Vraiment...
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Grace est une femme seule, terriblement seule depuis le décès de son petit garçon et le départ de son autre fils. Elle subit en silence la violence de son mari qui la tient pour responsable et n'a ni famille ni amis auprès de qui trouver du réconfort . Dans le petit village perdu au fin fond du Monaghan où elle habite, son couple est frappé d'ostracisme depuis son arrivée. Dans cette campagne irlandaise ceux qui viennent d'Angleterre sont considérés comme des étrangers, voire des ennemis Que son époux ait tué accidentellement une jeune fille n'a pas arrangé pas la situation.
Après trente deux ans de mariage, lasse de subir les humiliations et les coups de son époux, elle décide subitement de s'en débarrasser. Elle passe à l'acte sans être inquiétée et aussitôt l'ivrogne mis en terre part rejoindre Martin, son fils installé à Dublin. Elle espère se rapprocher de lui mais ses attentes resteront vaines. Mère et fils sont dans l'incommunication totale.
Lui ne supporte pas l'intrusion maternelle dans sa sphère privée. Il a l'impression qu'elle le tire en arrière, le ramène vers un passé qu'il veut oublier et la fuit. «Il pensait qu'elle pouvait le tuer si elle le voulait. Lui rappeler d'où il venait. Délacer sa vie et s'en débarrasser d'une secousse, comme on fait d'un soulier. L'anéantir.» Elle, s' ennuie et ne sait pas quoi faire. Elle erre dans la ville froide et pluvieuse et laisse les souvenirs affluer.Seul le pub offre chaleur et réconfort mais elle y est poursuivie par un inspecteur de police et un journaliste trop curieux . Quand elle croit voir et entendre le fantôme du défunt Grace sent sa raison vaciller...Cette femme très secrète se retrouve cernée par les soupçons des autres et sa propre culpabilité. Va-t-elle être démasquée sans pouvoir jouir de sa toute nouvelle liberté ?
Un climat d'angoisse s'installe et on retient son souffle... Ce roman n'est pas un thriller mais il y règne une atmosphère glauque et oppressante digne d'un roman noir qui étreint le coeur du lecteur. La violence des sentiments plane, elle n'est que suggérée car rien n'est dit ouvertement. Elle ne s'exprime que par la bouche des clochards croisés dans la rue qui crachent leur haine sans retenue, contrastant fortement avec l'impossibilité qu'ont la mère et le fils à s''exprimer.
Grace et Martin sont des personnages complexes, à la fois attachants et repoussants, souffrant tous les deux de la même douleur mais ne pouvant pas se retrouver dans un lien affectif rompu depuis trop longtemps.
J'ai trouvé ce roman passionnant et magnifiquement bien écrit.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Grace était étendue sur le lit et regardait par la fenêtre, cherchant à voir apparaître des oiseaux, un avion, n'importe quoi qui tranche sur tout ce gris. Il tombait une petite pluie fine dont les gouttes rebondissaient sans bruit contre la vitre comme des égratignures, de minuscules éraflures sans couleur. Elle avait beau tendre l'oreille, elle n'entendait rien, comme si elle était murée dans un silence qui eût émané d'elle, comme si c'était elle qui avait donné forme à ce monde gris, l'avait inventé et façonné. Elle regardait, elle écoutait, et elle avait l'impression qu'on attendait d'elle un signe, comme s'il lui appartenait de transformer ce ciel incolore, de le renouveler, de le disperser. Sean n'était plus là. Martin avait rompu les liens. Et elle sentait que toutes ces choses, ces séparations, étaient survenues parce qu'elle avait laissé ce silence gris s'installer sur elle, qu'elle avait tout fait pour le retenir, parce qu'elle le respirait, qu'elle l'avait accueilli en elle et ne connaissait rien d'autre.
Elle lança un bras vers les nuages, le laissa retomber, lentement, le long de son corps. Rien. Elle ferma les yeux. Derrière il y avait des couleurs. Des rouges intenses. Les veines d'autres existences.
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Ensemble ils avaient arpenté la terre détrempée, ils avaient peiné sur la bruyère et les taillis près du lac. Ils avaient parlé, et parlé encore. De quoi, il ne savait plus. Il ne se rappelait que le chemin. Leurs pas, ses pieds qui se posaient l'un après l'autre pour le porter sur un sol toujours neuf, au bord de l'eau, dans l'herbe haute ou sur l'herbe rase, jusqu'au sommet d'une colline. Il se rappelait l'impression que lui procurait la distance parcourue, la sensation sécurisante de se savoir éloigné de tout être humain, excepté sa mère. Comme s'ils étaient des fuyards. Comme s'ils tiraient l'horizon à eux jusqu'à le tenir un instant à portée de main.
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Je n'aurais pas dû le faire. Je l'ai fait parce que je voulais me libérer de lui, et maintenant je suis liée à lui plus indissolublement que je ne l'avais été. Par des signes, par des symboles et d'aures manières que je ne comprends pas. Je voulais le cracher, et je l'ai avalé. Je n'aurais pas dû le faire.
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Je voulais vous dire... fit-il doucement, je suis vraiment désolé pour votre mari.
Grace lui lança un regard vide, incapable sur le moment de comprendre de quoi il parlait, sidérée par le masque de compassion douloureuse qui s'était peint sur son visage. C'était ridicule. Elle laissa échapper un brusque éclat de rire, qu'elle étouffa vivement en portant une main à sa bouche. Mais c'était trop tard : elle se sentit rougir, les épaules secouées de tremblements. Elle ôta sa main et laissa libre cours à son hilarité, aussi incapable de se retenir que si elle avait été en proie à une quinte de toux.
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Grace entendait ses pieds résonner sur le trottoir, mais de fatigue elle n'avait plus même conscience de marcher. Elle avançait sans trop savoir quelle direction prendre, mais elle ne s'en souciait pas. Un grand blanc lui barrait l'esprit : on aurait dit que, là où se concentrent d'ordinaire les images, tout avait été débarrassé et mis dans un coin, devenant aussi flou, aussi étrange que des objets poussés sur le bord pour dégager une piste de danse.
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Videos de Keith Ridgway (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Keith Ridgway
Mauvaise pente de Keith Ridgway aux éditions 10-18
Sous la pluie battante d'une existence dévastée et brisée, Grace Quinn décide, après des années d'épreuves, de reprendre le contrôle de sa vie. Elle écrase son mari, un pochard brutal et alcoolique, condamne les volets de sa ferme irlandaise et part à la découverte d'elle-même. Mue par le souvenir d'un bonheur fugace et l'espoir d'une seconde chance, c'est vers son fils Martin, parti refaire sa vie à Dublin, qu'elle se tourne. Mais dans cet exil illusoire, Grace est encore de trop. Déchirée entre l'aveu et la solitude, elle apprendra que dire, c'est déjà commencer à revivre... Prix Femina 2001, Mauvaise pente est le magnifique portrait d'une femme en quête d'elle-même, le récit d'une chute libératrice.
http://www.lagriffenoire.com/11978-poche-mauvaise-pente.html
Vous pouvez commander Mauvaise pente sur le site de la librairie en ligne www.lagrifffenoire.com
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