Ecrivain danois, né en 1931, Jorn Riel a vécu seize ans au Groenland dans les années 1950-60 et fut notamment un ami de l'explorateur français Paul-Emile Victor.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lorsqu'il apercevait un moustique sur le dos de sa main, il lui semblait entendre la voix de Kajaka. "Même si nous sommes petits comparés aux baleines, nous somme quand même grands comparés aux moustiques. Mais tous, non sommes pareils. Un jour, un petit moustique s'envola dans le monde. Il était si petit qu'il croyait que les hommes ne pouvaient pas le voir. Et lorsqu'il eut faim, il s'abattit sur la main d'un garçon et commença à sucer son sang. Tandis qu'il suçait, il entendit quelqu'un dire : "Ah, quel horrible moustique ! Tue-le vite !"
"Alors le moustique put soudain parler de façon à se faire comprendre par le garçon. "Oh, dit-il, épargne ma vie, j'ai un petit-fils qui pleurerait tellement si je ne rentrais pas."
Et Kajaka avait souri en hochant la tête : "Imaginez, si petit et pourtant déjà grand-père."
Quand quelqu'un voyage, dit-il, il apprend beaucoup de choses sur lui-même. Si on va là où il n'y a que solitude, on apprend à vivre sans plainte. Car plus on pénètre dans la solitude en voyageant dans les beaux pays du monde, plus on devient petit. C'est ainsi que ton âme un jour aura la compréhension du tout, si tu lui laisses le droit de chercher.
Notre vie est composée d'une suite infinie de moments. Certains que nous vivons à peine, d'autres qui nous semblent incroyablement longs. D'où ils viennent et où ils vous mènent, personne ne le sait. (Soré)
Elle cousit également dans le vêtement de peau du garçon les pieds d'un faucon, afin qu'il soit parmi les meilleurs chasseurs comme le faucon l'est parmi les oiseaux, un peu d'excréments de renard pour l'intelligence et un pied de corbeau qui le rendrait frugal.
Souvent les souvenirs étaient pleins de saveur et venaient à vous sans que vous ayez le moindre effort à faire.
Jørn Riel est né au Danemark en 1931.
Parti avec lexpédition de Lauge Koch en 1950, il a vécu 16 ans au Groenland. Du fatras des glaces et des aurores boréales, il rapportera une bonne vingtaine douvrages, soit à peu près la moitié de son œuvre à ce jour.
Le versant arctique des écrits de Jørn Riel (dédié pour une part à Paul-Emile Victor quil a côtoyé sur lîle dElla, pour lautre à Nugarssunguaq, la petite-fille groenlandaise de Jørn Riel) est constitué dabord par la série des racontars arctiques, suite de fictions brèves ayant toujours pour héros ou anti-héros magnifiques les derniers trappeurs du nord-est du Groenland, paumés hâbleurs, écrivain de pacotille, tireur myope, philosophe de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux, bourrus bienveillants, tous amoureux de cet être cruellement absent de la banquise, la femme. Au-delà du rire, parce que les livres sont de nature à dérider les plus mélancoliques, cest bien toute une nouvelle vision du monde que nous offre Jørn Riel.
Il vit aujourdhui en Malaisie. Histoire de décongeler, se plaît-il à dire. Mais derrière la boutade se cache quelque chose de plus fondamental. «Jaime la nature, quand il y en a assez, les étendues de glace de larctique et la jungle tropicale.» Et cette nature, et les hommes qui la vivent encore, Jørn Riel va maintenant les retrouver, quelques mois chaque année, parmi les papous de lIrian Barat en Nouvelle Guinée. Qui vivent encore à lâge de pierre, et navaient jamais vu dhomme blanc avant lui
Transfo Maton
+ Lire la suite