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Georges Jeanty (Illustrateur)
EAN : 9781401273545
208 pages
Vertigo (13/07/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
Academy Award-winning author John Ridley (12 Years a Slave, Three Kings) presents an alternative U.S. history with the Civil Defense Corps, a team of superheroes, and their handlers, the FDAA (Federal Disaster Assistance Administration). The FDAA stages showdowns between "superheroes" and "super-villains," who in reality are little more than super-powered actors that front for the public. What will the manufactured "superheroes" do when real danger arrives at the do... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il contient les 8 épisodes, initialement parus en 2006, écrits par John Ridley IV, dessinés par Georges Jeanty, encrés par Karl Story (épisodes 1, 2, 4 à 8) et Ray Snyder (épisodes 2 à 6 et 8), et mis en couleurs par Randy Mayor (épisode 1) puis par Wildstorm FX. Cette histoire a bénéficié d'une deuxième saison American Way: Those Above and Below (2017) également réalisée par John Ridley IV & Georges Jeanty.

En 1961, une jeune femme est en train de dérouler l'argument de vente pour un nouveau modèle de voiture, sur une estrade, dans une exposition commerciale. Dans le public, Wesley Catham écoute avec attention le discours, car c'est lui qui l'a écrit, en tant que responsable marketing, et il est assez satisfait de son travail. À ses côtés, son épouse Kate Catham lui dit son admiration pour ce texte. Dans le même temps, Wesley Catham pense à la nécessité de faire appel aux émotions des gens pour leur fourguer des produits, mais il pense en même temps que la foi a des limites et ne repose parfois sur rien. Il se produit des explosions à l'extérieur, et des débris de maçonnerie tombent dans la salle à travers le toit. Fort heureusement, le speaker Hunt Calloway annonce à la radio que le groupe de superhéros Civil Defense Corps (CDC) vient d'arriver sur place pour combattre ce qui semble être un monstre extraterrestre avec des tentacules. Ses membres sont Freya, Pharos, The Wanderer, Amber Waves, East Coast Intellectual. Dans le même temps, le reste des superhéros (Mighty Delta, Ole Miss, Southern Cross, Muscle Shoals) intervient à Atlanta où se sont manifestés les mêmes extraterrestres belliqueux. Alors que l'issue de la bataille semble encore incertaine, Pharos étant tombé à terre, Old Glory apparaît et l'espoir change de camp.

Après la bataille, Pharos dépose la journaliste Tannis Darling sur la terrasse de son appartement, et s'en repart dans le ciel. Quelques jours après, le patron de Wesley Catham lui explique qu'il ne peut plus se payer ses services et qu'il est obligé de le licencier. Il est ensuite contacté par Robert Kennedy qui lui propose de venir le rencontrer à Washington. Après avoir passé un certain temps à papoter, il l'invite dans un bureau au calme et lui fait lire un dossier confidentiel. Wesley Catham découvre la vérité sur les superhéros, le CDC et leurs ennemis : tout est fabriqué par le gouvernement, des expériences génétiques sur des volontaires humains, et de la technologie de pointe pas encore rendue publique. le président des États-Unis souhaite qu'il intègre la FDAA (Federal Disaster Assistance Agency), l'agence qui gère les superhéros et leur propagande. le soir même, il rentre à son hôtel où l'attend sa femme enceinte. le lendemain, il donne une réponse positive. le surlendemain, il est à pied d'oeuvre dans les bureaux de la FDAA et rencontre le responsable : Chet Sloan. Il a ensuite son premier contact direct avec les superhéros du CDC. Parmi ses premières missions, il doit gérer l'histoire autour de l'intégration d'un nouveau superhéros : Jason Fisher (New American), un afro-américain.

En 2006, John Ridley est déjà un réalisateur de film reconnu ; depuis il a écrit le scénario de 12 years a slave (2013). C'est donc tout naturellement que l'éditeur DC Comics a assuré une large promotion à cette histoire. le lecteur découvre donc des superhéros, fabriqués par le gouvernement américain, pour être sûr que l'URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) ne développe pas un supersoldat avec les États-Unis. L'histoire est racontée par un être humain normal, assurant la confection de l'emballage du produit pour le vendre au grand public. le principe est simple : ces superhéros représentent une forme de sauveurs du peuple. Pour que cette histoire fonctionne, il faut qu'ils puissent affronter des ennemis adaptés à leurs capacités. Bien évidemment, la FDAA éprouve les pires difficultés à maîtriser ces individus. D'une part, il ne s'agit pas de vrais combattants ; d'autre part ils restent des êtres humains, avec leurs propres envies, leurs propres convictions, et un ressenti plus ou moins positif du fait de participer à cette mise en scène. En outre, ils ne sont peut-être pas tous complètement humains. Bien sûr, les dérapages ne manquent de se produire, à commencer par la mort d'un des superhéros, et 2 supercriminels qui prennent la poudre d'escampette. Il va falloir limiter les dégâts et montrer tout ça sous un angle positif.

Dans un premier temps, le lecteur peut prendre un malin plaisir à découvrir un récit très acide sur le concept même de superhéros : non seulement ce ne sont que des constructions factices du gouvernement, mais en plus ils n'ont aucune utilité pratique, au point qu'il faille leur inventer des ennemis. En plus chacune de leurs interventions n'est qu'une mise en scène pour donner l'illusion d'une force de frappe prête à intervenir à tout moment pour protéger le mode de vie américain. le récit est raconté au premier degré, mais il ne faut pas beaucoup de recul pour se rendre compte de la ridiculisation en règle des conventions du récit de superhéros. Dans un deuxième temps, le lecteur apprécie d'être au coeur d'une machination de grande envergure, le scénariste maniant avec habileté les conventions de la théorie du complot. En outre Wesley Catham éprouve de plus en plus de difficultés à entretenir cette façade mensongère, se demandant si le jeu en vaut la chandelle, à la fois vis-à-vis du grand public qui finira bien par éprouver des doutes, à la fois pour ces individus dotés de superpouvoirs, pas tous dignes de respect, et certains professant des convictions allant à l'encontre de celles de Catham. Enfin, les exigences professionnelles d'un tel poste nuisent gravement à sa vie de famille.

Georges Jeanty est un dessinateur professionnel qui a par exemple illustré les saisons 8 et 9 de Buffy vampire slayer. Il dessine dans une veine réaliste, avec un petit degré de simplification, et sait utiliser les poses de superhéros à bon escient pour les personnages. le lecteur apprécie son investissement dans la représentation des décors : le hall d'exposition pour le nouveau modèle de voiture, les façades des bâtiments bordant les rues, le living room spacieux de l'appartement de Tannis Darling, les différentes salles des locaux de la FDAA, le pavillon plus modeste de Wanderer, la grange où s'est réfugié Hellbent, etc. Les cases montrent des endroits facilement identifiables, présentant des particularités qui les rendent spécifiques, ainsi que des accessoires et des ameublements cohérents avec l'époque à laquelle se déroule l'histoire. Comme il est de coutume dans les histoires de superhéros, Jeanty a tendance à simplifier les décors lors des affrontements physiques. le lecteur finit par remarquer que les superhéros ne font pas beaucoup de dégâts matériels sur les décors quand ils se battent malgré le niveau d'énergie libérée, ce qui est un peu troublant au vu de l'approche réaliste de la narration visuelle.

La récréation d'une époque par Georges Jeanty s'avère convaincante, que ce soit pour les tenues vestimentaires des civils, ou les habitudes comme celle de fumer partout y compris dans les lieux publics. le lecteur s'attache rapidement aux personnages, grâce à l'approche naturaliste de l'artiste, et aux expressions naturelles des visages. Il se rend compte que Jeanty tire avantage du flou que le scénariste a laissé sur la réalité des superpouvoirs, quand il a vaguement parlé de technologie avancée, mais aussi de plusieurs individus avec des capacités extraordinaires non expliquées. Cela permet à l'artiste de réaliser des costumes de superhéros près du corps selon la tradition, et de montrer des utilisations de superpouvoirs traditionnelles, sans trop avoir à se préoccuper de savoir si c'est plus ou moins réaliste pour de la technologie avancée mais pas trop. Il gère bien la distinction entre la vie de tous les jours et les actions des superhéros, le lecteur ressentant cette différence entre un monde normale, et les moments où les superhéros interviennent.

L'ambition de John Ridley ne s'arrête pas là. La dizaine de superhéros mise en scène ne dispose pas d'une personnalité bien définie pour chacun de ses membres. Néanmoins, il apparaît rapidement qu'ils sont bel et bien issus de la société américaine, et qu'ils en représentent différentes facettes, entre l'individu aux valeurs morales simples, le bigot des états du Sud, l'individu impliqué dans son développement personnel, l'afro-américain, l'intellectuel. Par moment, le scénariste simplifie de manière outrancière : l'habitant du Sud n'acceptant pas la vision de l'habitant de New York. À d'autres moments, il développe un thème de manière plus poussée. En particulier, les membres du CDC réagissent de manière très diverse à l'intégration d'un afro-américain parmi eux. Si le lecteur a déjà eu la curiosité de s'interroger sur la condition sociale des afro-américains dans ces années-là, ou s'il a eu l'occasion de voir des émissions de télévision datant de cette époque, il retrouve toute la vigueur conflictuelle de la condition de cette partie de la population. le récit dépasse alors le stade de la satire des superhéros et de la théorie du complot, pour une mise en lumière de ce qui s'est joué à cette époque. L'analyse est d'autant plus flagrante et convaincante qu'elle joue également contre les conventions habituelles des récits de superhéros où il ne saurait être question de racisme entre les membres d'une équipe (sauf peut-être contre les mutants).

En découvrant ce tome, avec cette couverture où des superhéros regardent vers un avenir pas forcément radieux, le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre. Il découvre une histoire racontée comme un vrai comics (ce qui n'est pas toujours le cas pour des scénaristes issus d'un autre média), avec une narration visuelle solide, ancrant le récit dans une réalité plausible. Dans un premier temps, il s'amuse de la moquerie sur les conventions inhérentes au récit de superhéros. Puis, il prend plaisir à passer du côté des comploteurs pour une manipulation de l'opinion publique de grande ampleur et très spectaculaire. Enfin, il découvre une radioscopie des tensions raciales à cette époque (début des années 1960), rendue d'autant plus parlante par la comparaison avec les histoires de superhéros traditionnelles.
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